Les écoles internes aux universités existent !

Le débat continue de rouler sur le rapprochement entre les grandes écoles et les universités. Le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR) feint d’oublier les écoles internes aux universités lorsque cette question est abordée alors que selon les chiffres de 2009/10, celles-ci sont une cinquantaine et regroupent environ 15% du total des étudiants inscrits en formation d’ingénieur.

Ces chiffres ne sont pas du tout anecdotiques et montrent qu’il y a là un terrain qu’il serait bon d’exploiter car ces écoles peuvent être considérées comme étant des précurseurs, dans la mesure où l’Université future et moderne, devrait recevoir en son sein l’ensemble des structures d’enseignement supérieur, et donc les écoles d’ingénieurs.

Mais dans notre pays toujours aussi difficile à réformer, on s’évertue à créer de nouvelles structures, voire les empiler dans un désordre qui frise le chaos au niveau de l’enseignement supérieur et de la recherche. Et les leçons des expériences réalisées ne sont jamais vraiment tirées. Pourtant, si l’on considère uniquement les formations d’ingénieurs, notre territoire – de taille modeste sur la scène mondiale -, montre une étonnante diversité : écoles indépendantes relevant du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR), universités de technologies, instituts nationaux polytechniques (les INP), écoles internes aux universités et aux INP, écoles dépendant des ministères techniques (défense, industrie, équipement, agriculture…), écoles consulaires, écoles privées. A cette courte liste s’ajoutent les écoles à statut particulier comme l’Ecole Centrale de Paris, Supélec, l’Institut d’Optique…

Tout cela pour dire qu’il y a de quoi tirer un bilan des diverses formes d’organisation choisies pour les écoles d’ingénieurs, de leurs avantages et inconvénients, des modifications qui pourraient être apportées à tel ou tel type d’organisation de manière à en accroître les services rendus. Mon propos ne consiste pas du tout à dire que cette grande variété est une tare dont il faut s’affranchir, car la biodiversité prépare l’avenir, mais que des leçons doivent être tirées.

Justement, au vu de de l’insistance du MESR à rapprocher les « petites » écoles externes aux universités existantes, il serait bon d’analyser en détail la performance du système « écoles internes » et de voir ce que sont les conditions du succès. Mais plutôt que d’aller en ce sens, on se met à créer des masters d’ingénierie (voire le réseau Figure) dont je ne conteste pas forcément la pertinence. Mais créer de telles formations en ignorant la présence des écoles internes dans ces mêmes universités ne manque pas de m’interroger. On crée là toutes les conditions d’un rapport de forces et d’un affrontement dont le résultat global pour la société en général et les étudiants en particulier ne sera évidemment pas positif.

En résumé, et sans vouloir tirer la couverture à moi (je rappelle que l’école que je dirige est une école interne), je ne comprends toujours pas pourquoi ces écoles ne sont pas au centre des préoccupations des décideurs politiques, si ce n’est des médias, car elles offrent un terrain d’observation idéal pour construire une future université moderne et flexible.

Gageons que le nouveau Ministre se saisisse enfin de cette question…

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Article du on lundi, juillet 4th, 2011 at 19:22 dans la rubrique Non classé. Pour suivre les flux RSS de cet article : RSS 2.0 feed. Vous pouvez laisser un commentaire , ou un trackback sur votre propre site.

2 commentaires “Les écoles internes aux universités existent !”

  1. Rachel dit:

    Je comprends votre position, elle m’interpelle tout autant que vous. Mais on peut essayer de voir les choses autrement: Pourquoi considérer ces masters d’ingénierie comme une menace ? Pourquoi ne pas envisager que ça puisse être une opportunité ? bref pourquoi les écoles internes auraient forcement à perdre dans l’opération ? Elle pourraient être partenaires (pourquoi pas porteuses ?) de ce type de master, plutôt que de se la jouer « panique à bord » et développer un réflexe d’opposition, de rapport de force et d’affrontement (que je trouve un peu primaire). Certes il faudrait certainement affronter la foudre de la CTI, mais osera-t-elle mettre sur le banc ses écoles internes ? Rien n’est pire que de suivre un gourou un peu dépassé par les évènements. Si ces masters d’ingénierie sont pertinents, il faut y aller.

    Pour ma part je pense que ces écoles internes d’ingénieurs représentent un gros potentiel pour une université et j’espère tout comme vous que le nouveau ministre comprendra cette situation idéale et saura l’exploiter au bénéfice de tous.

  2. Louis Schuffenecker dit:

    Bonjour,
    J’ai fait il y a deux ans une collecte de données (aux alentours de 2006-2007) concernant les effectifs étudiants. Les écoles d’ingénieurs universitaires (hors INP) comptaient 25186 élèves ingénieurs sur un total national de 108 813, soit 23%. Les INP = 9% ; les universités de technologie =5% ; et les autres écoles dépendant du MESR= 23%. Soit un total de 60% !!Les autres écoles publiques = 16 645( 15%). Le reste (privé) =25%
    Je pense que ces chiffres renforceront ton argumentaire. Pour ma part, je me suis toujours demandé pourquoi les universités sont si frileuses et ne créent pas d’écoles (peur de la CTI ? manque de moyens ?). L’ensemble des universités d’Ile de France ne comptent que 2255 élèves ingénieurs alors que les autres écoles publiques comptent 3929(MESR), 6306 (autres ministères) et le privé compte 11905 étudiants.

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