En cette période de rentrée, on a beaucoup parlé de formation des maîtres à l’heure où des milliers de nouveaux professeurs des collèges et lycées arrivent dans les classes sans aucune formation pédagogique.
Bizarrement, l’absence de formation pédagogique des enseignants du supérieur ne semble plus choquer personne. Il est vrai que les Centres d’Initiation à l’Enseignement Supérieur, et la notion de monitorat, ont été mis en place par le gouvernement Rocard et forment environ 2500 moniteurs sur 3 ans, ce qui donne un flux annuel d’environ 830 doctorants formés. Mais mis à part cette – très légère – formation initiale non obligatoire, rien n’est fait dans ce domaine. Ceci alors que les populations accueillies par l’ensemble du système de l’enseignement supérieur ont singulièrement évolué.
On reviendra plus tard sur l’autre facette de cette question : l’intérêt que peuvent avoir les enseignants-chercheurs à s’investir dans des tâches pédagogiques. Mais là, le tableau est beaucoup plus sombre.
Cette absence de formation des enseignants du supérieur est une tradition bien française (qui était étendue il n’y a pas si longtemps aux enseignants des lycées, certifiés et agrégés, ceux-ci plus encore).
Mais dans d’autres pays ce n’est pas le cas (ou plus le cas).
Un exemple de programme de formation au Québec : http://www.programmes.uqam.ca/0680
Bonsoir,
je pense que ne citer que les CIES est un peu réducteur. Il existe un certain nombre de SUP (Services Universitaires de Pédagogie) à travers la France, comme par exemple l’URAFF à Brest, qui s’occupent d’organiser une formation professionnelle pédagogique à destination des Enseignants Chercheurs et de proposer dans un certain nombre de cas un conseil pédagogique. De plus, les universités se dotent de services d’ingénierie pédagogique et de ressources multimédia qui leur permettent d’avancer sur les ressources, qui est un point d’entrée possible pour parler de formation pédagogique.
C’est notablement insuffisant, mais c’est un peu plus que les CIES.
Dernier point, des colloques sont organisés pour échanger sur les pratiques pédagogiques, par exemple en juin prochain à Angers : http://www.colloque-pedagogie.org/workspaces/colloque_2011/presentation
où s’y retrouvent des enseignants et des chercheurs, issus de nombreux horizons, y compris du monde des ingénieurs.
Concernant ce qui se passe au Québec, je suis bien d’accord avec la remarque de Bernard Desclaux, que l’on peut d’ailleurs étendre dans le monde francophone à la Belgique et la Suisse.
A propos du réseau des Sup, ils ont le mérite d’exister… et je participe d’ailleurs à une tentative de mise en place d’un nouveau dans mon université.
Par contre, cela reste totalement marginal et la participation des enseignants à ces activités relève du bénévolat.
Dernier point, le colloque « questions de pédagogie » a été initié par des écoles d’ingénieurs ne relevant pas du Ministère de l’enseignement supérieur et d’universités étrangères francophones.
Mais tout cela pose la question de la valorisation des pratiques pédagogiques. Et les écoles françaises dont je parlais y travaillent (je pense en particulier à Télécom Bretagne, école que Jean-Marie Gilliot connaît bien ! ).
Bonjour,
Des services pédagogiques commencent à (re)voir le jour aussi bien dans les universités que dans les écoles.
La Conférence des Grandes Ecoles des Pays de la Loire a mis en place en 2007 un dispositif de formations à la pédagogie dans le supérieur et aux TICE : http://imedia.emn.fr/wp/?page_id=173
Et certaines des écoles membres ont créé leur service pédagogique ou une mission TICE :
– Centrale Nantes (Ministère de l’Enseignement supérieur): http://eat-tice.ec-nantes.fr/
– ESSCA (privée): création cette année d’une direction de la pédagogie et du soutien l’enseignement
– Mines Nantes (Ministère de l’Industrie) : http://cape.emn.fr
Les choses commencent donc à bouger doucement. Néanmoins, effectivement, peu d’enseignants participent aux formations pour de nombreuses raisons, la principale étant que l’enseignement n’est pas valorisé ni vraiment reconnu.
