Les somnambules ?

L’enseignement supérieur français, et les universités en particulier, est entré depuis quelques années dans une phase de transformation accélérée. Qui s’en plaindrait, alors que le monde universitaire est resté marqué par des principes soit disant démocratiques, qui mènent à obérer l’avenir de très nombreux étudiants, repoussant avant tout leur entrée sur le marché… du chômage.

Pourtant, à l’instar de ce que décrivait Arthur Koestler dans son essai « Les somnambules » à propos de l’évolution de l’astronomie, force est de constater que les indications politiques données ces dernières années manquent pour le moins de cohérence. Et l’on a vraiment le sentiment que dès qu’un instrument est mis en place – en général dans la précipitation – le fait de se cogner contre un nouveau mur amène à concevoir un nouveau dispositif – une nouvelle direction – en attendant le choc suivant. Gageons que tout cela conduise, comme dans le cas de l’astronomie, à une amélioration réelle de l’ensemble.

L »exemple le plus évident est celui de l’organisation et de la gouvernance des établissements d’enseignement supérieur. La loi dite LRU de 2007 avait pour objectif de donner des moyens d’action et de pilotage aux Présidents d’université, avec comme conséquence une globalisation des dotations de l’Etat. C’est ainsi que depuis début 2009, les Etablissements d’enseignement supérieur acquièrent leur autonomie (passage aux RCE dans le jargon). En parallèle sont mis en place les PRES, pôles de recherche et d’enseignement supérieur, qui doivent permettre la mise en place de politiques de site. On crée pour l’occasion un nouveau type d’Etablissement public, l’EPCS, mais la question des compétences dévolues aux PRES et aux Etablissements qui les constituent demeure très vague. Au total la plus-value offerte par ces PRES n’est finalement pas évidente aux yeux du gouvernement. Le récent rapport sur les PRES de l’Inspection Générale (l’IGAENR) montre ainsi que ce modèle, à peine mis en place, est déjà insuffisant, et qu’il faut passer à une nouveau modèle, les PRES version 2.

C’est ici qu’intervient le Grand Emprunt, qui met en œuvre notamment la notion de Campus d’Excellence. Il s’agit en fait de faire émerger quelques campus sur le territoire, de visibilité mondiale. Ces derniers seront désignés à l’issue d’un appel d’offres à venir, mais leur forme organisationnelle ne devrait être ni celle d’une Université, ni d’un PRES version 1, ni d’un PRES version 2, mais plutôt celle d’un Grand Etablissement…

J’arrête là mais le lecteur aura compris que le système est entré en turbulence forte, et que les acteurs ne savent vraiment plus à quel sein se vouer. Sans oublier que le temps passé sur ces questions est autant de temps perdu pour les étudiants.

Espérons que les gouvernants ont une vision claire des objectifs. En tout cas, je ne sais si la pente est rude, mais d’évidence, la route n’est pas droite !

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Article du on dimanche, avril 11th, 2010 at 15:08 dans la rubrique défaut. Pour suivre les flux RSS de cet article : RSS 2.0 feed. Vous pouvez laisser un commentaire , ou un trackback sur votre propre site.

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