Supprimer l’AERES… ou le CNU ?

Je me permets tout d’abord de rappeler que l’enseignement supérieur et la recherche sont soumis à évaluation dans la quasi totalité des pays de l’OCDE. De ce point de vue, la mise en place de l’AERES début 2007 – avant les élections présidentielles – a permis de rectifier une anomalie regrettable, qui rappelons-le, menait le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche à assumer de nombreuses missions : définition d’une politique nationale, évaluation des activités des établissements, décision d’habilitation pour les formations, décision d’affectation des crédits aux unités de recherche… Le spectre était donc immense, de la stratégie au plus haut niveau à la gestion fine des moyens.

J’ai ainsi participé, au cours de mon passage au sein de ce ministère, à des séances qui s’effaceront difficilement de ma mémoire au cours desquelles une seule personne, aidé en cela par moins d’une vingtaine d’experts, attribuait à l’euro près les crédits pour toutes les unités de recherche françaises. Nous étions en 2006 !

Depuis, et avant même la loi LRU, les établissements se voient attribuer des moyens par l’Etat qu’ils répartissent selon la politique qu’ils souhaitent conduire, après discussion stratégique avec l’Etat. Mais ces moyens sont définis sur la base d’une évaluation qui est effectuée par l’AERES.

La remise en cause de l’AERES concerne de mon point de vue davantage le manque de capacités stratégique et décisionnelle de l’Etat. Ainsi, pour continuer sur la question des laboratoires de recherche, dès que l’AERES a décidé de classer les chercheurs en produisants et non produisants, cela s’est transformé par une dotation du MESR indexée – très fortement puisqu’un non produisant « rapporte » zéro euro à son établissement ! – sur cette qualité. De même le classement des unités avec les fameux A+, A, B, C a été utilisé comme tel comme clef de répartition de moyens. De ce fait de très nombreux laboratoires ont conçus leur politique scientifique sur le seul objectif du passage au A ou au A+

En d’autres termes, il ne faudrait pas remettre en cause l’AERES au motif que l’Etat utilise les résultats de ses évaluations de manière quasi automatique (cf. le fameux modèle de répartition des moyens Sympa). Il s’agit donc pour l’Etat d’être en mesure d’utiliser les évaluations de l’AERES pour éclairer sa politique, et non la dicter.

Venons-en au Conseil National des Universités (CNU). On lit dans les propositions 117 à 119 issues des Assises de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche qu’il faut refonder l’AERES et que si elle n’est pas supprimée purement et simplement, on pourrait lui demander de s’appuyer sur le CNU. Quand je pense que l’on peut lire dans la proposition 118 que « L’évaluation doit apporter en priorité́ un service aux entités, aux hommes et aux femmes évalués et à l’ESR. Elle ne doit pas être envisagée comme une évaluation sanction, mais doit avoir pour but d’apporter avis, conseils et recommandations, de faire progresser les acteurs et le service public de l’ESR en général. », j’ai tendance à m’étrangler lorsque je pense au CNU.

Comment est-il possible, à l’heure où les établissements développent leurs objectifs stratégiques en lien avec leur environnement, de déléguer de fait le recrutement et la promotion de leurs enseignants-chercheurs à une instance dont la principale caractéristique est qu’elle est constituée sur des bases syndicales ? En disant cela, je ne me place pas en opposition à la représentation syndicale mais pense que de telles instances du passé, qui s’arrogent par exemple le droit de relire la thèse des jeunes postulants à un poste de Maître de Conférences et d’émettre un avis divergent de celui du jury, doivent bien vite être oubliées. Combien de jeunes prometteurs, pas tout à fait dans l’épure dictée par le CNU voire placés entre deux sections du CNU qui se renvoient la balle, ont-ils été écartés des carrières de l’enseignement supérieur du seul fait qu’ils ne répondaient pas aux canons alors qu’ils auraient pu, par leurs qualités, faire le bonheur de nombreux établissements ?

Notre système d’Enseignement Supérieur et de Recherche a un grand besoin de créativité, d’innovation, de prise de risques. Le caractère normatif de l’AERES peut être perçu, quelquefois a raison, comme une contrainte trop forte pour les établissements qui ont besoin d’explorer des territoires non conventionnels. Concernant le CNU, on change tout simplement d’ordre de grandeur puisque l’on continue d’assister année après année à un véritable tamisage des compétences assurant une granulométrie sans doute contrôlée mais à partir de laquelle la créativité a beaucoup de mal à s’exprimer.

