Parcoursup : Petit manuel de formulation des vœux à l’usage des candidats à l’enseignement supérieur

Vous êtes en Terminale cette année, et vous allez devoir bientôt formuler vos vœux d’admission dans l’enseignement supérieur sur la plateforme Parcoursup. Ce petit manuel a pour vocation de vous donner quelques indications relatives à la bonne utilisation des informations que vous trouverez sur cette plateforme, de vous proposer une méthode de définition et de hiérarchisation des vœux, et de dissiper les principales incertitudes qui entourent généralement ces vœux et leur traitement.
Comment trouver les formations qui vous intéressent ?
Le site parcoursup.fr est un moteur de recherche des formations du supérieur qui vous permettra de faire une première sélection en fonction de vos préférences.
Par défaut, les formation sont triées par « Taux d’accès » : à 100%, tous les candidats sont admins ; à 50%, seul la moitié des candidats sont admis. Attention cependant, ce chiffre peut parfois être trompeur (nous y reviendrons).
Chaque formation dispose d’une fiche, et nous allons voir quelles informations vous seront utiles ou non.
Que considérer dans l’entête ?
- Intitulé de la formation : en plus de la discipline, vous y trouverez les mentions spéciales (à distance, aménagements particuliers). Par exemple, si vous ne faites sport ni musique de haut niveau, cette formation n’est pas pour vous.
- Pastille « formation sélective » : attention, cette indication peut être trompeuse. Des formation dites « sélective » admettent tous les candidats, alors que des formation dites « non-sélectives » en refusent. Il est conseillé de ne pas regarder cette information.
- Epreuves/Entretiens : cette information peut-être est cruciale. Si vous savez déjà que vous ne vous déplacerez pas pour ces épreuves dans une formation éloignée, il est inutile de candidater.
De telles épreuves peuvent aussi être de simples tests de motivation (pour voir qui va faire le déplacement) ou relever d’une pratique commerciale (pour faire croire que vous êtes parfaitement adapté au cursus). Vous n’aurez aucun moyen de le savoir par avance, sinon le bouche-à-oreille. - Chiffres clés : nous y reviendrons.
- Certification : les formations contrôlées par l’Etat apportent une garantie de moyens et de qualité, mais il vous sera difficile de savoir dans quelle mesure. Il est conseillé de rester prudent.
En outre, cette rubrique vous indiquera si une épreuve supplémentaire est prévue.
Que considérer dans la rubrique « Formation »
La première rubrique, « formation », présente des informations générales, avec souvent des liens plus utiles que le texte présenté sur la plateforme : n’hésitez pas à les suivre.
Certaines formation indiquent aussi les frais, dont certains peuvent être particulier, dans le privé comme dans le public. Les études peuvent coûter cher et représenter un investissement. Cependant, le marché des formations est très particulier : le coût n’y fait pas la valeur. En clair, ce n’est pas parce qu’une formation est plus chère qu’une autre qu’elle sera mieux pour autant. Les frais ne doivent donc pas être un critère d’adoption, mais un critère d’élimination si vos moyens ne suivent pas. Ne postulez pas à des formations dont vous ne souhaitez pas payer les frais demandés.
De plus, certaines formations demandent des frais de dossier pour pouvoir postuler. Il est recommandé d’avoir la plus grande prudence : cette pratique n’est globalement pas normale en France.
Faut-il considérer la rubrique « Connaissances et compétences attendues » ?
Les « attendus » sont des indications des prérequis nécessaires à la réussite dans une formation. Ils peuvent être intéressants pour voir s’ils vous parlent. Malheureusement, leur rédaction est parfois ambiguë, vous empêchant de savoir s’ils vous correspondent vraiment. Ils couvrent aussi souvent tous les champs possibles de façon générique, pouvant laisser l’impression que seuls les étudiants parfaits peuvent réussir : il faut être travailleur, curieux, autonome, structuré, réfléchi, mature, régulier, moteur en groupe, etc… Sauf que personne n’a toutes ces caractéristiques. Il est donc normal que vous non plus.
En clair, les « attendus » doivent être considérés comme une description de la formation, et non comme une façon de savoir si vous allez y réussir. Prenez-le avec recul.
Faut-il considérer la rubrique « Critère généraux d’examen des vœux » ?
La rubrique « Critère généraux d’examen des vœux » donne des indications vagues sur la façon dont les candidatures seront triées. De plus, les formations n’ont aucune obligation de déclarer la totalité des critères utilisés (elles peuvent par exemple utiliser le Lycée d’origine sans avoir à le dire).
