Les demandes adressées par les clients de formation executive à leurs prestataires (écoles et universités) seront probablement de plus en plus internationales à l’avenir. Accéléré par la vague digitale, ce processus encore émergent et multi forme, pourrait constituer le prochain challenge majeur pour les acteurs de la formation continue.
Dans un billet publié il y a 2 ans, je posais la question de l’internationalisation des organismes de formation continue. Je vous avais parlé notamment de l’écart entre la dimension de plus en plus internationale des clients de formation continue, et le caractère souvent local des prestataires de formation, notamment ceux qui sont issus des écoles et des universités.
Quand on s’appelle CentraleSupélec ou toute autre marque prestigieuse, on a un accès direct aux DRH des grands groupes globaux ; mais souvent, la capacité d’action de nos structures de formation ne dépasse guère la France, voire la Région Parisienne …
Depuis, selon mon observation, le phénomène s’est accentué, et on voit désormais régulièrement passer des appels d’offre d’entreprises qui cherchent des prestataires capables de déployer une formation sur plusieurs pays, sans financer les déplacements de formateurs français ; tout en exigeant une ingénierie commune et un contrôle qualité global.
Comment les organismes de formation peuvent-ils relever ce challenge ?
A la réflexion, le problème m’apparaît très complexe, car la demande des entreprises est hétérogène.
Chez beaucoup de grands groupes, on sent un hiatus entre les DRH Groupe, qui rêvent de programmes globaux de formation continue, et les DRH locales, notamment dans les pays émergents, qui veulent montrer leur ancrage local et faire travailler des prestataires locaux ; parfois même, les initiatives du Groupe d’imposer un prestataire global sont perçues comme une contrainte jacobine et centralisatrice. Face à cette demande, la réponse pour les organismes de formation repose sur une approche multidomestique, par exemple en créant un réseau de partenaires locaux associés, placés sous une même marque, mais identifiés spécifiquement par les filiales locales des Groupes. La capacité d’action et la visibilité locales sont alors primordiales.
Dans d’autres cas, la demande des grandes entreprises est plutôt de créer dans un lieu neutre, un programme de séminaires pour dirigeants issus de tous les pays dans lesquels l’entreprise est implantée ; séminaires haut de gamme, très globaux. La réponse pour les organismes est plus simple (il s’agit d’organiser des événements), mais suppose de disposer d’un corps de formateurs très internationaux, afin de donner une couleur multi culturelle à l’événement. Une marque visible à l’international, et un réseau de formateurs de très haut niveau et d’origines très diverses, constituent dans ce cas des éléments clefs de la réponse.
Enfin, la demande des clients peut être aussi de former largement des groupes de population similaires, dans l’ensemble des pays d’implantation ; par exemple les managers supply chain, les responsables financiers, les directeurs d’usines etc … Ce type de demande est souvent impulsé au niveau du siège, dans un souci d’impulser des pratiques Groupe.
On s’adresse dans ce cas à des populations beaucoup plus nombreuses, sur des sites trop nombreux pour pouvoir être traités par un réseau de partenaires. C’est là que les dispositifs digitaux ont pleinement leur rôle à jouer, car l’international permet d’amortir largement les coûts d’ingénierie et de production, sur un très grand nombre d’apprenants. Les compétences clefs attendues du prestataire de formation sont alors la capacité à utiliser des dispositifs à distance, mais aussi et surtout la capacité à animer à distance un large réseau d’apprenants, qui ne se rencontrent jamais tous en même temps sur le même lieu physique. Les compétences de community management, d’animation à distance, de gamification, etc … trouvent là à mon avis leur meilleur terrain d’application.
Tout ce que je viens de décrire peut vous paraître confus ; j’en retiens surtout que le secteur de la formation continue, très engagé dans la révolution digitale, est peut être à l’orée d’une nouvelle transformation, celle de l’international, les 2 phénomènes étant d’ailleurs assez liés.
De nouveaux enjeux en perspective pour nos établissements, encore tout occupés à digérer la récente loi de 2014 réformant la formation professionnelle ….
Deux points clés sont effectivement à lever : la capacité de commercialisation à l’international, avec tout le marketing que cela suppose, et la capacité de gestion des apprenants étrangers, d’un point de vue qualité mais aussi logistique.