Comme je le rappelais dans un précédent post, l’une des caractéristiques importantes a trait à la capacité de l’ingénieur à aborder des problèmes – pas seulement de nature technique – marqués par leur complexité. De ce point de vue on peut également consulter le syllabus CDIO, mis en place à l’initiative du MIT, qui évoque la pensée systémique chère à Edgar Morin.
L’écart est grand, malheureusement immense la plupart du temps, entre cette vision généreuse et pourtant essentielle, et la réalité du terrain. On peut s’en convaincre de multiples façons. L’une d’entre elles est liée à l’échelle de valeurs utilisée souvent implicitement, quelquefois explicitement, par les élèves-ingénieurs eux-mêmes. Sur ce point, je recommande la lecture du forum organisé par prepas.org où est notamment abordé la question du choix d’une école. La vision développée par la plupart des contributeurs est fort éloignée de la complexité évoquée précédemment, mais est au contraire marquée par une linéarité forte, où l’école X est meilleure que l’école Y parce qu’elle recrute des taupins ayant en moyenne 1/4 de point de plus que l’autre.
Et le classement que les élèves-ingénieurs ont en tête (un X est meilleur qu’un Mines, qui est meilleur qu’un Ponts, qui…) met du temps, quelquefois beaucoup de temps, à s’estomper. J’y vois personnellement un des facteurs qui ne favorisent pas la performance de nos entreprises, à travers le syndrome de la carte de visite, qui reste prégnant dans le milieu professionnel.