xMOOC : origins

Ah, combien de pages et de pages de script ont été rédigées pour le MOOC MOOC. On ne les compte même plus. Autant valoriser le travail effectué en diffusant petit à petit les vidéos et les textes produits. Après tout, ce qui a le plus de valeur, c’est l’usage et non la ressource, n’est-ce pas ? Ce serait dommage que les vidéos et les textes ne soient pas disponibles en dehors des éditions du MOOC. A  quoi bon développer des ressources pensées pour l’asynchrone si c’est pour les rendre disponibles seulement sur de courtes périodes ? Voici donc le premier billet d’une longue série, avec le format  « vidéo de cours » et en-dessous le script associé. Dans ce cours de 6 minutes, nous revenons sur les débuts du phénomène MOOC. Des éléments développés de manière plus approfondie dans les billets Un MOOC, kesako ?, Comment tout a commencé et  MOOC : les plates-formes américaines et résumés en une seule vidéo pour être aussi concis que possible. Retour aux origines des xMOOC …


Les MOOC, tout le monde en parle, mais personne n’est vraiment d’accord sur ce que c’est. Je vous propose de revenir rapidement d’abord sur le contexte dans lequel ils sont apparus, puis sur leur définition. Tout d’abord, il faut savoir que le fait d’utiliser Internet pour diffuser des ressources pédagogiques n’a strictement rien de nouveau. Prenons les ressources éducatives libres par exemple. Les ressources éducatives libres, ou REL, sont des ressources pédagogiques accessibles en ligne gratuitement, comme des polycopiés, des présentations ou des vidéos de cours. Si l’on s’en tient à une définition stricte, en licence libre ou de libre diffusion. C’est-à-dire qu’elles peuvent être utilisées par des enseignants  sans qu’il n’y ait rien à payer, par exemple pour mettre au point leur cours.

Il y a deux grands types d’usages pour les REL. D’une part la réappropriation par des enseignants dans le cadre de leurs cours, d’autre part l’utilisation par des autodidactes dans une démarche d’autoformation. Un des exemples emblématiques des REL est sans doute la Khan Academy. Fondée en 2006 par Salman Khan, elle proposait à l’origine des vidéos de mathématiques courtes de niveau école primaire, et offre maintenant des cours qui vont de la biologie à l’économie en passant par l’histoire, aussi bien au niveau collège, au niveau lycée ou à un niveau universitaire. L’Open Courseware est un cas particulier de REL. Ce sont des ressources qui ont été mises au point dans le cadre d’un enseignement en présentiel, en face à face, et qui vont simplement être diffusées sur Internet

L’un des plus célèbres sites d’OCW est celui du MIT, lancé en 2001. On y trouve beaucoup de cours, avec pour certains simplement les prises de notes des élèves, et pour d’autres, des heures et des heures de cours sous forme de  vidéos. Un autre site d’OCW très connu est iTunesU, un service lancé par Apple et sur lequel on trouve des cours d’universités prestigieuses du monde entier, dont beaucoup d’universités américaines. Prenons l’exemple d’un cours du MIT sur les politiques énergétiques. Vous allez avoir le programme du cours, le calendrier, là les devoirs, les lectures conseillées, les vidéos de cours. Ces vidéos sont en général assez longues, parfois plus d’une heure. Par ailleurs, elles ne sont pas toujours de très bonne qualité et n’ont clairement pas été pensées pour Internet.

Le problème des OCW, c’est d’une part leur qualité très hétérogène, et d’autre part qu’ils sont peu ou en général pas du tout interactifs. Ce sont des ressources, une information. Et information n’est pas formation. Sans transition, je vous propose donc de revenir rapidement sur le cas de la formation à distance. L’enseignement à distance, ou la formation à distance, c’est à dire le fait de pouvoir former des personnes malgré l’éloignement géographique, cela a commencé bien avant Internet. Cela fait des décennies, voire des siècles que cela existe. La façon de pratiquer a simplement suivi l’évolution des technologies.