Article du on vendredi, décembre 7th, 2012 at 16:23 dans la rubrique Non classé. Pour suivre les flux RSS de cet article : RSS 2.0 feed. Vous pouvez laisser un commentaire , ou un trackback sur votre propre site.

24 commentaires “Supprimer l’AERES… ou le CNU ?”

  1. DENIS dit:

    Bonjour,

    Visiblement vous ne connaissez pas les sections du CNU, leur manière de fonctionner, leurs préoccupations et leurs objectifs. Vous parlez sans doute à base de rumeurs circulant autour de vous, teinté d’une certaine idéologie. Mais vous n’êtes malheureusement pas le seul. Votre histoire de thèse relue est comique car elle montre à quel point vous connaissez mal ce qui se passe au CNU et ses intentions. Vous ne savez pas, par exemple, qu’il existe des thèses de complaisance locale, avec des jurys pas vraiment qualifiés pour le sujet de cette thèse et la discipline envisagée. Vous ne savez pas que la question de l’interface, des dossiers « entre deux », est sans doute une des principales questions (sinon la principale) que les sections cherchent à résoudre au mieux ; et que le CNU reste la meilleure instance pour la poser et la résoudre. Les Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche se sont déroulés sans que le CNU n’est vraiment été consulté, avec les milliers de chercheurs qui le composent et qu’il représente. Mais, pour vous, la chose est simple (banale) et entendue. Ce sont tous des gauchistes syndiqués. Vous oubliez tout simplement les disciplines académiques et la qualité scientifique, pour ne voir que la gestion, politique des établissements et stratégie. Il faut tenir compte des deux.

  2. l-carraro dit:

    Le commentaire précédent est le premier qui vient dans la conversation quand on aborde cette question. D’une part je ne vois toujours pas le rapport entre appartenance syndicale et qualité scientifique. D’autre part on continue à infantiliser les acteurs de l’enseignement supérieur. Les écoles doctorales, les jurys de thèse, les universités, sont tellement suspects de complaisance locale qu’il faut mettre en place une instance nationale pour corriger leurs nombreux errements. Quand donc allons-nous enfin accepter de les laisser responsables de leurs actes ?

    Par ailleurs vous connaissez très bien le travail des rapporteurs du CNU, enfouis sous les très nombreux dossiers. La qualité du travail résultant posé évidemment question, indépendamment de celle des personnes qui l’accomplissent.
    Pour aborder enfin ma supposée méconnaissance du CNU, je vous signale que j’ai moi-même par le passé proposé la nomination de membres dans les sections 25 et 26, pour le compte de l’Etat, de manière à assurer – justement – un minimum de qualité scientifique.

  3. DENIS dit:

    Vous êtes obnubilé, véritablement aveuglé par la question du « rapport entre appartenance syndicale et qualité scientifique » car vous déformez la réalité qui n’est pas aussi simpliste. Quand à la nomination de membres dans les sections pour le compte de l’Etat, de manière à assurer – justement – un minimum de qualité scientifique, c’est de la foutaise. Nombreux sont ceux qui pourraient vous démontrer que c’est plutôt l’inverse que nous pouvons constater, notamment dans la totalité incapacité à répondre aux besoins scientifiques d’expertise. Ce qui est logique si on laisse les administratifs et les politiues décider à la place des scientifiques. Lorsque l’on veut écarter ces derniers, il est habituel de dire que ce sont des « syndiqués », des « gauchistes »… Degré zéro de la pensée et de la capacité de dialogue et d’écoute qui nous manque fortement depuis que domine une pensée néo-manageriale anti-scientifique au sujet de la politique d’l’ESR.

  4. DENIS dit:

    J’invite ceux qui veulent estimer la qualité scientifique des membres des sections du CNU a consulter sur le site du ministère leur fiche (avec CV) individuelle qui sont publiques. Nous aimerions avoir l’équivalent de transparence du côté des administratifs et politiques donneurs de leçons sur la politique de l’ESR. D’où leur vient leur certitude (dogme ?) ?

