La parabole du bananier

Cet article au titre possiblement énigmatique forme le prologue d’une série de contributions, de type pointillistes, qui cherchent à comparer et comprendre les différences entre les deux systèmes qui cohabitent aujourd’hui, le système formé par les universités d’une part, et celui formé par l’ensemble « classes préparatoires-grandes écoles ».

Mais venons-en à la fameuse parabole, répandue dans le milieu des Très Grandes Ecoles. La question posée est la suivante : « Comment faire pour obtenir des bananes bien mures et de très grande qualité ? ».

Le principe en est le suivant. Il s’agit de choisir de très bonnes bananes vertes, par exemple aux Antilles, puis de stocker ces bananes dans un navire adéquat – un bananier – de façon à ce qu’elles murissent doucement tout au long de la traversée. Lorsqu’elles arrivent en France, elles sont alors au mieux de leur forme et prêtes à être consommées.

La parabole précédente est évidemment transparente, et fait jouer comme rôle essentiel aux écoles celui de la maturation des étudiants qui y entrent. Il va sans dire, et tous les professionnels de la formation le savent, que cet aspect est très important dans le processus de formation de futurs professionnels.

Pourtant de mon point de vue, cette parabole pose au moins deux problèmes. Tout d’abord il donne aux écoles un rôle extrêmement restreint dans la formation des élites, le principe de base étant que l’étudiant, ou l’élève-ingénieur, a un potentiel suffisant pour s’adapter aux circonstances qu’il pourra rencontrer au cours de son activité professionnelle. Il met ainsi au second plan les questions de compétences ou d’aptitudes professionnelles pour se concentrer sur des connaissances beaucoup plus vastes, voire vagues, l’important étant d’occuper l’étudiant pendant les 3 années que durent sa formation.

J’avais déjà abordé le second problème, dans un ancien post ; il s’agit en substance du syndrome de la carte de visite dont notre pays est victime, qui résume pour ce qui nous concerne ici la valeur d’un diplômé au prestige de son école. Qu’un jeune diplômé profite du fait qu’il sort d’une école prestigieuse me semble normal, mais qu’un professionnel en milieu voire fin de carrière, se présente encore comme « ancien élève de … » nous fait revenir vers nos bananes. Tout est déterminé par la qualité de la banane verte !

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Article du on lundi, novembre 1st, 2010 at 19:29 dans la rubrique Non classé. Pour suivre les flux RSS de cet article : RSS 2.0 feed. Vous pouvez laisser un commentaire , ou un trackback sur votre propre site.

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