Je crois que les MOOCS, s’ils ne sont pas à l’origine de la dynamique de regroupement de nos établissements, peuvent jouer le rôle d’un puissant accélérateur de ce mouvement.
Nous constatons depuis plusieurs années, en France, une tendance certaine à la concentration des établissements d’enseignement supérieur. Cela est lié à un ensemble de causes, souvent liées au besoin d’accroître la « compétitivité » de nos établissements sur le « marché » mondial de l’enseignement supérieur.
Ce marché s’accroît, de manière très rapide dans des zones telles que l’Asie ; les grands établissements mondiaux se retrouvent en concurrence pour capter ces nouveaux étudiants, et la comparaison devient mondiale.
Pour être attractif, la taille ne suffit pas, mais elle apparaît indispensable ; taille pour acquérir la masse critique de diplômés nécessaire pour être visible à l’international, notamment dans les échanges d’étudiants entre établissements ; taille également pour mutualiser les ressources indispensables pour faire face au coût croissant de l’enseignement.
D’où le mouvement de regroupement et de croissance auquel nous assistons : croissance organique bien sûr, très nette notamment dans les Business Schools ; mais aussi regroupement de campus, et émergence de groupes multi-campus, organisés selon une logique de réseau. Sans parler des groupes d’écoles privés tels que Laureate ou Ionis, citons l’ESCP Europe, pionnier d’une organisation en réseau ; France Business School ou Skema, qui fédèrent plusieurs campus en France ; l’Institut Telécom, ou encore CentraleSupélec qui intègrera 4 campus en France (2 en région parisienne, 1 en Bretagne et 1 en Lorraine), 3 à l’international (Chine, Inde et Maroc), et qui s’insère dans un réseau de 5 Ecoles Centrales en France.
Ce passage d’une organisation mono-campus à un réseau de campus coordonnés, est plus qu’un changement d’échelle ; c’est également un changement de nature, pour l’organisation interne des établissements. Il pose notamment des questions nouvelles en matière de pédagogie : comment assurer une pédagogie coordonnée et similaire, en nature et en qualité, sur un ensemble de campus dispersés aux 4 coins de la planète ?
Les questions nouvelles auxquelles sont confrontés ces établissements sont notamment :
– La disponibilité de la ressource enseignante de haut niveau : le corps enseignant issu du « cœur » du réseau, l’établissement qui est à son origine, est insuffisante pour assurer l’ensemble des enseignements sur l’ensemble des campus.
– L’homogénéité de cette ressource : une alternative est de recruter des enseignants locaux ; mais on sait bien qu’un professeur de mathématiques ou de génie industriel en Chine est très différent, dans sa manière d’enseigner et d’entrer en contact avec les étudiants, d’un professeur équivalent en France.
– La synchronicité / le timing : l’intérêt d’une pédagogie multi-campus est de permettre aux étudiants d’organiser des cursus internationaux, sur plusieurs campus ; cela suppose que les programmes soient relativement homogènes d’un campus à l’autre. Cela pose la question de la synchronicité des enseignements ; par exemple, la première année du cycle ingénieur est relativement similaire dans toutes les Ecoles Centrales du monde. Ce qui met sous tension les ressources, qui doivent être disponibles au même moment.
C’est là que les nouvelles technologies (TICE), Moocs et aux Spocs, peuvent faciliter et accélérer cette mutation. Elles permettent d’assurer, notamment dans leur modalité synchrone, des enseignements de haut niveau sur plusieurs sites, avec un seul professeur, en même temps ou dans un laps de temps restreint. Elles limitent les déplacements, et donc les coûts ; elles facilitent le contrôle qualité des enseignements, et leur homogénéité.
En ce sens, les TICE sont un puissant outil au service de la croissance de nos établissements, notamment à l’international ; un petit nombre de professeurs vedettes peut désormais s’adresser à un large panel d’étudiants situés sur des campus éloignés. La qualité est la même, aisément maîtrisable.
Mais l’usage des TICE, dans ce contexte de groupe international, a également d’autres conséquences pour nos établissements :
– Elles accélèrent la mutation internationale du corps enseignant, en l’exposant à une plus grande diversité d’étudiants, dans différents pays
– Le coût des TICE pouvant être amorti sur un plus grand nombre d’étudiants, les établissements organisés en réseaux peuvent investir davantage et plus vite dans l’innovation technologique
– L’offre de cours peut être élargie, et diversifiée : un cours de spécialité ayant plus de chances d’ouvrir quand il s’adresse à un panel d’étudiants plus large.
Egalement, les TICE appliquées dans un groupe large, impliquent aussi une mutation radicale de la pédagogie. Une école à l’international ne peut évidemment pas fonctionner exclusivement à base de Moocs et autres cours à distance : un relais local est indispensable, pour accompagner les étudiants, s’adapter à leurs spécificités, et s’assurer de la bonne intégration de leurs compétences.
Les TICE accélèrent de ce fait l’émergence d’un nouveau métier, celui de spécialiste de la pédagogie, ou de l’accompagnement de l’apprentissage par les étudiants : non experts d’une discipline, ces nouveaux enseignants sont centrés sur l’étudiant, s’appuient sur un cocktail de TICE et de mise en pratique au niveau local, pour amener peu à peu chaque étudiant à acquérir les compétences liées à son diplôme.
En ce sens, les technologies digitales appliquées à l’Education sont un puissant facteur de changement dans les postures pédagogiques et l’organisation de nos établissements.
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