  5. l-carraro dit:

    Je ne peux qu’inviter les lecteurs intéressés par la question de l’avenir du CNU à consulter le très intéressant livre de François Garçon.
    http://www.francois-garcon.com/parutions/le-dernier-verrou/

  6. Jérémie dit:

    Je suis d’accord avec Monsieur Carrano sur la contradiction assez aberrante entre le maintien du CNU et l’autonomie accrue des établissements d’enseignement supérieur. Cette contradiction traduit l’équilibre très précaire actuel, en transition inachevée d’un système à l’autre.

    Par ailleurs, je confirme aussi, en tant que jeune maître de conférence en sciences humaines, le caractère souvent ubuesque du classement dans telle ou telle section. Même si c’est de manière involontaire, ce classement a pour effet de forcer les gens à se « placer » dans telle ou telle discipline, ou au contraire à s’inventer des rattachements multiples, au détriment d’une authentique pluridisciplinarité scientifique. Les contre-arguments de Denis ne me semblent pas pertinents sur ce point. Et cela vaut indépendamment de toutes les questions syndicales, etc.

  7. DENIS dit:

    Je comprends mieux d’où vous vient l’exposition de vos certitudes, la lecture d’un ouvrage si peu sérieux, tant « café du commerce ». Il dit ce que vous dites donc vous le citez comme seule référence. Logique !

    Vraiment très curieux la mise en avant de « la contradiction assez aberrante entre le maintien du CNU et l’autonomie accrue des établissements d’enseignement supérieur », qui montre bien une certaine perception de ce qu’est, pour vous, un fonctionnement démocratique. Car, selon les principes de base de la démocratie (qui devraient plus qu’ailleurs encore fondés l’université) ce serait plutôt l’inverse qu’il faudrait défendre : L’autonomie accrue des établissements d’enseignement supérieur doit être équilibré par un renforcement du rôle du CNU. C’est-à-dire : équilibre entre pouvoirs, administratifs et scientifiques ; entre logiques et politiques d’établissements et celles de disciplines scientifiques ; entre dimensions locales et dimensions nationales (et internationales); entre politique régionale et nationale, etc.
    Je ne vois pas en quoi la suppression du CNU ferait avancer la difficile question de la transdisciplinarité. Cette dernière au-delà du fait qu’elle signifie beaucoup de choses très différentes, parfois très superficielles et flous, est prise en compte, de plus en plus dans les sections. La question fait l’objet de discussions au sein des sections et au sein de la CP-CNU ; des solutions émergent et circulent, notamment à propos de certaines disciplines que certains trouvent mal entendues, comme la bioéthique. La question de la création d’une nouvelle section est discutée en son sein depuis quelques mois en groupe de travail regroupant des universitaires de diverses disciplines.
    Mais pensez-vous supprimer l’assemblée nationale parce que certaines tendances politiques n’y sont pas représentés ? Si vous êtes censé, vous chercherez plutôt à améliorer cette représentativité, plutôt que de la supprimer, il me semble ! Il faut aussi sans doute aider les candidats le plus possible en amont au sujet du choix des disciplines, notamment lors du choix d’un sujet de thèse, d’un directeur de thèse et d’un jury in finae de thèse. Les disciplines ne sont pas créées par le CNU, mais par les communautés universitaire d’une manière internationale.
    Vous qui êtes mcf, craignez le pouvoir unique des anciens collègues devenus des administratifs de votre établissement qui se permettraient, par exemple, d’évaluer vos recherches et vos publications, de décider des thèmes et objectifs de vos recherches, etc., pour vous qualifier prof, pour vos promotions, etc. J’espère au moins que vous êtes dans une université à dominante SHS.

  8. DENIS dit:

    je précise que les 1ères lignes de mon commentaire précédent étaient destinées à Laurent Carraro et le reste à « Jérémie. »

    Lorsque je parle « de certaines disciplines que certains trouvent mal entendues », je voulais citer ensuite l’éthique et non la bioéthique qui, elle, a bien sa place.

  9. DENIS dit:

    Parlons du CNU, composé de plus de 3000 membres représentant de l’ordre de 75 milles universitaires, un soi disant nid de syndicalistes ?

    Deux tiers de membres sont élus par l’ensemble des enseignants-chercheurs de l’université ; un tiers est nommé par le ministre.