La méthode exacte étant tenue secrète, et ne connaissant pas les dossiers des autres candidatures, ces informations vous seront de peu d’intérêt. Encore une fois, vous devez les considérez comme une description de la formation et non pour une évaluation de vos chances d’admission ou de réussite.
Faut-il considérer la rubrique « Informations complémentaires sur le processus d’examen des vœux » ?
Cette rubrique vous donne deux information : le taux minimum de boursier et le taux maximum de candidats résidant en dehors du secteur géographique. Cependant, si vous êtes boursier par exemple, vous pouvez parfaitement avoir plus de chance d’admission dans une formation ayant un taux de boursier de 5% que dans une formation ayant un taux de 20% : cela dépend seulement des autres candidatures. Ces informations vous sont donc parfaitement inutiles, et il est recommandé de les ignorer.
Faut-il considérer la rubrique « Débouchés »
Cette rubrique présente les possibilités de poursuite d’études et/ou débouchés professionnels de la formation. C’est à la fois une indication forte si vous avez déjà une profession en vue, et assez inutile si vous n’en avez pas encore une bonne idée.
En revanche, il est fortement déconseillé de considérer la partie « données nationales », dont les chiffres ne vous donneront aucune indication fiable : un taux de passage/réussite bas peut tout aussi bien indiquer des études difficiles qu’ennuyeuses ou encore l’absence de sélection à l’entrée ; un taux haut peut tout aussi bien indiquer un accompagnement pédagogique efficace que l’absence d’exigence pédagogique ou encore une sélection dure à l’entrée.
En outre, lorsque les données sont nationales, elles peuvent très fortement varier d’un établissement à l’autre. Les données sont donc non seulement inexploitables mais en plus parfois non fiables.
Que considérer dans la rubrique « Contact, coordonnées et chiffres clés » ?
La rubrique « Contact et coordonnées » pourra vous être utile si vous avez un profil très particulier, par exemple une reprise d’étude, ou une formation secondaire éloignée ou à l’étranger. Dans ces cas là, se présenter à la formation pour indiquer que votre candidature est réfléchie et solide peut être une bonne idée. Cependant, ne contactez pas abusivement la formation, cela pourrait être mal reçu et même diminuer vos chances d’admission.
La rubrique « Chiffres clés » vous indiquera le nombre de places et le nombre de candidats dans la formation l’an dernier. Ces informations peuvent varier d’une année à l’autre, notamment le nombre de candidats. Cependant, même sans variation, elle ne vous seront d’aucune utilité : vous n’avez aucune idée de comment vous serez classé, et selon votre dossier vos chances d’admission peuvent être 100% comme nulles, sans possibilité de prédiction.
Attention ! Les deux formulations « la formation a-t-elle accepté tous les candidats… » et « La formation a-t-elle fait une proposition d’admission à tous les candidats… » sont trompeuses : des formations sélectives indiquent « oui », malgré l’éviction de candidats. Il est recommandé de ne pas tenir compte de ces informations.
Concernant vos chances d’admission, mieux vaut se reporter à la page de recherche des formations. Cette dernière indique le Taux d’accès, qui lorsqu’il est à 100% indique que la formation n’est pas sélective, et que vous y serez probablement admis si vous candidatez.
Attention cependant à ne pas confondre avec les trois chiffres « Général | Techno | Pro », qui ne sont pas des taux d’accès, mais les proportions parmis les admis de l’an dernier. Globalement, ces trois chiffres ne vous serviront à rien, et mieux vaut les ignorer.
Enfin, la dernière rubrique propose un « Rapport public Parcoursup session 2020 », qui contient en réalité les informations présentées précédemment. Le lire ne vous apportera probablement rien.
Quelle stratégie de formulation des vœux ?
En premier lieu, il convient d’éliminer toute stratégie de choix des formations qui viserait à augmenter vos chances pour une candidature précise. Vos vœux ne seront pas connus des formations qui classeront vos candidatures. Vous pouvez donc les formuler de la façon la plus sincère possible sans désagrément.
Quels sont les catégories de vœux ?
On peut grossièrement classer les vœux en trois catégories :
- Les vœux de cœur : ce sont les formations que vous rêvez de faire, indépendamment de votre niveau ou de vos chances d’admission. Pour les sélectionner, il convient donc de ne considérer que votre envie et les contraintes matérielles (coût, facilité de logement et éloignement géographique), à l’exclusion de tous les autres critères de choix.
