En novembre dernier, j’ai consacré un billet à la redécouverte que je perçois, des alumni par leur école ou université d’origine.
Le séminaire organisé la semaine dernière à Paris par l’Association Française des Fund raisers, consacré à l’enseignement supérieur et à la recherche, m’a permis d’échanger sur ce sujet, avec plusieurs collègues engagés, au sein de leurs établissements, dans les relations avec les anciens diplômés.
Plus j’y réfléchis, plus les Alumni m’apparaissent comme un actif (un « asset », pour utiliser un terme économique anglais qui désigne les actifs stratégiques pour une entreprise) très important pour nos établissements ; au moins aussi important que les entreprises partenaires, voire plus (car beaucoup de partenariats entreprises reposent au démarrage sur des relations Alumni).
Voici une liste non exhaustive d’activités dans lesquelles les Alumni, bien sollicités par leur Ecole, peuvent jouer un rôle déterminant, en étant à l’initiative de l’action, voire en la portant intégralement. Dans le désordre, en citant des cas expérimentés à Centrale Paris :
– Mise en place de partenariats pédagogiques : les RH des entreprises s’appuient sur les réseaux d’Alumni en interne (par ex les Centraliens chez EDF, Société Générale, Crédit Agricole etc …) pour animer des événements sur le campus de l’Ecole, et renforcer ainsi l’image employeur.
– Aide à la définition des enseignements, et marketing des formations : le Premium Advisory Committee permet à Centrale de réunir, de manière informelle, des dirigeants de haut niveau pour donner des avis sur les besoins en compétences des entreprises, et l’orientation des formations.
– Appui à l’insertion professionnelle des jeunes : il est, pour des raisons de proximité affective évidentes, beaucoup plus facile de mobiliser des Alumni que des cadres non liés à l’Ecole, pour :
- Tutorer des activités de connaissances des métiers et de maturation du projet professionnel des jeunes
- Organiser des conférences de dirigeants pour donner de la vision, de l’ambition
- Animer des tables rondes professionnelles
- ….
– Montage de projets partenariaux lourds, tels que des chaires ou des projets de recherche collaborative. Le réseau des anciens s’avère souvent déterminant pour trouver l’appui de haut niveau dans l’entreprise, qui permet de conclure l’accord.
– Développement de la notoriété dans les entreprises d’origine non françaises : pour avoir accès à un dirigeant de haut niveau au sein d’un groupe chinois ou brésilien, les alumni au sein de ces entreprises sont les meilleurs ambassadeurs pour démontrer la valeur de leur formation et de leur diplôme.
– Création de start ups et entrepreneuriat : les alumni entrepreneurs sont engagés à tous les niveaux : accompagnement de jeunes entrepreneurs, investissement, participation au comité de sélection de l’incubateur, mécénat etc …
Je pourrais encore allonger cette liste ; sur l’ensemble des activités qui placent l’établissement en interface avec le « monde socio économique » (un vocable très Education Nationale cette fois ci », pour me faire pardonner les mots anglais dont j’ai abusé jusqu’ici), les Alumni peuvent jouer un rôle de facilitateurs, initiateurs, conseils, réalisateurs.
La gestion des Alumni signe-t-elle le retour des « mafias d’Anciens » ?, si décriées dans l’imagerie anti-grandes écoles ? Pas vraiment ; pour 2 raisons tout d’abord :
– Malgré les apparences, cette démarche de « cultivation » (encore un néologisme anglais – désolé !-) est nouvelle pour la majorité des établissements. Pour la plupart d’entre eux (Centrale et Supélec notamment), l’attitude classique consiste à laisser aux associations d’anciens le rôle d’animation de la communauté des diplômés. L’Ecole vit ensuite sur un petit noyau d’anciens qui prennent d’eux-mêmes l’initiative de rester proches de leur école, et qui participent au conseil d’administration, donnent des cours … Pas de stratégie construite de relation, ni d’approche globale de la communauté dans ce cas.
Sans parler du fait que cette démarche est très nouvelle pour les Universités, qui constituent la plus grande part de notre enseignement supérieur.
Les exemples souvent cités de Polytechnique ou des Arts et Métiers constituent probablement, à ce titre, des exceptions.
– Le contexte a radicalement changé depuis l’époque supposée des « Mafias d’Anciens » : entre temps le monde s’est ouvert, et nos écoles sont devenues toutes petites sur le marché mondial de l’éducation. Que pourrait signifier une « mafias de centraliens » en Chine ou au Brésil ? Dans un univers ouvert, la mobilisation du réseau des diplômés constitue une démarche intelligente de réseau, dans un environnement ultra compétitif. Rien à voir avec les petits mondes clos et clubés que supposent les mafias d’Anciens « à l’ancienne » !
Quelques doutes sur l’efficacité des réseaux d’alumni
http://blog.educpros.fr/pierredubois/?s=alumni
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