Structurer son MOOC, un véritable casse-tête

http://www.dreamstime.com/royalty-free-stock-image-team-work-image14676046Une fois que vous avez défini les objectifs pédagogiques et les activités que vous souhaitez organiser dans votre MOOC, que vous avez les idées claires sur les modalités d’interaction que vous voulez mettre en place, il va falloir structurer tout cela. Structurer la formation, cela implique de faire un certain nombre de choix, comme la durée du cours, le nombre exact d’activités et de devoirs à rendre, leur séquence, la charge de travail hebdomadaire pour les participants, la pondération des différentes activités, et éventuellement la mise en place de différents parcours.


Tout d’abord, sur la question de la durée. Les MOOC durent généralement de trois ou quatre semaines pour les plus courts, à 14 voir 15 semaines pour les plus longs. Le problème avec les cours trop longs, c’est que les gens ont tendance à se désengager rapidement. Les cours des dernières semaines sont nettement moins suivis que ceux des premières. En général, au bout de quelques semaines, vous n’avez même pas le quart de ce que vous aviez au début.  

Il suffit de regarder les courbes d’activité des MOOC pour s’en persuader. Il sera sans doute plus facile de se motiver pour aller jusqu’au bout de la formation si c’est plus court. En même temps, vous avez peut-être beaucoup de choses à caser, et cela peut-être frustrant de devoir faire des choix. Faites plusieurs MOOC dans ce cas, ou pourquoi pas plusieurs parcours parallèles au sein du même MOOC. Mais je vous conseille d’éviter de faire des MOOC trop longs, et d’expérimenter plutôt les formats courts.

Ensuite, le nombre d’activités, et de devoirs à rendre (si vous avez des devoirs à rendre). Il y a certains MOOC avec seulement quelques quizz et un examen final, et d’autres avec un devoir à rendre chaque semaine pendant 8 semaines, ou un devoir à rendre toutes les deux semaines. Il faut trouver le juste équilibre entre une formation suffisamment ambitieuse pour mériter le nom de formation, et un MOOC impossible à suivre car trop difficile, et où vous n’aurez à la fin plus qu’une poignée de personnes ultra-motivés. Il vaut mieux éviter de prévoir une charge hebdomadaire trop élevée, ou alors prévoir au moins quelques activités pas trop chronophages.

Les enseignants ont parfois tendance à sous-estimer la charge de travail que représente une activité, car ils en maîtrisent les tenants et les aboutissants, et ils sont familiers avec l’usage des outils. Il faut garder en tête que la plupart des participants découvrent tout. Il faut faire attention à ne pas sous-estimer la charge de travail qu’implique chaque activité, et donc choisir un nombre de livrables et une charge associée adaptée au public du MOOC. Cela vaut pour les activités, mais aussi pour les vidéos. Si vous prévoyez trois heures de vidéos par semaine, cela représente souvent plus que ce  la plupart des participants peuvent accorder au MOOC.

Beaucoup devront donc choisir entre les activités et les vidéos, et ce serait dommage. Et même, les activités annexes, comme participer à l’évaluation par les pairs par exemple, regarder les forums, interagir, cela demande du temps en plus pour les participants. Tout s’additionne. Il ne faut pas raisonner comme si vous aviez un public d’étudiants, pour qui apprendre représente l’activité principale. La plus grande partie de votre audience a un travail, peut-être même une vie de famille et des loisirs.

Dans les premières éditions du MOOC Gestion de Projet, on avait demandé aux participants le temps qu’ils pensaient consacrer au MOOC. La plus grande partie d’entre eux a répondu moins de quatre heures, et beaucoup moins de deux heures. Quand on leur a demandé à la fin de la formation quel avait été le principal obstacle pour terminer le cours,  la plupart ont répondu le manque de temps. Conclusion, il faut y aller mollo sur les activités.

Après, cela ne veut pas dire que l’on ne peut pas prévoir des parcours ambitieux avec beaucoup de travail, mais il ne faut pas que ce soit la norme. Par exemple, dans le MOOC monter un MOOC de A à Z, d’un côté vous avez un parcours “individuel” où vous ne faites qu’analyser un MOOC existant, sans avoir à créer quoi que ce soit, et qui prend environ 2 à 3 heures par semaine. Et de l’autre côté un parcours où chacun peut proposer son propre projet, et qui implique nettement plus de travail. Alors, bien sûr, sur ce type de parcours, vous n’aurez pas tous les participants. Seulement quelques dizaines de personnes ont proposé des projets de MOOC dans le cadre de la première édition du cours “Monter un MOOC de A à Z”. Vous pouvez proposer plusieurs parcours parallèles, qui correspondent à différentes contraintes de temps, mais aussi à différentes attentes.

Et vous pouvez également proposer ou suggérer des parcours non officiels et non certifiants, et qui correspondent à différentes manières de suivre le cours. Par exemple, participer aux débats, ou à la recherche de ressources, à l’animation du cours en général, etc. Il faut à mon sens raisonner dans une logique “ouverte”. Dans le sigle MOOC, le O de Open ne signifie pas uniquement “gratuit”, cela va plus loin. C’est ouvert à des gens qui ont différentes motivations et façons d’apprendre.

Après, c’est certain, vous ne pourrez pas satisfaire tout le monde, vous n’allez pas passer trente heures pour faire un parcours sur mesure que deux personnes et demi vont suivre, car il faut quand même rester pragmatique. Parce qu’après, non seulement vous avez plus de travail de conception, mais vous devrez suivre que tout se passe bien, même pour dix personnes. En tant qu’équipe, n’oubliez pas que vous n’avez que vingt-quatre heures par jour.

Du coup, quand vous avez bien fixé tout cela, les activités, les charges de travail hebdomadaires, vous allez devoir mettre au point la séquence pédagogique, et le calendrier du cours. C’est à dire l’ordre des vidéos et des activités, semaine par semaine, et pour le calendrier, l’organisation de la formation, avec tout. 

  • Les dates de mise à disposition des ressources
  • Les deadlines
  • Les événements en direct
  • Les newsletters

Bref, tout. Cela vous permettra d’avoir les idées claires au sein de l’équipe, et même éventuellement de le montrer aux participants pour clarifier les choses.

Enfin, si vous avez mis en place un système d’attestation et/ou de certificat, vous aller devoir attribuer à chaque activité un certain nombre de points. Il va falloir trouver un certain équilibre pour que ces points reflètent l’investissement effectif nécessaire pour réaliser chaque activité. Quand vous avez défini vos objectifs, vos activités, que vous avez structuré et séquencé le tout, normalement, vous êtes prêts à attaquer le gros oeuvre. La phase de scénarisation se termine et vous entamez la phase de conception des ressources à proprement parler.

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