- Les vœux de raison : ce sont les formations que vous estimez pouvoir réussir et qui vous intéressent sans nécessairement vous faire rêver. Pour les sélectionner, il convient de vous baser sur vos résultats scolaires : ce sont les disciplines où vous êtes bons sans trop fournir d’effort.
- Les vœux de sécurité : ces sont les formations où vous êtes quasiment certains d’être pris, dans une discipline que vous exploreriez volontiers. Il s’agira généralement d’une Licence dans l’université la plus proche, sur un intitulé qui vous attire (ou ne vous rebute pas), après avoir vérifié qu’elle n’était pas « en tension » (généralement : STAPS et psycho, éventuellement Droit).
Veillez à avoir au moins un vœu dans chacune de ces catégories, quitte à piocher un peu au hasard si une catégorie ne vous inspire pas plus que ça.
Comment hiérarchiser ses vœux ?
La hiérarchisation des vœux n’est plus obligatoire. Cependant, sans hiérarchisation, vous resterez en permanence dans le doute. Or, il est facile de hiérarchiser les vœux par catégorie : d’abord les vœux de cœur, ensuite les vœux de raison, enfin les vœux de sécurité. Inutile de hiérarchiser vos différents vœux dans chaque catégorie pour l’instant, vous pouvez attendre les réponses des formations.
Faut-il utiliser le « répondeur automatique » ?
Oui. Le répondeur automatique a le double avantage de vous décharger d’un stress durant toute la procédure, et de limiter drastiquement le risque d’erreurs, que l’on constate en grand nombre dans toutes les campagnes Parcoursup.
De façon contre-intuitive, moins vous êtes sûr de votre choix, plus vous avez intérêt à utiliser le répondeur automatique : si vous changez d’avis tous les deux jours, vous n’atteindrez probablement pas une certitude à 100% par vous-même avant la fin de la procédure. C’est tout simplement que, pour vous comme pour la majorité des candidats, il n’y a pas de « meilleur » choix, et c’est tout à fait normal. Configurer le répondeur vous évitera juste de stresser inutilement en vous reposant de nombreuse fois la même question, sans réelle chance d’obtenir une réponse certaine.
Faut-il faire un surplus de vœux ?
A partir du moment où vous avez 1 ou 2 vœux de sécurité, il est inutile d’en faire plus. En conséquence, il est inutile de postuler à des formations dont vous savez pertinemment que vous ne voulez ou ne pouvez pas y aller. Cela concerne les « vœux multiples » pour les formations dites sélectives (prépa, DUT, BTS) : inutile de postuler dans toute la France si vous n’êtes pas réellement mobile géographiquement. Cela concerne aussi les vœux « au cas où », qu’on formule mais avec l’envie de les refuser.
Vous devez être conscient qu’à partir du moment où vous formulez un vœu, on pourra vous en imposer l’affectation sur le mode « à prendre ou à laisser (mais avec rien d’autre) » . En clair, vous risquez d’être considéré comme satisfait et sans possibilité de recours, mais avec une affectation trop loin de chez vous et sans possibilité de logement, ou dans une formation que vous n’avez vraiment pas envie de suivre, .
Pour aller plus loin…
Comment évaluer vos chances de réussite dans une formation ?
Vous n’avez strictement aucun moyen d’évaluer avec certitude vos chances de réussite. Les formations sélectives exigeantes n’arrivent jamais à un taux de 100% de réussite, ce qui prouve bien qu’on ne sait pas prédire la réussite des étudiants. De nombreux événements vont impacter vos études, qui n’ont a priori rien à voir avec vos études, et vous ne pouvez pas les connaitre à l’avance. Utiliser les nombreux indicateurs disponibles sur la plateforme Parcoursup à cette fin serait une grave erreur.
Cependant, un critère va lourdement peser : celui de devoir travailler pour financer vos études. Il s’agit là du premier critère d’échec dans les études. Pesez scrupuleusement votre motivation avant d’accepter une affectation qui vous obligerait à cumuler un emploi avec vos études.
Enfin, vous devez être conscient que par réussite/échec, on entend « obtenir/rater le diplôme ». Or, échouer à un diplôme peut vous apporter beaucoup (par exemple par la découverte d’une autre discipline), et l’obtenir peut vous faire perdre beaucoup (par exemple par vous retrouver dans une voie professionnelle qui vous ennuie).
Comment évaluer vos chances d’être admis à une formation ?
