La première session du MOOC Gestion de Projet s’est terminée il y a maintenant quatre mois. Elle a soulevé de nombreuses questions. Nous nous proposons dans ce billet de discuter de l’une des plus récurrentes: Qui étaient les participants ? Quels étaient leur niveau d’étude, leur profession, leur nationalité ? Parmi les 3600 personnes qui se sont inscrites, pas moins de 2346 personnes ont répondu au questionnaire démographique que nous avons mis en place, soit la quasi-totalité des participants actifs, ce qui est relativement exceptionnel pour un MOOC. En général, sur les plates-formes américaines, seuls quelques pourcents des participants y répondent. Cette étude démographique du cours est donc l’une des plus précises en son genre…. Retour sur la question de la démographie du MOOC.
Difficile de savoir par où commencer au vu de la diversité des résultats. Nous allons débuter par la question de l’expérience, d’abord en termes de formation en ligne, mais aussi en termes de gestion de projet. A la question Avez-vous déjà suivi une formation en ligne ?, pas moins de 70.7 % des participants ont répondu par la négative, 5.5 % avaient déjà suivi un MOOC sur Coursera, 2.9% un cMOOC (Itypa très probablement), et 19.2% un autre type de formation à distance.
Nous avons ensuite posé la question de l’expérience en gestion de projet, le thème du cours. Seuls 26.4 % n’avaient absolument aucune expérience de la gestion de projet, 20.9 % n’avaient qu’une expérience pratique, 33.9 % avaient quelques notions théoriques en plus de leur expérience pratique, 15.2% avaient déjà suivi des formations en plus de leur expérience pratique, et 3.7% étaient très expérimentés en plus d’être formés. Que conclure de ces chiffres ? Nous avons eu affaire à un public confronté quotidiennement à la gestion de projet, et qui cherchait à se former de manière auto-didacte, sans avoir pour autant une expérience approfondie de la formation en ligne. Cela laisse à penser que nous sommes bien à un véritable tournant. Le MOOC n’a pas été suivi uniquement par des habitués des formations à distance, mais bien par un public qui découvrait le phénomène.
Deuxième type de questions: le niveau d’étude et la catégorie socio-professionnelle. Première constatation, les étudiants étaient minoritaires, ils ne représentaient que 14.3 % des participants. A peu près au même niveau que les étudiants, les personnes en recherche d’emploi (13.7%), et les employés (13.4%). Les cadres et professions intellectuelles, bref, les cadres sup, étaient largement majoritaires (52.2%). La question du niveau d’études est sensiblement la même. 18.4% des participants possédaient un diplôme de niveau de niveau bac+3, 62.5 % un niveau bac+5, et 7.5% un doctorat. Ils n’étaient que 8.3% à avoir un diplôme inférieur à la licence et 0.5% à ne pas avoir de diplôme. Cela colle assez bien aux résultats que nous avons obtenu avec les catégories socio-professionnelles.
Nous avons donc eu affaire à un public assez diplômé. Les chômeurs, les employés, les professions intermédiaires et les cadres sup représentaient près de 80% des participants; c’est le public de la formation continue par excellence, il y a de quoi interroger les organismes de formation, à défaut de les inquiéter. Dans un premier temps, j’ai été relativement surpris de ces chiffres; je pensais que les étudiants seraient nettement plus nombreux, mais en France, les MOOC sont encore très peu connus auprès de la gente estudiantine. Les étudiants sont à mon avis saturés par la formation et l’apprentissage; mis à part quelques learnoholics, les drogués de l’apprentissage, ils sont relativement peu nombreux à se former en addition de leurs cours universitaires. Il semblerait que ceux qui ont suivi le MOOC GdP l’ont donc fait avant tout pour des raisons pratiques, car ils en avaient besoin dans leur vie professionnelle; c’est un cas d’apprentissage opportuniste.
Revenons-en maintenant à la question du genre et de l’âge. La gente masculine était nettement prédominante : 68 % d’hommes contre 32 % de femmes. Maintenant, la pyramide des âges : le public était assez jeune, avec 37.2% des participants compris entre 20 et 30 ans, et 33.6 % entre 30 et 40 ans. 0.2% des participants (soit 4) avaient plus de 65 ans et 3.1 % ( soit 71) entre 18 et 20 ans. Fin de lycée ou début d’études donc. Je pense qu’il faut interpréter ces résultats à la lumière des données sur les catégories socio-professionnelles.
Concernant l’âge, les résultats concordent assez bien avec l’image qu’on peut se faire d’un public de jeunes cadres dynamiques (et de cadres dynamiques mais un peu moins jeunes). Concernant l’effet du genre, il est difficile de faire la part des choses entre la question des usages d’internet, qui est sans aucun doute genrée, et le fait que nous avions un public de cadres supérieurs – qu’on le déplore ou non – dominé par la gente masculine. Impossible de trancher avec les données d’un seul et unique MOOC, mais c’est une question passionnante.
Enfin, terminons par la question de l’origine géographique. Comme on pouvait s’y attendre, la majorité des participants habitaient en France (60.6%), mais une grande partie était issue de la francophonie, des pays comme le Burkina Faso (136 participants, 6%) le Maroc (106 participants, 4.7%), suivie du Sénégal (119 participants, 5.2%), de la Côte d’Ivoire (68 participants, 3%), Haïti (53 participants, 2.3%), mais aussi la Tunisie, l’Algérie, le Québec, la Belgique, Madagascar. Le résultat était prévisible. Outre la francophonie, un certain nombre de participants venaient de pays complètement inattendus, même s’ils étaient évidemment minoritaires. Ainsi, nous avons eu 3 personnes du Brésil, 4 d’Australie, huit d’Arabie Saoudite. Nous avons mis en place à cette adresse une carte interactive détaillant le nombre de participants par pays. L’Afrique a été somme toute relativement bien représentée, avec plusieurs centaines de participants. Cependant, je ne m’attarderai pas sur la question des MOOC et l’éducation dans le Tiers-Monde. La majorité de ceux qui ont suivi le MOOC en Afrique étaient déjà très diplômés, nous ne sommes pas encore dans une démarche de démocratisation du savoir à toutes les échelles de la société.
On dit souvent que les MOOC profitent à ceux qui n’en ont pas vraiment besoin. Ce n’est pas tout à fait vrai, les MOOC profitent à des personnes déjà très éduquées, cela qui veut pas dire qu’elles n’ont besoin du cours. Il n’est pas surprenant de constater un haut niveau de diplomation au sein des personnes suivant de près ce qui se passe dans le domaine de l’éducation (les early-adopters), et déjà dans une démarche d’auto-formation qui plus est. Je reste persuadé que le public des MOOC s’élargira très rapidement, pour toucher davantage les étudiants, davantage de pays, et ouvrir la voie à une véritable démocratisation de l’apprentissage. Dans moins d’un mois, une nouvelle session du MOOC Gestion de Projet est relancée, et nous reposerons les mêmes questions. Nous allons donc savoir très vite comment la situation évolue du côté des apprenants …
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