Quel acteur français demain en Ligue 1 de l’Enseignement Supérieur mondial ?

Aujourd’hui, l’enseignement supérieur est essentiellement une activité nationale. Les grandes universités et les écoles draînent en entrée de cursus essentiellement des étudiants nationaux, issus du baccalauréat ou  des classes préparatoires.17 jvr 17_2_carte du mode

Si certains établissements affichent à des proportions de 25 à 30% d’étudiants internationaux dans leurs promotions, c’est principalement par le biais des mobilités en cours de cursus qu’ils y parviennent : quand un étudiant de la TU Munich vient faire un double diplôme dans une école d’ingénieur française, c’est dans le cadre de son parcours ; cette étudiant allemand a le plus souvent choisi l’école française car elle est le partenaire français de son université, souvent sans connaître le nom de cette Ecole au préalable. Le centre de gravité de son parcours académique est à Munich, et son attachement ultérieur en tant qu’alumni restera à la TUM.

L’internationalisation par les mobilités inter-universités contribue à faire connaître les établissements français à l’étranger, mais ne constitue pas en tant que tel un témoin d’attractivité per se de ces établissements auprès des étudiants étrangers.

Seules quelques universités américaine (la Ivy League), Oxford et Cambridge, sont des marques réellement connues mondialement, capables d’attirer sur leur propre nom une fraction des meilleurs étudiants non américains ou non britanniques.19 fevrier 2018_étudiants avec drapeaus

Je pense que cette situation est en train de changer. Très vite.

En effet, une minorité d’étudiants (encore petite -moins de 10 millions sur plus de 200 millions – mais en croissance rapide) fait évoluer le système : ces étudiants, principalement issus d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine, et également de plus en plus d’Europe, font d’emblée le choix d’étudier hors de leur pays d’origine. Leur espace de choix n’est plus leur pays, mais le monde.

Même peu nombreux, ces étudiants regardent les classements internationaux (Shanghai, THE, QS …) ; il peuplent les masters internationaux que les universités créent spécifiquement pour eux, et qui contribuent de plus en plus au financement de ces établissements ; ils amènent les universités à créer des équipes marketing, faire de la communication, organiser des produits d’appels tels que les summer schools etc … Petit à petit, ils sont en train de faire émerger une Ligue 1 de l’enseignement supérieur, en quelque sorte.

Ces étudiants vont bien sûr en priorité vers les quelques universités américaines et anglaises déjà visibles, mais peu à peu, étant de plus en plus nombreux, ils élargissent leur champ de vision et contribuent à faire émerger de nouveaux acteurs. L’EPFL, Imperial College, McGill ont ces dernières années changé de statut, passant de celui de très bonnes universités locales à celui d’acteurs globaux, visibles directement des meilleurs étudiants internationaux.

Aujourd’hui, le comportement de cette minorité d’étudiants influe massivement sur celui de la majorité, celle des étudiants qui gardent le « réflexe national » dans leur choix d’études supérieures. Même si les universités françaises en science et les classes préparatoires scientifiques restent le choix privilégié des bons élèves de Terminale S, l’alternative de l’EPFL ou d’Imperial College est désormais présente à l’esprit de la plupart de ces élèves ; et certains sautent le pas…

Cette ligue 1 d’universités à visibilité mondiale n’a pas besoin de passer par les mobilités inter établissements pour attirer des étudiants étrangers ; elle est  capable de jouer en B to C, et non plus seulement en B to B, si on veut reprendre un vocabulaire inspiré de l’entreprise. C’est un changement fondamental.19 fevrier 2018_étudiant africaine

Demain, nous verrons entrer dans cette ligue des établissements asiatiques (NUS ? Beida ?), qui rejoindront les traditionnels leaders américains et britanniques. Il y aura peu d’élus, car cette nouvelle ligue sera très hiérarchisée, et l’évolution sera probablement rapide ; quand la nouvelle Ligue 1 sera constituée, quand les hiérarchies seront stabilisées, il sera trop tard pour y entrer

Quel acteur français fera partie de cette Ligue ?

C’est tout l’enjeu des regroupements en cours aujourd’hui, et la prochaine frontière de l’internationalisation de nos établissements.

This entry was posted on dimanche, février 18th, 2018 at 12:47 and is filed under International. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.

One Response to “Quel acteur français demain en Ligue 1 de l’Enseignement Supérieur mondial ?”

  1. mal_pensant Says:

    « il peuplent les masters internationaux que les universités créent spécifiquement pour eux, et qui contribuent de plus en plus au financement de ces établissements »… Quelle est la crédibilité de ces masters « internationaux » créés uniquement pour drainer de l’argent ?

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