    Parmi les deux tiers de membres élus, le nombre d’élus sur listes non-syndicales est de 40% en 2011, ce qui n’est pas rien, et en augmentation de 2% par rapport à 2007. Chez les professeurs, ils sont 46%, voire 52% si l’on inclut l’association QSF (Qualité de la science française) dont le caractère « syndical » est un peu particulier. Ce qui signifie que les membres du CNU non élus sur liste syndicale sont à presque 60% du total (plus de 75% pour les professeurs). On est loin de l’image du « nid de syndicalistes ».

    Il faut ajouter à cela que beaucoup de personnes bien qu’élus sur des listes syndicales ne sont pas syndiqués et que les membres syndiqués se comportent évidemment bien avant tout selon leur expertise disciplinaire.

  10. Francois Garçon dit:

    @Denis: je vous cite: « la lecture d’un ouvrage si peu sérieux, tant “café du commerce”. De quel ouvrage si peu sérieux voulez-vous parler? Moi, je vous recommande un ouvrage qui procède d’une enquête auprès de 52 sections du CNU, avec questionnaires auprès de chacun des présidents et construits sur la base des informations que les sections fournissent sur leur site.L’enquête a ceci d’intéressant qu’elle révèle, citations à l’appui, l’abyssale médiocrité de ces pairs qui prétendent juger leurs collègues. Cet ouvrage, qu’a préfacé Philippe Gillet, s’intitule Le Dernier verrou. J’en suis l’auteur. Je vous invite à le lire. Vous aurez peut-être une vision plus transversale du CNU. C’est le mérite de la recherche: elle ouvre l’esprit, même celui des plus bornés.

  11. Jean-Marie dit:

    Archaïsmes, critères et méthodes de sélection opaques, intérêts syndicaux et individuels, corporatisme exacerbé, démultiplication des types d’établissement dans l’enseignement supérieur, rivalités entre acteurs des ministères, DG et autres agences…

    Effectivement, « notre système d’Enseignement Supérieur et de Recherche a un grand besoin de créativité, d’innovation, de prise de risques. »

    Il aurait surtout besoin de simplicité et de transparence pour les critères et modalité de sélection et de nomination, de responsabilisation de ses acteurs.
    Il aurait aussi besoin de se regarder en face et de regarder les pratiques mises en place par nos voisins en Europe et ailleurs, pour s’inspirer des bonnes pratiques, comme à l’Université Politecnica de Madrid en Espagne par exemple (http://www.upm.es/observatorio/vi/index.jsp), qui intègre dans son outil de gestion d’activités et de carrières des scientifiques tous les indicateurs qui permettent d’évaluer un enseignant-chercheur non seulement selon ses publications, mais aussi sur la supervision de doctorants, sur ses participations à des colloques, à des projets européens, sur ses responsabilités pédagogiques, sur la direction d’une équipe ou d’un labo, etc.
    Avec des outils de ce type, on évalue vraiment les individus dans la globalité de leurs actions.
    En pondérant les indices, on peut adapter telle ou telle variable selon la discipline ou l’ancienneté, selon les besoins de l’institution, selon les objectifs du scientifique. C’est également un très bon outil de management (oops! mot tabou!) de la recherche pour les institutions.

    On pourrait même imaginer un système d’indicateurs équivalent pour « normer » le doctorat, malgré toutes ses diversités de cas, de durées, de méthodes, de financements, pour en assurer une qualité mesurable?
    Dans ce cas, on n’aurait plus besoin d’un CNU pour réévaluer des doctorats de complaisance…(quoi? de la complaisance, de la malhonnêteté scientifique, de la magouille entre pairs? c’est impossible!)

    Oui, mais voilà, des outils d’une telle transparence présentent sans doute un danger trop grand aux défenseurs du status quo ou de la couche supplémentaire, des détenteurs de petit pouvoir…

    On peut rêver…

  12. l-carraro dit:

    @Jean-Marie : I have a dream !
    Nous avons franchement besoin de sortir de notre status quo soit disant protecteur. Qu’avons-nous à cacher si nous sommes si pertinents et efficaces ? Et quel service rendons-nous véritablement à la Nation qui nous supporte ?

