Concours d’entrée dans les écoles d’ingénieurs et mixité

La Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, remet le sujet des concours sur le tapis et souhaite lancer une concertation avec la Conférence des Grandes Ecoles, ceci afin de « gagner en justice sociale sans perdre en exigence » (voir l’article de Sylvie Lecherbonnier).

J’avais déjà abordé cette question lors d’un post précédent. Je rappelle donc que plus de 50% des élèves-ingénieurs ne sont pas issus d’une classe préparatoire aux grandes écoles et que leurs origines sont variées (baccalauréat, BTS, DUT, cursus L, diplômés étrangers…). Mais les écoles visées par la Ministre sont toujours les mêmes : école polytechnique, école des mines, école des ponts, école centrale…

On retrouve là le thème de l’excellence que j’ai abordé récemment sur le plan de la recherche. Les décideurs s’agitent pour modifier la formation et l’origine sociale d’une petite élite, qui représente en comptant très large moins de 20% des ingénieurs formés, alors que la grande majorité n’est d’aucune manière concernée par ces débats. Je ne prétends pas que la question ne mérite pas d’être posée, et que les symboles sont sans importance, mais il est bon de revenir au terrain.

D’ailleurs, pour ce qui concerne la sélectivité des concours, il faut noter qu’il y a davantage de places dans les différents concours que de candidats, et que le souci premier de nombreuses écoles est d’attirer des candidats, bons dans la mesure du possible, moins bons s’il n’y a pas d’autre choix ! De ce fait, le système des écoles d’ingénieurs et des différents dispositifs de recrutement n’est pas un système de sélection des meilleurs mais plutôt une immense gare de triage.

J’ajoute que les écoles d’ingénieurs connaissent depuis de nombreuses années une dérive dont les conséquences sont dores et déjà délétères pour notre économie. Les meilleures écoles, précédemment citées, forment de plus en plus des ingénieurs dont la vocation technique se dilue et qui sont attirés par des carrières managériales. Les écoles vont d’ailleurs dans ce sens en permettant à leurs étudiants d’obtenir des double diplômes de type ingénieur-manager, et les diplômés s’empressent ensuite d’embrasser une carrière dans le conseil, l’audit, la finance…

De fait, ce sont de moins en moins les écoles les plus prestigieuses, celles que j’appelle les TGE (très grandes écoles), qui assurent la formation des cadres techniques, innovants, entrepreneurs, dont le pays a besoin. Cette formation est assurée modestement par des écoles de moindre notoriété, qui restent attachées à leurs racines technologiques et participent activement à la compétitivité des territoires.

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Article du on mercredi, octobre 13th, 2010 at 17:08 dans la rubrique Non classé. Pour suivre les flux RSS de cet article : RSS 2.0 feed. Vous pouvez laisser un commentaire , ou un trackback sur votre propre site.

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