Dans le billet précédent, j’ai pu laisser une tonalité un peu négative, sur les perspectives de rapprochement entre PME (terme pris au sens large), et les étudiants de Grandes Ecoles.
Et pourtant, au vu des quelques expériences que j’ai pu mener à l’Ecole Centrale, certains points m’incitent à l’optimisme.
Depuis quelques années, les jeunes évoluent dans leur représentation de l’entreprise. Les générations qui arrivent dans nos établissements ont hérité de leurs parents une certaine dose de méfiance par rapport à des grands groupes perçus parfois comme peu humains ; qui manqueraient de sens et seraient pilotés uniquement par l’impératif du profit.
A contrario, on voit chez ces jeunes émerger une image nouvelle de la PME, vue comme un univers de plus grande proximité, moins « processé », accordant plus de place aux relations humaines ; le management de la PME est alors perçu comme plus proche, laissant la place à l’individu et aux liens affectifs.
La proximité est aussi celle du produit, et celle du client : le sens du travail dans une PME est visible et accessible, car on sait quel produit on fabrique, et pour qui on le fabrique. Le travail est plus global, moins découpé en spécialités ; l’information circule mieux. Tout le monde sait pourquoi il est là …
Certes, nous sommes là dans le registre des représentations ; il y a autant de réalités que de PME. Mais le succès du Forum PME que nous avons organisé à Centrale Paris en 2012, et qui a attiré une part significative des étudiants de l’Ecole, nous a alertés ; il y a 10 nous n’aurions pas rencontré un tel échos chez les étudiants
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L’apparition du concept d’ETI a également eu un impact très favorable sur la perception que les jeunes ont de ce qu’on appelait jusque là les PME, mais qui incluait en fait l’ensemble des entreprises à l’exception des grandes multinationales. ETI signifie entreprise d’une taille significative, comptant parfois plusieurs milliers de salariés ; et donc assez grande pour offrir des perspectives de carrière ; pour nos jeunes, c’est un élément de réassurance important en début de carrière.
Nos jeunes ont, grâce à ce débat sur les ETI, mieux cerné la diversité de ce qu’on appelait autrefois les PME. Ils ont entendu que PME et ETI constituent la majorité du tissu économique en Europe ; que certains pays fondent leur réussite principalement sur elles (l’Allemagne ou l’Italie par exemple). Ils ont lu dans la presse que l’avenir de la France repose sur le renforcement des grosses PME de croissance, seules à même de prendre le relais de grands groupes tentés par les délocalisations, et dont le nombre décroît par le biais des processus d’absorptions et de fusions. Ces PME sont fortement innovantes, et s’adressent d’emblée à des marchés internationaux. D’un coup PME et ETI sont devenues porteuses de sens, dépositaires d’une partie de notre avenir collectif.
Autre élément de transformation qui peut avoir un impact important sur les relations entre étudiants et PME : les évolutions pédagogiques. Les modalités récentes dans l’enseignement me semblent mieux favoriser qu’avant les formes partenariales entre PME et étudiants. Notamment la pédagogie par projets. A Centrale Paris, des groupes de 5 ou 6 élèves travaillent sur un sujet concret proposé par une entreprise : souvent une étude technique, le développement d’un modèle, ou une analyse technico-économique. Si le sujet est suffisamment concret et ciblé, et l’accompagnement adéquat, les jeunes peuvent produire une véritable valeur ajoutée pour l’entreprise cliente. Ce format est particulièrement adapté à des PME, qui peuvent soumettre à des groupes d’étudiants des sujets ciblés, et qui les intéressent pour leur activité. C’est un moyen privilégié pour les étudiants de se rendre compte de l’intérêt et de la richesse des métiers que peuvent leur offrir les ETI ou les PME fortement innovantes. Le format du projet, très orienté résultat, et donnant la priorité à l’intéraction humaine et au travail en équipe, est plus adapté aux PME que les outils classiques de visibilité employeur (conférences, amphis, développement de cas, visites de sites), trop consommateurs de temps ; et également que les contrats de recherche avec les laboratoires académiques, souvent trop fondamentaux pour intéresser une PME.
Autre élément aussi d’attrait des PME pour les étudiants, et qui nous est apparu de manière très frappante lors des actions que nous venons de mener à Centrale : l’ouverture sur l’international.
La plupart des cursus incluent maintenant un passage à l’étranger, obligatoire pour obtenir le diplôme ; ce passage passe souvent par un stage en entreprise.
Or les grands groupes ont souvent, à quelques exceptions près, du mal à proposer des stages hors de France à des étudiants français. Cette situation est due à des contraintes d’organisation interne, qui font qu’un responsable RH étranger, par exemple américain ou allemand, est rarement incité à prendre un stagiaire français : trop cher ; sans valeur ajoutée visible par rapport au stagiaire local ; trop compliqué à organiser ; sans compter que la culture du stage n’existe pas dans tous les pays, loin de là.
En PME en revanche, c’est beaucoup plus simple : les circuits de décision sont plus courts, le dirigeant peut organiser (ou imposer ?) lui-même le passage à l’international du stagiaire qui l’intéresse. L’organisation s’adapte, et le stage se met en place. Le contraste est frappant dans certains cas entre le grand groupe qui est contraint par ses processus internes, et la PME qui décide vite.
Enfin, je vois un dernier élément de changement qui va dans le sens d’un rapprochement entre étudiants de grandes écoles et PME : l’intérêt croissant manifesté par les Ecoles pour leur réseau d’anciens (les Alumni, dit-on maintenant). Pour de nombreuses raisons, les écoles réinvestissent aujourd’hui leur communauté d’Anciens : ceux-ci peuvent en effet donner des avis précieux pour orienter les formations, intervenir dans les cours, faciliter le placement des diplômés, s’engager dans les partenariats école-entreprise, et bien sûr, depuis peu, faire des dons à leur Ecole.
Beaucoup de ces alumni travaillent en PME, souvent en tant que dirigeants. En effet les jeunes diplômés démarrent rarement leur carrière en PME, mais beaucoup y viennent ensuite, après un passage en grand groupe. Ces alumni sont aujourd’hui beaucoup plus présents qu’auparavant sur les campus, et parlent de leur métier en PME et ETI aux étudiants. Ils peuvent alors figurer aux yeux des étudiants comme des des modèles, capables de susciter des vocations.
Tous ces éléments sont encourageants, et facteurs de changement. Bien sûr, toutes les PME n’ont pas vocation à intéresser les jeunes diplômés ; à Centrale Paris, lors du forum PME, les secteurs les plus représentés étaient la haute technologie, le conseil, le service.
De même, le choix d’un début de carrière en petite entreprise ne concerne qu’une partie des étudiants ; avant toute action visant à rapprocher PME et élèves, un bon ciblage de la population des étudiants potentiellement intéressés s’impose.
La clef du succès réside dans la mise en relation des acteurs les plus motivés de part et d’autre.
Je crois que nous ne sommes qu’au commencement d’une évolution … Je suis plutôt optimiste.
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