  13. Gilles Denis dit:

    M. Garçon : j’ai lu votre ouvrage et je maintiens. C’est un tissu d’approximation, d’affirmation et d’erreur. Un exemple, vous écrivez que l’anglais n’est pas accepté. Ce qui est faut, car d’une manière assez général, il est quasi considéré presque au même niveau que le français. Dans toutes ou presque les sections « scientifiques dures » et quasi presque les sections SHS. Autre exemple : les candidats ayant une expérience du privé serait très souvent rejetés. Je ne vous citerais que mon cas. J’ai commencé ma carrière par une dizaine d’années dans une entreprise allemande internationale. J’ai été qualifié MCF, Prof, recruté comme MCF, élu comme membre puis comme vice-président d’une section CNU qui plus est de type SHS !!! La lecture de votre ouvrage, très dogmatique, très idéologique, m’a fait l’effet d’un blablabla en effet très café du commerce, racontant les petites rumeurs bien habituelles que ceux qui veulent faire de l’université une entreprise aiment entendre…

  14. Gilles Denis dit:

    Pour Jean-Marie,

    De quoi parlez vous exactement ? Vous semblez parler de tout le monde, de toutes les instances de l’ESR. C’est cela ? C’est quoi précisément que l' »archaïsme » ? Un système qui protège l’indépendance des chercheurs, la qualité scientifique ? Vous parlez de critères « opaques » ? Où, qui ? Si vous parlez des sections du CNU, allez sur leur site et leurs pages, vous y trouverez les critères, les présentations des membres avec le CV et leurs publications, les rapports annuels des sections, etc. On ne peut plus être transparent. Il n’y a rien à cacher tout simplement. Vous trouverez aussi sur le site de la CP-CNU tous les compte-rendus, courriers, communiqués, rapports, travaux de la CP-CNU (qui rassemblent les bureaux de sections du CNU), par ex. sur la déontologie, le plagiat, la qualification, les disciplines à faibles effectifs, etc.
    Quand pourrons nous avoir la même chose du côté des autres partenaires, notamment et surtout les établissements ?
    Dites moi où se trouve la complaisance ?
    Pour moi elle est du côté de ceux qui veulent pouvoir recruter sans contrôle scientifique, sans transparence, en voulant par exemple supprimer qualifications et HDR.

  15. Gilles Denis dit:

    Quand cesseront enfin, en France, ces grands « arguments » d’autorité répétés partout et à tous propos : « c’est archaïque », « voyez ce qui se fait à l’étranger », sans oublier c’est « politiquement correct ». Déclarations souvent contradictoires, selon l’interlocuteur « archaïque », « modèle français » vs « ce qui se fait ailleurs » désignant ce que tout un chacun a envi, selon ses propres dogmes, son idéologie, son expérience personnelle. Tout un chacun se prétendant ainsi grand connaisseur de la situation internationale, de ce qui est moderne, etc., en ne faisant en fait généralement que répéter les petites rumeurs de son petit milieu. On nous dit ainsi régulièrement que le CNU, la qualification, l’HDR seraient spécifiquement français. C’est totalement faux et très facile à démonter, mais cela marche… Idem sur l’évaluation individuelle des universitaires dont l’absence et le refus seraient bien françaises. Parlons enfin sérieusement !

  16. Gilles Denis dit:

    M. L. Carraro : « Quel service rendons-nous véritablement à la Nation qui nous supporte ? » Selon vous ? Dites le nous donc !

    Les universitaires ont permis d’accueillir l’explosion du nombre d’étudiants, depuis une vingtaine d’années, acceptant l’explosion aussi du nombre d’heures d’enseignement, un des plus élevés des pays équivalents (une spécificité française ?) avec des salaires parmi les plus faibles (une autre spécificité ?), avec aussi quasi aucune année sabbatique alors que c’est classique dans les pays équivalents (encore une spécificité ?).

    Malgré tout les défauts du système dont vous parlez (et ceux dont nous parlons), nous avons la 5ème place des nations les plus publiantes…
    Bien sûr qu’il faut réformer, et fortement même, mais pas pour faire des universités des entreprises au service des marchés, mais en prenant en compte ce que disent et proposent les premiers intéressés, à savoir les universitaires, les grands oubliés des assises de l’enseignement supérieur et de la recherche.

