Cela devait arriver. Et bien voilà, c’est fait! Le premier MOOC pour bacheliers commence dans moins de trois semaines et c’est un MOOC de philo. L’idée a été lancée par la start-up Pythagora, soutenue par France Télévisions. Vous pouvez écouter l’émission d’Emmanuel Davidenfoff sur France Info.
Il débute le 27 mai (inscriptions à partir du 15 mai). Au programme: deux leçons méthodologiques, 18 leçons synthétiques d’une demi-heure pour revenir sur les principaux points du programme, un professeur présent tous les soirs à partir de 19h pour répondre aux questions sur les forums. Les professeurs en charge: Jean-Claude Poizat et Frédéric Grolleau.
En cas de succès, il y aura quelques leçons à tirer. Premièrement, la question de la durée. Les MOOC de moins d’un mois ont de beaux jours devant eux. Il y a eu un certain nombre de cours de ce format depuis l’hiver, le MOOC MOOC sur Canvas.net par exemple, qui ne durait qu’une semaine. Sur Coursera, difficile de trouver en dessous de quatre semaines, mais il y a quelques exceptions, comme le Science, Technology, and Society in China I: Basic Concepts de l’université des sciences et technologies d’Hong Kong, qui ne dure que trois semaines. Je pense que ce format a de l’avenir dans la mesure où moins le cours dure longtemps, plus il est facile d’aller au bout. C’est presque une lapalissade. Je pense que le taux de complétion élevé du MOOC Gestion de Projet qui s’est déroulé au mois d’avril (GdP) était en grande partie lié au fait qu’il ne durait que cinq semaines. Rémi Bachelet, l’enseignant à l’initiative de GdP, envisage d’ailleurs d’organiser bientôt d’autres MOOC de trois semaines ou moins. Mais point d’annonce précoce tant que les choses ne sont pas fixées.
Deuxièmement, la question du secondaire. Le mouvement MOOC a commencé dans le supérieur aux Etats-Unis, et il progresse rapidement vers le pré-universitaire d’une part et vers la formation continue d’autre part. Il est intéressant de voir que le secondaire est investi aussi vite en France alors qu’il n’y a eu qu’un MOOC d’un établissement du supérieur en France (le nôtre). Comme quoi l’idée est contagieuse et le tapage médiatique qui a eu lieu autour des MOOC américains a fait son petit effet. Nombreux sont ceux qui se montrent sceptiques par rapport aux MOOC du secondaire. On entend régulièrement deux types d’arguments. Le premier: les lycéens ne sont pas assez matures pour prendre en charge leur propre processus d’apprentissage – ils ont besoin d’être fortement encadrés. Outre le fait que je ne trouve pas cet argument particulièrement flatteur pour les lycéns, il ne me convainc pas.
On reproche aux lycéens de manquer d’autonomie donc … donc on les en prive pour être certains qu’ils ne la développent pas. Logique. Par ailleurs, les lycéens sont des digital natives; je n’entrerai pas dans le débat sur la pertinence de cette appellation, mais je reste persuadé que le format MOOC est davantage adapté que la salle de classe pour ces esprits qui sont baignés dans l’univers numérique. Enfin, le bac constitue pour certains une excellente motivation pour se motiver. Le second argument qui a peut être davantage de fondements est la question de la compétition. Entre les annales, les profs particuliers et les cours du soir, les lycéens sont déjà bien encadrés pour réviser le bac. Raisonnement trop qualitatif à mon goût. Tous les lycéens n’ont pas les moyens de s’acheter l’ensemble des annales ou de se payer des profs particuliers. Et puis, réviser avec des milliers d’autres lycéens, cela créer une émulation qu’il n’y a pas lorsque l’on bachote seul.
Je suis donc persuadé que les MOOC pour bacheliers sont une excellente idée qui va se développer dès l’année prochaine. Pour ne rien vous cacher j’ai moi-même hésité il y a quelques mois à reprendre les cours numérisés de mon oncle agrégé de physique pour tenter un lancer un MOOC pour bacheliers dès cette année. Mais je me suis engagé dans le MOOC Gestion de Projet, et puis je fais de la recherche sur les MOOC, je ne suis pas censé en monter (ou alors pas trop), on ne peut pas tout faire. En revanche, je soutiens fortement les initiatives qui vont dans ce sens.
Bon courage donc à Claude Poizat et Frédéric Grolleau! Nous allons être nombreux à suivre de près votre initiative!
Source photo licence cc by-sa
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