 Alors qu’autrefois on utilisait la Poste pour envoyer ses devoirs et recevoir ses corrections, on se sert en général maintenant de plates-formes d’enseignement informatisées qui permettent de réaliser ce que l’on faisait avant par correspondance. On parle en général de  LMS, pour Learning Management Systems. Ces outils permettent de la gestion de contenus, par exemple pour rendre disponibles des ressources pédagogiques. Mais ils permettent également de suivre les activités des apprenants, éventuellement de mettre en place une forme de tutorat.

 Les LMS les plus répandus sont sans doute Blackboard, une solution propriétaire née à la fin des années 1990, puis Moodle, une solution open source qui a pris son essor dans les années 2000 pour devenir une référence internationale. Un des organismes de formation les plus célèbres de formation à distance est sans doute l’Open University britannique, qui a formé et qui continue de former des centaines de milliers de personnes à travers le monde. Les formations à distance sont interactives à tous les sens du terme, mais restent limitées à une certaine audience car elles sont en général payantes. Une interprétation possible des MOOC c’est de dire qu’ils ont emprunté aux REL et à l’Open Courseware leur côté ouvert et “massif”, et à la formation à distance leur côté interactif. Je vous propose de revenir sur le sigle un peu plus précisément.

  •  M comme Massif. Un cours peut accueillir des milliers, voire des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers de personnes pour les plus gros.
  • O de Open, cela signifie que n’importe qui peut s’inscrire gratuitement. Il peut y avoir des services additionnels payants comme les certificats authentifiés, mais on doit pouvoir accéder à l’essentiel des ressources gratuitement.
  •  O de Online. Le cours doit pouvoir être suivi intégralement en ligne. On peut proposer par ailleurs des livres payants, mais ils ne doivent pas être indispensables au bon suivi du cours.
  • Enfin C de Course. Un MOOC est un cours interactif avec des objectifs et des parcours pédagogiques. Ce n’est pas simplement une bibliothèque de ressources. Dans la définition la plus commune du terme MOOC, ce sont des événements limités dans le temps, en général de quelques semaines, même si la définition a tendance à évoluer rapidement.

Les premiers MOOC sont apparus en 2008 sous l’impulsion de chercheurs canadiens et s’inscrivaient dans une logique très différente des MOOC actuels. On parlait de MOOC connectivistes. L’apprentissage y est décentralisé et l’instructeur y joue davantage un rôle de facilitateur des interactions qu’un rôle de “sachant” qui transmet un savoir. L’idée est de se baser presque exclusivement sur les contributions des participants et sur des ressources déjà disponibles sur Internet. Les interactions se déroulent sur les réseaux sociaux, les forums, et les blogs personnels des participants.  Cette approche est particulièrement intéressante pour des domaines à évolution rapide et quand Internet regorge de ressources sur le sujet. Mais elle va rester cantonnée pendant plusieurs années à un groupe restreint d’innovateurs et à une communauté d’initiés.

La véritable vague commence en 2011, quand plusieurs équipes pédagogiques de Stanford vont ouvrir à tous une formation gratuite et ouverte à tous. Le plus emblématique est sans doute le cours Intelligence Artificielle de Sebastian Thrun, qui va accueillir plus de 160.000 participants. Ces MOOC vont s’inscrire dans une pédagogique beaucoup plus traditionnelle, avec l’équivalent numérique des cours magistraux et des travaux dirigés et assez peu de travail collaboratif, même si les modèles pédagogiques vont rapidement évoluer. On les appellera les xMOOC pour les distinguer des cMOOC. Dans la foulée de ce succès, deux startups sont créées, Coursera et Udacity, et un consortium public fondé par Harvard et le MIT, edX. Des dizaines d’établissements se lancent à travers le monde dans la création de cours. Très rapidement, des millions de personnes s’inscrivent et le phénomène devient réellement mondial.

PS : Au fait, juste pour le fun, la même version, mais avec des liens dynamiques. Un petit travail réalisé avec la startup Pulpix. Une illustration de ce que l’on peut faire avec le rich media … Par contre, vu la façon dont j’ai fait le truc, on peut pas le mettre en plein écran.

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