  17. Gilles Denis dit:

    M. Carraro, vous écrivez : « « L’évaluation doit apporter en priorité́ un service aux entités, aux hommes et aux femmes évalués et à l’ESR. Elle ne doit pas être envisagée comme une évaluation sanction, mais doit avoir pour but d’apporter avis, conseils et recommandations, de faire progresser les acteurs et le service public de l’ESR en général. », j’ai tendance à m’étrangler lorsque je pense au CNU. »

    Je vous conseille de lire un nouvel ouvrage sur l’évaluation au travail (mais il y a de nombreuses analyses diverses sur l’évaluation) :

    http://www.seuil.com/livre-9782021091946.htm

    Je vous reconnais au moins une qualité : vous ne supprimez aucun de mes messages. L’acceptation d’un vrai dialogue, sortant des banalités et des rumeurs, serait donc possible !!!

  18. l-carraro dit:

    @Gilles
    J’aime le débat, et n’ai pas peur de la controverse. Mais je préfère quand on évite les attaques ad hominem.
    Je ne sais ni qui vous êtes ni ce qu’est votre expérience, donc je la respecte par défaut.
    On pourrait débattre longtemps des dégâts causés par ce système, et non par les personnes qui le font fonctionner, que je respecte globalement.
    Il n’en demeure pas moins que mon expérience donne un bilan globalement négatif, et tout cela pour de toutes autres raisons qu’une volonté de faire entrer les marchés dans les universités. Vieux fantasme encore bien vivant.
    Mon seul but est le service public, et en particulier le service aux étudiants, peut-être vous aussi. La ministre que j’ai rencontrée hier se lamentait du fait que tous ses interlocuteurs s’en moquaient. C’est bien triste.

  19. Pierre Arnoux dit:

    Il y a au moins une section de l’AERES qui doit être supprimée d’urgence, c’est la section des formations et de diplômes. Je ne comprends pas qu’à une époque où on se gargarise de « qualité », d' »excellence » et autres « ISO 9000 », on puisse publier des évaluations des formations qui se font de Paris, sur le papier, sans aucune visite sur place, et sans aucune donnée fiable. J’ai appris par la bande que la licence dans laquelle je travaille avait été évaluée six mois avant, sans qu’aucun des enseignants ne soit au courant. Cette évaluation est vide, et montre que le supposé « expert » n’a aucune idée des problèmes très sérieux qui se posent réellement. J’ajoute pour éviter toute ambiguïté que j’aurais été beaucoup plus sévère que l’AERES : ce n’est pas du résultat de l’évaluation que je me plains, mais de son absence.

    J’ai participé à une évaluation de l’enseignement à l’étranger, c’était d’un autre sérieux! Cette évaluation bidon est encore moins sérieuse que ce qui a pu être fait à ‘époque au ministère, et empêche par sa simple présence tout travail réel d’évaluation locale.

    Le section des formations de l’AERES n’est pas inutile : elle est nuisible.

  20. Pierre Arnoux dit:

    On ne peut pas parler du CNU globalement : les pratiques des sections sont très différentes. Laurent Carraro connaît bien les sections 25 et 26 : il sait que les débats qui s’y déroulent ne sont pas orienté par des considérations syndicales. Il sait aussi que les cas de non-qualification sont rares, et qu’ils sont dus, soit à une évidente erreur de section (et dans ce cas, on fait très attention à vérifier que la thèse en question a bien été considérée dans la section appropriée, en particulier pour les thèses transversales), soit à une thèse ancienne qui n’a été suivi d’aucun travail de recherche récent; je ne suis d’ailleurs pas convaincu que cette qualification soit utile et mérite de subsister, d’autant plus qu’elle n’est pas exigée pour les candidatures venues de l’étranger.

    Le travail le plus important du CNU porte sur les promotions, et les section 25 et 26 ont toutes deux voté une motion en début de section où elle s’interdisaient strictement tout promotion d’un membre de la section, contrairement à ce qui se passe dans d’autres domaines. C’est probablement là-dessus qu’il faudrait faire porter le débat. Je pense important qu’il existe une voie de promotion qui ne passe pas uniquement par les considérations locales.

  21. iara dit:

    Le système actuel est vraiment défaillant : conflit d’intérêt, mauvaise répartition des budgets, budget mal employé par les université…etc.
    Et honnêtement je remet en cause les notes de l’AERES. Lorsque je vois leur manière de notation : taux d’insertion des élèves, nombre de publication des chercheurs… Des chiffres souvent erronés.

