Un MOOC, kesako?

Les MOOC, ou Massive Open Online Courses, ont reçu une attention considérable depuis que des universités comme Stanford, Harvard ou le MIT ont commencé à organiser gratuitement ces cours en ligne fin 2011. En moins d’un an, trois millions d’internautes se sont inscrits à Coursera, la principale plate-forme d’hébergement de MOOC, une croissance quatre fois supérieure à celle de Facebook à ses débuts.

Les médias commencent à s’y intéresser, et le phénomène est pris au sérieux par les établissements d’enseignement supérieur, comme par les organismes de formation ou même les grosses entreprises. Du fait de la relative nouveauté du concept, il règne une certaine confusion sur la définition : de nombreux cours ou ressources pédagogiques en ligne sont qualifiés, parfois à tort de MOOC.  Le galvaudage de la définition du MOOC à des fins médiatiques tourne parfois au ridicule, avec des « MOOC » de deux heures, alors qu’un cours est censé durer plusieurs semaines voire plusieurs mois. Ceci tient en partie au fait que ces cours peuvent prendre des formes diverses, formes qui reflètent la variété de pédagogies possibles. La définition du terme reste donc relativement souple ; il est cependant utile de garder à l’esprit quelques points importants afin que celle-ci ne soit pas complètement récupérée pour profiter de l’engouement général pour le sujet.

Massive

Les premiers MOOC organisés par des professeurs de Stanford fin 2011 ont réuni plus de 150.000 participants, et certains ont dépassé sur Coursera les 180.000 inscrits. Ces chiffres impressionnants ne concernent cependant qu’une minorité de cours, la plupart approchant davantage les 50.000 participants pour les cours dispensés en anglais. Les MOOC dispensés en français n’atteignent pas ces tailles, même sur Coursera. Le MOOC Gestion de Projet de Rémi Bachelet (Centrale Lille) auquel j’ai collaboré n’a réuni « que » 3600 étudiants. La définition de Massive est relativement arbitraire, et il est relativement difficile de fixer la limite : 1000 participants ? 500 participants ? Une chose est sure, un cours où seule une cinquantaine de personnes échangent sur un forum n’est pas Massive.

 Open

Le Open vient de Open Registration, c’est-à-dire que tout le monde est autorisé à s’inscrire, indépendamment de son âge, de sa profession, ou de son niveau d’étude. Si par exemple un cours en ligne est ouvert à plusieurs milliers d’étudiants de différentes universités, mais que l’inscription à un établissement est obligatoire pour y avoir accès, alors le cours est « Massif » sans être Open. On parle alors de Massive Online Course, ou MOC. Par ailleurs, il ne faut pas le confondre avec le Open de Open Source ou de Open Access. Les cours ne sont pas nécessairement en licence libre, en particulier sur Coursera. Il ne signifie pas non plus gratuit. La plupart des MOOC sont gratuits pour le moment, mais le modèle économique n’étant pas encore viable, il est probable que la situation évolue.

 Online

Le cours est conçu pour pouvoir être suivi entièrement en ligne, il ne s’agit pas uniquement de mettre des ressources pédagogiques en ligne. Les exercices, les devoirs et les examens doivent pouvoir être faits sur internet. Cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas d’interaction dans le monde réel, bien au contraire. De plus en plus fréquemment les participants d’un MOOC se rencontrent dans différentes villes, de manière informelle ou pour discuter du cours. Par ailleurs, de nombreuses universités, comme l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, organisent un cours en présentiel en parallèle, et l’examen est similaire pour les participants du MOOC et pour les étudiants au sein de l’université.

 Course

Le terme Course est celui qui pose le plus de problèmes de définition. Les premiers MOOC ont été impulsés en 2008 par des chercheurs canadiens comme Georges Siemens et Stephen Downes. Ils désignaient alors des cours basés sur le connectivisme, où l’apprentissage est décentralisé, le cours est co-construit avec les participants et où l’enseignant en charge a davantage un rôle de facilitateur des interactions que d’instructeur. Le focus est davantage sur les blogs, les lectures personnelles et les interactions que sur le rendu de devoirs et les examens. On désigne souvent ces cours par le terme de cMOOC en référence au connectivisme. Ils ont peu de choses à voir avec les MOOC académiques que l’on retrouve sur Coursera, souvent qualifiés de xMOOC, où les devoirs et les examens jouent un rôle fondamental. Au vu de l’évolution des pratiques pédagogiques en ligne, il est de plus en plus difficile de ranger les MOOC dans des catégories définies, et la frontière entre cMOOC et xMOOC a tendance à devenir de plus en plus floue.

L’essor des MOOC est en train de modifier les rapports de force dans l’univers de l’enseignement supérieur au niveau mondial. Tous les domaines académiques sont concernés : des statistiques à la littérature en passant par la physique nucléaire. Le phénomène a commencé au niveau de l’enseignement supérieur mais s’étend progressivement à la formation continue d’une part et à l’enseignement pré-universitaire d’autre part. Les prestigieuses universités américaines ont pris une avance considérable dans le marché anglophone, et commencent à lorgner vers d’autres marchés, en particulier la Chine. Dans le monde francophone, les établissements suisses comme l’EPFL sont particulièrement actifs dans le domaine. Il est grand temps pour les enseignants français de prendre l’initiative et aux établissements de les soutenir si l’on souhaite éviter que les prochaines générations d’étudiants français ne soient formées par des universités étrangères, ou que les professeurs français ne deviennent des salariés de Coursera.

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