Hormis pour les formations qui indiquent que tous les candidats sont admis, vous n’avez strictement aucun moyen d’évaluer avec certitude vos chance d’admission. Une formation peut sembler bouchée et en réalité être très fluide (beaucoup de candidats qui renoncent) comme sembler ouverte mais être en réalité bouchée (très peu de candidats mais qui acceptent).
De plus, les critères de tri des candidatures sont tenus secrets, et vous ne connaîtrez pas les dossiers des autres candidats. En conséquence, tout pronostic de votre part serait illusoire. Utiliser les nombreux indicateurs disponibles sur la plateforme Parcoursup à cette fin serait une grave erreur.
Cependant, les journées portes ouvertes sont de très bonnes occasions de discuter de votre profil avec les équipes pédagogiques qui classeront les candidatures. C’est donc un moment privilégier pour obtenir quelques indications. De plus, l’expérience de vos enseignants et PsyEN pourra vous être utile. Ne considérez pas ces avis comme des certitudes, mais ne vous en privez pas non plus.
Est-ce que l’admission dans les formations dites « non-sélectives » est garantie ?
Non. Les formations dites « non-sélectives » classent les candidatures et les admissions sont limitées au nombre de places disponibles, exactement comme les formations dites « sélectives ».
Il y a néanmoins deux différences :
- si vous n’êtes pas suffisamment bien classé pour être admis, les formations dites « sélectives » peuvent vous répondre « non » tout de suite pour vous éviter d’attendre pour rien ;
- les formations dites « non-sélectives » peuvent vous imposer une mesure d’accompagnement « oui si », généralement selon votre filière d’origine. Cette mesure peut être une opportunité et/ou une contrainte, à vous d’en juger.
Est-ce que votre lycée d’origine va jouer dans vos chances d’admission ?
Vous n’avez aucune possibilité de le savoir : certaines formations « redressent » les notes en fonction du lycée d’origine, d’autres non, et elles n’ont aucune obligation de l’annoncer. En clair, votre lycée d’origine pourra jouer en votre faveur ou votre défaveur, mais vous ne pourrez jamais savoir dans quelles formations ni dans quelle mesure.
Il convient donc d’ignorer cet aspect, et de rester conscient que si vous perdez d’un côté, vous gagnez forcément de l’autre.
Faut-il utiliser la possibilité de discuter avec un « étudiant ambassadeur » ?
Des boites mails sont mises en place pour vous permettre de poser vos questions à des étudiants dans les formations que vous visez. Cependant, si certaines information obtenues ainsi seront très utiles, d’autres seront très trompeuses, ne serait-ce que par une forme inévitable d’incompréhension : vous ne connaissez pas votre interlocuteur, et il ne vous connait pas non plus. « J’ai des difficultés dans telle matière » n’aura pas du tout le même sens pour vous deux. Vous n’aurez donc aucun moyen d’évaluer la pertinence des informations ainsi obtenues.
Il convient donc, si vous utilisez cette possibilité, de prendre une distance critique avec les réponses qui vous seront apportées.
Enfin…
La plateforme Parcoursup est un formidable outil de recherche des formations du supérieur. Cependant, il ne remplacera jamais le bouche à oreille, les discussions avec le profs, CIO et les PsyEN et surtout les visites aux journées portes ouvertes. Les avis et conseils que vous recevrez de part et d’autres seront parfois contradictoires. C’est normal. Aucun n’a raison, aucun n’a tort : personne ne peut prédire votre avenir. A vous de vous débrouiller.
Lorsque c’est trop beau pour être vrai, c’est sans doute que ce n’est pas vrai. Les formations sont en concurrence pour recruter les meilleurs élèves ou pour remplir leurs places. Il peut donc arriver qu’elles embellissement la réalité. Une présentation sobre ne cherchant pas à vous séduire devrait retenir prioritairement votre attention.
Vos doutes ne se limiterons pas tous seuls (et ne seront jamais réduit à néant). Il est tout à fait normal de ne pas avoir de certitude sur son avenir, voire de n’avoir strictement aucune idée de ce que vous voulez faire. Plus vous vous intéresserez, moins vous resterez dans le doute, mais vous ne pourrez jamais rien prédire avec certitude pour autant.
Et le plus important : Vous n’êtes pas en train de jouer votre vie. Le système français est celui qui propose le plus de passerelles et de rebonds au monde. Engagez-vous dans une voie qui ne vous convient pas, et vous aurez de multiples occasions de vous réorienter.
C’est au cours de vos études que votre parcours se fera, pas sur quelques clics sur Parcoursup.