  22. Fulbert dit:

    Le CNU est un contrepouvoir et en France, les pouvoirs n’aiment pas le contrepouvoir. Il est donc normal que les présidents et le ministère veuillent tuer le CNU. Ils ont oublié que le pouvoir absolu corrompt et qu’il faut des contrepouvoirs. Quant à l’AERES, rions un peu… de la composition et de la compétence des commissions… et finalement à quoi ça sert : pas de sanction, pas de récompense… encore une usine à gaz qui fait illusion et qui entretient une nomenclatura universitaire. Le jargon des dirigeants est fabuleux… mais il ne fait pas illusion.

    Nous avons ici, dans certains propos l’archétype de la soumission des nomenclaturistes aux idées à la mode et au pouvoir politique, nomenclaturistes qui ont abandonné toute vision critique et éthique (par rapport au pouvoir) et qui ont su améliorer leur paie et leur carrière.

    L’université a surtout besoin qu’on la laisse tranquille et que les universitaires apparatchiks cessent de collaborer avec un pouvoir (Pécresse ou Fioraso) qui s’inspire du modèle managérial et soviétique : plans et objectifs bidons, statistiques tronquées, massification, bureaucratisation, usine à gaz, lourdeurs administratives, mépris des chercheurs, le tout au profit des « gens de pouvoirs », énarques et leurs complices universitaires qui font ainsi de belles carrières.

    Ce tourbillon, ce déni de l’intelligence, nous conduisent à faire de l’Université une fabrique de crétins, pour le plus grand profit de nos collègues qui font carrière dans le pouvoir. Encore une illustration de la morgue et de la faillite de nos élites….

  23. Tizel dit:

    Pour moi, le gros défaut de la procédure de qualification du CNU est qu’elle empêche un docteur ayant fait carrière dans l’industrie, de revenir faire partager son expérience dans l’enseignement supérieur. Rare sont en effet ceux qui, dans l’industrie, peuvent publier régulièrement dans des conférences et revues internationales, comme l’exigent les principales sections de la CNU.

    Heureusement, certaines grandes écoles sont plus libres de leurs recrutement.

  24. VERITAS dit:

    Docteur de la Sorbonne en sciences humaines, parcours sans fautes. Lors de mon passage aux CNU 23 et 24 (deux années consécutives, 2007 et 2008), je suis refoulé malgré mes publications, mon expérience.Je suis né en France, y est grandi, mais lorsque l’on à un nom à consonnance “étrangère”, cela complique encore davantage la tâche.J’ai fais appel et lors de mon audition à la commission d’appel : il y avait dans la salle que les vieux “sages” des différentes sections des sciences humaines mais je n’étais nullement impressionné. Leur conclusion (preuves à l’appui) : Le candidat n’a pas montré assez de motivation pour devenir maître de conférence !!!!!!Tous les lèches bottes que je connaissais à Paris 4 ont eu le petit poste et c’est ainsi que ça fonctionne.IL FAUT DISSOUDRE CETTE “INSTITUTION”, CETTE SUPERCHERIE, QUI N EXISTE NUL PART AILLEURS, QUI SERT A FILTRER ET A NE LAISSER PASSER QUE LES COPAINS ET COPINES.LA GRANDE VERITE (ET TRISTE) EST QUE LE SYSTEME UNIVERSITAIRE FRANCAIS AINSI QUE LA RECHERCHE (CNRS ET COMPAGNIE) INSTITUENT LE CLIENTELISME (C EST UN PEU COMME EN POLITIQUE…). ET CELA DURE DEPUIS TROP LONGTEMPS. IL N Y A PAS DE POSTE POUR TOUT LE MONDE. ON VOUS LAISSE FAIRE UNE THESE MAIS ON NE VOUS DIT PAS QU IL NE FAUDRA PAS ESPERER PAR LA SUITE UN POSTE PUISQU ILS SONT DISTRIBUES AU COMPTE GOUTTE ET PAS A N IMPORTE QUI.MAIS BON J AI ESPOIR CAR TOUT LE SYSTEME EST AUJOURD’HUI A BOUT DE SOUFFLE. UN DE MES ANCIENS PROFS M AVOUAIT QUE LES ETUDIANTS NE LISAIENT MEME PLUS….

    OUI POUR LA SUPPRESSION DE CETTE INSTANCE DE COPINAGE, C EST UNE URGENCE !

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