L’Ecole des Mines de Nantes a une politique volontariste sur la formation des enseignants. La cellule TICE, créée en 2002, a été remplacée en 2008 par le CAPE i.e. Centre d’Appui à la Pratique d’Enseignement (http://imedia.emn.fr/cape), dont la mission est de favoriser l’évolution des pratiques d’enseignement pour améliorer l’apprentissage. Une des priorités de cette structure est la formation et l’accompagnement des enseignants afin de les professionnaliser. Ces formations sont accessibles aux enseignants des Ecoles des Mines, des Télécoms, et des Pays de la Loire. Si la cellule TICE ne touchait qu’une petite poignée de pionniers sur les aspects pédagogiques, le CAPE touche 40% des enseignants par an sur ses formations et l’accompagnement. Ces
résultats confortent les choix de transformation de la cellule faits en 2008. Nous pensons que les cellules d’appui pédagogique répondant à un objectif de faire évoluer les pratiques pédagogiques répondent davantage aux besoins des enseignants que les cellules TICE qui sont perçues avant tout sous un angle technologique, et donc qui dissuadent de nombreux collègues.
Le CAPE examine les changements institutionnels à apporter pour éviter un essoufflement des enseignants. En particulier, une réflexion est lancée sur la valorisation et la reconnaissance des actes pédagogiques. Mines Nantes est attentive aux avancées dans ce domaine de l’Institut Télécom (Télécom Breatgne en particulier).
Il existe en France quelques autres structures qui vont dans le même sens (iCap à Lyon, Perform à Grenoble, …).
Je suis très heureux de voir toutes ces réactions, qui montrent à l’évidence qu’il se fait des choses. Et j’en connais un certain nombre d’ailleurs, dont ce qui se passe aux mines de Nantes qui est à la fois remarquable et particulier.
Mon propos concerne surtout les établissements dépendant du Ministère de l’Enseignement Supérieur, dont la formation des personnels enseignants est le plus souvent squelettique, pour ne pas dire absente.
Il n’est d’ailleurs pas étonnant que les interventions viennent de collègues issus d’écoles dépendant d’un autre ministère.
Sur ce point, je remarque que les statuts des enseignants des écoles des mines ont évolué dans un sens inquiétant, se rapprochant dangereusement du statut des universitaires, qui rendent l’investissement pédagogique de l’ordre du bénévolat.
Bonjour,
Comme l’a signalé Anne-Céline Grolleau, la Conférence des Grandes Ecoles des Pays de la Loire a déployé un dispositif de formation à la pédagogie qui est soutenu par un certain nombre d’établissements de la région. C’est ainsi le cas de l’École de Mines de Nantes et de son très dynamique CAPE, mais aussi d’établissements dépendant du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche telle que l’École Centrale de Nantes.
Cette dernière dispose d’une mission « Pédagogie » dont le rôle est de travailler à l’amélioration des processus pédagogiques. Entre 2006 et 2010, la mission « Pédagogie » a notamment concentré ses efforts sur la prise en compte, par les équipes pédagogiques, des résultats de sondages effectués sur chaque matière auprès des étudiants. L’École s’est également doté d’une mission T.I.C.E. spécifique, soutenue par la direction de l’établissement, et répondant à une demande des enseignants de pérenniser les démarches dans le domaine.
Si les T.I.C.E. n’englobent évidemment pas toute la diversité d’une réflexion pédagogique au sens large, elles accompagnent celle-ci. Et peuvent aller au-delà des pionniers sur les aspects pédagogiques, en témoigne par exemple les expériences que nous menons depuis deux ans, sur l’utilisation des technologies tactiles dans le processus d’enseignement. Un travail qui a touché des enseignants au profil très varié, tant dans leurs habitudes avec la technologie que dans leur domaine d’expertise (sciences dures, marketing, langues, communication). Mes collègues de l’École Centrale de Lyon (pour rester dans les établissements du même ministère) ont eux aussi une démarche qui s’inscrit dans la durée (voir https://eat.ec-lyon.fr/blog/?cat=9).
Le manque de reconnaissance des activités d’enseignement dans la carrière d’un enseignant-chercheur est sans doute le principal frein au développement de ces activités et d’une véritable formation « tout au long de la vie ». Il est à souhaiter que cela change progressivement.
Avant que les moniteurs ne soient « formés » par les CIES nous autres enseignants deja en poste nous déplorions de n’avoir eu aucune formation. Maintenant que ça existe, quand mes thésards me rapportent ce qu’ils y ont fait (en gros ce qui etait le plus caricatural dans les IUFM …)… je me dis que c’était peut être aussi bien ….