J’évoquais lors de mon dernier post le manque de formation des enseignants-chercheurs. Les nombreux commentaires ont montré que la situation s’améliore. Pourtant, et certains l’ont relevé, le frein principal à toutes ces actions vient du fait que la carrière des enseignants-chercheurs est avant tout gouvernée par la recherche.
L’enseignement que doit effectuer un enseignant-chercheur – on parle de charge d’enseignement… – est établi au niveau national (192h équivalent TD par an), mais la qualité de celui-ci n’est examinée d’aucune façon. Et nous connaissons tous des collègues qui prennent du coup cette activité très à la légère en justifiant cela par le fait qu’ils sont trop occupés par leur recherche.
D’ailleurs, les différentes sections du Comité National des Universités qui donnent l’autorisation à un enseignant-chercheur de candidater à un poste de Maître de Conférences ou de Professeur, se préoccupent avant tout de l’évaluation de la recherche effectuée par le candidat, les activités d’enseignement étant vues dans le meilleur des cas à travers des aspects quantitatifs ou de responsabilité.
Tout ceci implique par exemple qu’un enseignant-chercheur qui passe du temps à améliorer ses pratiques pédagogiques, notamment à travers la participation à certaines conférences ou formations quand elles existent, le fait au détriment de sa carrière. Car le temps passé ici ne l’est pas là.
Il est vrai que la qualité des enseignements et des enseignants est difficile à évaluer car on ne peut pas comme pour la recherche se cacher derrière des outils bibliométriques. Pour autant, il y a derrière tout cela des enjeux sociétaux très forts puisqu’il s’agit in fine de préparer les futures générations à prendre toute leur place dans la société.
Les établissements d’enseignement supérieur ne relevant pas du Minsitère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, pourraient montrer la voie.
que des enseignants bâclent leur enseignement… cela existe, oui, mais le système sarkozien agit dans ce sens : évaluateur et évalué par l’AERES, j’ai pu constater que la rapidité des évaluations encourage le bling-bling dans la recherche comme dans la pédagogie. Dans les pays où l’enseignement est évalué, est-il pour autant de meilleure qualité ? Les échos que j’ai de nouvelle-zélande ou d’australie ne sont guère flatteur, dans l’option où les étudiants sont les évaluateurs… ce qui est matériellement le plus facile pour le management.
Même si les dispositifs d’évaluation des enseignements (et non des enseignants) sont variés, ils existent, surtout au niveau Master.
Les initiatives de certification d’un certain nombre de formations (écoles de commerce, IAE) démocratisent ces pratiques et mettent la qualité de formation au cœur des débats. J’ai également enseigné dans des IUP où cette question n’était pas traitée à la légère. Les choses sont donc plus contrastée.
Par ailleurs, pour avoir été responsable de formation, même sans dispositif formel d’évaluation, les étudiants ne se privent pas de faire remonter leur opinion sur un enseignement ou un enseignant. C’est toujours une situation très pénible pour toutes les parties et les enseignants chercheurs que je côtoie sont très soucieux de la qualité des relations entre eux et les étudiants. Au delà d’une reconnaissance officielle, ils recherchent la reconnaissance de leurs étudiants. Avez vous déjà croisé un enseignant qui vient d’être applaudi ? Même un professeur d’Université chevronné a un sourire de gosse, fier à raison de cette performance. L’enseignement apporte une satisfaction immédiate qui est constitue un moteur pour beaucoup d’enseignant chercheur. J’en fais partie.
Je ne peux qu’approuver les propos de Marianne qui évoque l’aspect humain de l’activité formative, et le retour instantané fourni par les étudiants. Et j’espère que la majorité des collègues ont vécu de que j’ai vécu moi-même, à l’issue de ma première heure d’enseignement il y a déjà un certain nombre d’années, à savoir la conviction d’avoir trouvé là l’activité professionnelle qui me faisait vibrer.
Pour autant, ce n’est pas du tout suffisant de mon point de vue, car je connais également beaucoup d’enseignants-chercheurs qui sont de fait des chercheurs-enseignants, pour lesquels l’enseignement reste une charge imposée pour laquelle on passe le minimum de temps. Nous avons là, institutionnellement, des progrès à faire.
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