Monter un MOOC, combien ça coûte ? Episode 4

budgetBon, on en a pas encore terminé avec les questions de sousous. Nous avons déjà parlé du coût du projet dans son ensemble, puis nous sommes entrés dans le détail de lots comme l’avant-projet, la communication ou l’animation de la formation. Aujourd’hui, j’aimerais aborder avec vous le principal lot de travail (ou du moins en général), à savoir, la production des ressources. Presque 500 heures de travail pour le MOOCAZ – un véritable cauchemar. Qu’est-ce qui coûte le plus cher dans cette étape, et quelles sont les erreurs à éviter ?

La mise au point des diapositives et des supports de cours a représenté le principal coût, avec près de 120 heures dépensées. J’ai été complètement déraisonnable, et c’est l’une de mes principales erreurs, il n’aurait pas fallu investir davantage qu’une cinquantaine d’heures.  Les diapositives ont été faites et refaites, pour une valeur ajoutée somme toute relativement faible. Que de temps à trouver le pingouin Tux (la mascotte de Linux) qui illustrait parfaitement le concept que je voulais illustrer.

Tux

Tux

Un Tux policier pour la modération des forums, un Tux pilote pour le pilotage du MOOC, et ainsi de suite (merci la Tux factory d’ailleurs). Bon, c’est important à mes yeux de faire des diapositives de bonne qualité, mais ce n’était pas la priorité. En tout cas, si c’était à refaire, je pense que je déléguerais le travail d’illustration à d’autres … Idéalement, je vous conseille de confier la tâche à un étudiant doué avec Powerpoint ; il saura y faire. L’enseignant principal doit se concentrer sur la pédagogie, et rien d’autre.

Bon, après, il faut bien mettre au point ses supports de cours non ? Les Gantt, check lists et autres documents qui servent de support ce MOOC, ils sont bien utiles au final, non ? J’aurais pu facilement diviser par deux le temps dédié à la conception des diapositives, et sûrement d’un tiers le temps dédié aux supports de cours. D’autant qu’au final, ce sont les vidéos de Rémi Sharrock qui ont eu le plus de succès (non je ne suis pas jaloux, je ne vois pas de quoi vous parlez).

Par ailleurs, Audrey et moi avons finalement adopté le format « Prompteur » après avoir constaté nos piètres talents d’improvisateur face à une caméra. En tout, près d’une centaine d’heures de travail investies dans la rédaction des scripts. Une activité chronophage certes, mais je ne pense pas que cela soit vain (et en plus quasiment tout a été diffusé dans le blog au cours des derniers mois, comme vous avez pu le constater). Cela nous a permis d’économiser beaucoup de temps au moment de la captation, où nous avons battu des records de vitesse. Dix à quinze minutes de tournage pour une vidéo de cinq minutes. Là on a plutôt bien joué pour le coup. C’est pour cela que je n’ai comptabilisé qu’une quarantaine d’heures de captation (pour 5 heures de vidéo au total), sachant que nous étions parfois jusqu’à trois dans le studio en comptant l’équipe technique.

Production

Le temps de montage a été en revanche considérable avec près de cent heures de travail pour cinq heures de vidéo finale. Heureusement, pour ma partie j’ai été pas mal été par le service audio-visuel de l’ENS Cachan, et Rémi a assuré l’essentiel de sa post-prod sinon je ne m’en serais pas sorti.  Mais j’ai eu du mal à déléguer une partie du lot de travail pour mes vidéos. Le problème, c’est que le montage est une compétence à la fois technique et pédagogique. Technique, car il faut savoir où sont les boutons (dans Final Cut, Camtasia, etc), et pédagogique, car c’est à l’enseignant de déterminer à quel moment du discours il faut que tel ou tel support apparaisse. Alors bien sûr, le prof peut dire au monteur : A la minute 5’23, tu passes de la diapo tant à la diapo tant. Mais parfois c’est aussi (si ce n’est plus) rapide de le faire soi-même. Le prof peut ne s’impliquer que dans une petite partie du travail de post-prod, mais il n’y coupera pas totalement. A moins qu’il n’ait aucun support et qu’il fasse un one-man show et dans ce cas l’équipe de post-prod peut bosser en autonomie, mais ça c’est une autre affaire.

Nous avons aussi passé un peu de temps à sélectionner des ressources, dans mon cas pour mettre dans la section « Pour aller plus loin » (sous forme de lien hypertextes, d’embed de vidéos, etc), et dans le cas de Rémi Sharrock pour produire ses vidéos de cours. Cela a pris un peu de temps (une cinquantaine d’heures au total), mais pas grand-chose en comparaison de la production des vidéos, et pour un retour sur investissement très élevé (à mes yeux en tout cas). On intègre des vidéos de bonne qualité gratuitement grâce à la fonction embed, et cela améliore nettement la qualité visuelle du cours.

Les vidéos intégrées sont souvent faites par des pros, et on est comme au cinéma question qualité. Cela contraste d’ailleurs un peu avec nos vidéos de cours, faites avec les moyens du bord. Et pour ce qui est des liens, cela a fait le bonheur des gens qui n’étaient là que pour la consultation de ressources. Il y avait de quoi lire pendant des heures et cela a considérablement enrichi le MOOC (j’ai d’ailleurs mis le paquet pour la seconde édition en rajoutant pas mal de lien vers la littérature anglophone).

Pour conclure, je voudrais terminer sur le fait que ce type de budgétisation n’est valable que pour un certain type de MOOC, où une certaine importance est donnée aux contenus pédagogiques. Cette fois, ça a coûté cher car j’ai dû créer tous les contenus  de novo (je n’enseigne pas la conception de MOOC au quotidien). Pour un cours « stabilisé » que vous faites depuis longtemps devant des étudiants, il y a logiquement moins de temps à consacrer à la conception des supports et du « discours ». Enfin, en fonction de la compétence de l’équipe, les coûts et la qualité de la production des ressources peuvent facilement varier du simple au double (au bas mot), alors entourez-vous bien !

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