Mettre au point un MOOC implique de travailler en mode projet, et de bien maîtriser les outils de collaboration à distance, en particulier si l’ensemble de l’équipe n’est pas localisée au même endroit. Nous vous proposons dans cette vidéo de faire le tour des quelques outils informatiques assez pratiques dès lors que l’on souhaite se lancer dans l’aventure.
Tout d’abord, gérer un MOOC, ce n’est pas qu’une question d’outils, c’est une question de culture numérique, et de mentalité. Il y a des pré-requis assez élevés, ce type de projet nécessite une forte capacité d’adaptation. L’équipe doit être réactive, flexible, endurante, coordonnée, et avoir le culte de la deadline. C’est un véritable commando que vous allez devoir emmener jusqu’au bout d’un projet de plusieurs mois. Il va falloir pour cela maîtriser la gestion de documents, les outils de communication synchrone et asynchrone et la collaboration à distance en général.
Commençons par la gestion de documents. Peu importe les outils que vous utilisez, l’ensemble des documents que vous produisez dans le cadre du MOOC, scénarios pédagogiques, énoncés, scripts, diapositives, etc, doivent être disponibles en permanence par l’ensemble de l’équipe, et mis à jours en temps réel. Il faut donc mettre en place un espace partagé. Vous pouvez utiliser Google Drive ou Dropbox par exemple, ou le logiciel Open source Dokuwiki si vous tenez à maîtriser le devenir des données et les avoir sur votre propre serveur.
Idéalement, il faut que l’on puisse travailler en temps réel sur des documents partagés. La solution propriétaire la plus employée est sans doute la suite d’outils Google, comme les Google Docs, les feuilles de calcul Google, etc. Mais si vous êtes fâchés avec Google et que vous préférez les solutions open source, vous avez bien sûr Framapad ou Framacalc. Outils propriétaires ou open source, l’important, c’est que cela fonctionne. Si vous n’avez pas d’espace de travail en commun ou la possibilité de travailler collaborativement sur des documents, vous allez à l’encontre de grandes difficultés.
Car n’oubliez pas que vous allez devoir concevoir de grandes quantités de ressources : documents de cadrage, supports de cours, énoncés d’activités, sans compter les questionnaires de recherche qui permettront de mieux comprendre votre audience. Et cela demande un vrai travail de coordination. On utilise d’ailleurs parfois un document qui centralise tout et permet de suivre l’état d’avancement de l’ensemble des documents du MOOC. On parle de PBS.
Par ailleurs, il peut être très utile d’avoir une checklist que vous mettrez à jour tout au long du MOOC. Cela permet de ne pas rater une marche et de voir immédiatement ce qui pose, ou va poser problème. Et croyez-moi, quand vous voyez une case rouge dans votre checklist, vous avez intérêt à vous méfier, car cela peut avoir des conséquences très sérieuses pour la suite.
Abordons maintenant un peu les questions d’organisation de l’équipe. Il faut que vous ayez un outil de type mailing list efficace. On ne va pas entrer 18 adresses mails à chaque fois qu’on veut envoyer un message à l’équipe. Par ailleurs, si quelqu’un arrive dans le projet en cours de route, il doit pouvoir accéder à tous les échanges qui ont eu lieu jusqu’alors. Il faut que l’on puisse définir le niveau de notifications et gérer efficacement le groupe, etc etc. Un outil parmi d’autres, Google Groups, mais ce n’est pas le seul loin de là. Il ne faut pas sous-estimer l’importance de ce type d’outils de communication asynchrone, vraiment.
Ensuite, pour ce qui est des réunions, minimisez autant que possible les déplacements pour privilégier le travail à distance. Faites des comptes-rendus en temps réel et de manière collaborative. Vraiment vous devez faire les choses vite et bien. Faire un MOOC, c’est beaucoup de gestion de projet. Il y a énormément de travail et on peut vite se perdre, donc minimisez l’administratif, les déplacements, réduisez les réunions au strict nécessaire, et mettez en place des process de communication interne efficaces. Pas de réunionite, pas de tergiversation, il faut se met en ordre de marche et penser en mode startup.
Une fois que vous avez produit toutes les ressources nécessaires, il y a tout un travail d’intégration des contenus dans le LMS qui servira de support au cours. Il vous faudra devenir familier avec ce que l’on appelle le “Studio”, c’est à dire les coulisses d’une plate-forme, réservées aux enseignants. Tout ce que vous aurez décidé en amont : séquence pédagogique, date de mise à disposition des contenus, pondération des activités, doit être implémenté de manière concrète dans la plate-forme. Autant que possible, vous devez faire en sorte que les ressources pédagogiques et les différents éléments de la formation soient présentés de manière ergonomique et attractive, et cela peut demander du temps.
Et le temps, c’est sans doute ce que vous avez de plus précieux. Tiens, d’ailleurs, à ce sujet. Je vous conseille de tenir un décompte des heures précis de ce que chacun fait au sein de l’équipe. Dès que vous travaillez un peu sur un sujet. Vous avez passé deux heures à intégrer un contenu, une heure à faire du montage, une heure à regarder les forums ? Hop, vous le mettez dans votre décompte. Cela sera très utile au moment du bilan. Pour comprendre comment on peut optimiser le fonctionnement de l’équipe et la gestion du projet en général. Alors, je ne dis pas qu’il faut aller jusqu’à utiliser des outils dédiés, avec un chronomètre qu’on enclenche dès que l’on commence une tâche et que l’on arrête dès qu’on la finit. On n’est pas à la minute près on s’entend. On s’embarque pour un projet qui prend entre 500 et 1000 heures de travail. Mais à l’heure près oui tout de même.
Pour vous, c’est important au moment du bilan. Et puis en termes de retours d’expérience, c’est particulièrement intéressant pour la communauté. Le numérique en général, et le MOOC en particulier, cela peut coûter cher et il faut être capable de mesurer d’une part les retours sur investissements et d’autres part les coûts pour pouvoir prendre des décisions pertinentes. Avoir des éléments concrets à injecter dans le débat, comme des budgets solides, c’est important.
Bref, pour conclure, monter un MOOC, cela nécessite d’être à l’aise avec les outils de collaboration à distance et avec la gestion de projet. Outils de communication asynchrone comme les mailing lists, documents partagés, travail dans le cloud. Il faudra utiliser le tout de manière coordonnée et efficace. Ce sont des projets qui demandent beaucoup de rigueur, qui imposent de fonctionner à l’économie tout en sachant quand il ne faut pas hésiter à investir sur la qualité. Il va falloir pendant quelques mois se mettre à fonctionner en mode startup. Alors, êtes-vous prêts à relever le défi ?