Les débats ont été au coeur de la première saison du MOOC “Monter un MOOC de A à Z”. Au printemps, nous avions parlé de démocratisation, des missions du service public, de l’impact du numérique sur les systèmes de formation, ou encore tout simplement de pédagogie. Les échanges avaient été particulièrement riches, ce qui nous a encouragé à remettre le couvert pour la deuxième saison, et à proposer bien sûr quelques améliorations. Retour sur ces débats destinés aux participants du MOOCAZ, mais ouverts à l’ensemble de la communauté de passionnés de MOOC !
Comme la dernière fois, un nouveau débat sera organisé chaque semaine pendant cinq à six semaines. Pour commencer, je vous propose de grands classiques : Les MOOC sont-ils une révolution pédagogique ? et Les MOOC accentuent-ils la fracture numérique ? Deux questions récurrentes, et qui ont le don de m’agacer soit dit en passant (on a d’ailleurs eu le droit à la première avec Dominique Boullier hier soir, en passant sur la Matinale Radio Campus Paris). Dans la suite des “pavés dans la mare”, les MOOC sont-ils une étape vers la privatisation de l’enseignement ? Certains reconnaîtrons l’allusion à la tribune publiée dans Libération par un syndicat de l’Ecole Normale Supérieure. Puis on enchaîne sur un grand classique, à nouveau : Les MOOC ont-ils vocation à s’insérer dans les cursus de formation, initiale ou continue, et si oui comment ? Enfin, pour terminer, je mets en débat une des questions qui structurent ma thèse : En quoi la taille et l’hétérogénéité de l’audience des MOOC peuvent-elle être des limitations ou au contraire des opportunités pour l’organisation d’un MOOC ?
En fin de compte, les questions sont assez similaires par rapport à la première édition. C’est surtout sur le plan de la scénarisation que nous allons tenter d’innover. Nous encouragerons par exemple la participation à des débats synchrones via Google HangOut. Pour cela, nous avons passé un accord informel avec une équipe de recherche de l’université de San Diego, en Californie, et qui développe un outil spécialisé pour cet usage dans un contexte de MOOC : Talk about. Vous trouverez sur leur portail une vingtaine de MOOC qui ont utilisé l’outil, dont certains des plus célèbres de la planète comme le Social Psychology (Weysleyan University) ou Think Again (Duke University). En tant que participant, vous n’avez qu’à sélectionner la date et le créneau horaire qui vous convient (nous en donnerons quelques-uns), et le jour J, vous recevrez une notification (si vous aviez oublié, c’est pratique), et vous entrez dans un Google Hang Out, avec – en principe – d’autres participants. Par contre, la formation des groupes de discussion se fait de manière aléatoire (eh oui, l’outil a été pensé pour le passage à l’échelle), donc si vous avez des personnes avec qui vous voulez garder contact et échanger, il faudra vous prendre en main. L’idée est en principe de parler du débat de la semaine, par exemple pour préparer les contributions, mais vous pouvez parler de ce que vous voulez au final, je ne suis pas là pour surveiller après tout.
Deux problèmes qui vont forcément arrivés : l’interface est en anglais, mais nous travaillons (et nous encourageons les participants) à la traduire en anglais via un Google Doc. Les gens de Talk About avaient l’air ravis que je leur propose (et j’aimerais bien leur rendre ce service, vraiment, car ils sont très sympathiques). Mais aussi et surtout, la question du seuil-critique. S’il n’y a pas assez de participants sur un créneau donné, cela peut être un problème. Nous avions rencontré ce problème quand nous avions voulu mettre en place des chatrooms dans des MOOC par le passé, mais l’entrée dans la chatroom était aléatoire. Vu qu’on réserve des créneaux cette fois, le problème devrait être minimisé; du moins je l’espère.
Idéalement, j’aimerais que les débats sortent un peu de la boîte noire du MOOC, et j’aurais bien posé les questions sur Quora (un célèbre site de question/réponse, ou Q&A pour les intimes) : ceux qui voudraient prendre part au débat seraient alors encouragés à poster leurs contributions sur le site. Il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, il y a une énorme création de valeur dans les réflexions des participants, et il est bien dommage que toute cette réflexion se perde. Tous les textes qui avaient été écrits lors de la première édition ont disparu dans l’abîme insondable des forums. Quel gâchis.
En incitant les participants à poster sur Quora (mais pas en imposant, car chacun doit garder sa liberté), nous permettrions à ces contributions d’être encore visibles après la formation, y compris par ceux qui ne participent pas aux MOOC (et qui peuvent donc intervenir dans le débat). Et surtout, ces contributions, grâce à ce site, seraient bien référencées dans les recherches Google : maximisation de la création de valeur, c’est ça l’esprit. Au passage, cela permettrait de découvrir un nouvel outil (encore un) particulièrement intéressant sur le plan pédagogique. Mais nous n’allons pas le faire car Quora impose d’écrire en anglais, et le MOOC est en français. Après, nous pourrions utiliser un autre site de Q&A, mais pas les compétences l’argent ou le temps d’héberger des solutions comme Stackexchange ou Discourse. Ce sera pour une autre fois donc (et c’est bien dommage).
Voilà qui conclut ce billet sur les débats … En espérant que ces questions vous intéresseront et que vous serez nombreux à venir participer aux échanges … De manière générale, je pense que le débat est un levier formidable pour générer de l’interaction au sein des MOOC. L’idée m’était venue en parcourant un MOOC de Sciences Po il me semble. N’hésitez pas à tenter l’expérience dans votre propre formation !
2 Responses to De l’intérêt du débat dans les MOOC