Faire son MOOC de langues sans budget (épisode 1 : la grammaire)

lamaMême si ma thèse m’empêche de me consacrer à mon projet d’application pour apprendre les langues (celui dont je vous parlais lundi), je n’arrive pas à arrêter d’y penser. Je sais bien que ça n’intéresse pas grand monde ces petites choses-là, mais je ne peux m’empêcher de vous exposer ma démarche.  Une manière de me clarifier les idées d’une part, et d’échanger avec ceux qui pourraient avoir des suggestions intéressantes d’autre part … Je vous donc propose de commencer par la question de l’apprentissage de la grammaire …

De manière étonnante, les sites d’apprentissage de langues les populaires n’offrent pas de cours de grammaire (Memrise, Iknow), ou des cours extrêmement succincts et non exhaustifs (Duolingo, Livemocha, Busuu, etc). Seuls quelques sites et logiciels ont développé un système de cours relativement complet (Berlitz, Tell me more, Babbel, etc). Ce qui est à peu près sûr, c’est qu’il n’existe pas d’offre de formation un peu exhaustive et complètement gratuite, dans quelque langue que ce soit. Alors, bien sûr, des livres de grammaire complets en pdf (libres de droits ou téléchargeables illégalement), cela se trouve, mais une ressource n’est pas une formation. Pour imaginer notre système gratuit, commençons donc par regarder ce qu’ont fait les collègues.

Les cours de grammaire des sites de langues reposent souvent sur la méthode structuro-globale et grammaire-traduction (comme les exercices de type Bled, pour ceux qui comme moi ont été traumatisés par ce livre). Vous savez, une petite leçon courte, et des tonnes d’exercices d’application parfois un peu tirés par les cheveux. On commence en général dans les sites de langue par une petite fiche de grammaire ou de conjugaison. Les phrases d’explication qui décrivent une règle à assimiler sont en général courtes. Si la règle est trop complexe pour être décrite ainsi, elle est alors décomposée en sous-règles élémentaires qui donneront chacune lieu à des exercices d’application.

La phase passive d’apprentissage de la grammaire correspond à l’étape de présentation d’une règle de grammaire ou de conjugaison (Figure, Babbel), avec éventuellement un petit exercice d’application mais qui ne pousse pas très loin. Puis on entre dans la phase d’application proprement dite, avec QCM et le traditionnel texte à trous (Figure, Babbel). La règle de grammaire à appliquer peut être affichée ou non pendant les exercices d’application, c’est selon.

Outre le QCM et les questions fermées, il y a le test de type « match » constitue un des exercices-type de mémorisation pour l’apprentissage de la grammaire, en particulier pour l’apprentissage de tableaux de conjugaison (Figure, Babbel) ou de l’ordre des mots au sein d’une phrase (Figure, Livemocha), i.e. la syntaxe. Ce sont à vrai dire des variantes des tests de type QCM. Enfin, pour bien tester les compétences en grammaire, on peut terminer par la bonne vieille dictée (Figure, Iknow). Pourquoi faire compliqué ?

Ah oui, petit problème, et qui se charge de rédiger toutes les mini-leçons de grammaire ? Et si on veut aller plus loin et faire des vraies leçons de grammaire filmées, qui va les faire ? Qui va rédiger et affiner les exercices ? Mine de rien, il faut des moyens considérables, car ce travail d’édition nécessite des professionnels des langues. Il faut donc laisser cela aux professionnels de la formation, aux instituts comme l’INALCO ou aux facs de langues, bref, aux personnes dont c’est le métier. Nous, on est dans une logique de concepteurs d’applis éducatives, pas d’enseignants, et on doit faire autrement …

Bon, alors, est-ce qu’on peut trouver une astuce pour faire des formations de grammaire de qualité sans moyen, sans être prof de langue ? De qualité je ne sais pas, mais du bricolage qui tient à peu près la route, cela doit être jouable. Tout d’abord, exit les cours de grammaire filmés, ou même écrits. Pas le temps, ni la compétence, ni la légitimité pour faire cela.  On ne prend que l’exercice pur, qu’il soit de type QCM, texte à trous, match, ou remise dans l’ordre d’une phrase. On sélectionne une banque de phrases en licence libre, qui couvrent plus ou moins les notions de grammaire qui nous intéressent, et on crée des exercices avec. Comment on crée les exercices à partir des phrases d’exemple? Comment identifie-t-on la notion de grammaire couverte par l’exercice ? Qui attribue un niveau de difficulté et qui identifie la notion associée ? Un petit défi quand on n’est pas un enseignant du domaine, et quand il faut le faire pour 100.000 exercices. Mais rien d’impossible. Nous y reviendrons.

L’alternative, c’est de chercher des banques d’exercices en licence libre et qui précisent les notions couvertes. C’est une solution, mais encore faut-il savoir où chercher, et en trouver. Si vous en connaissez des bien, je vous en supplie faites le moi savoir. Pour terminer, imaginons qu’il soit possible de générer une banque d’exercices de qualité, il reste tout de même un problème. Comment proposer une séquence d’exercices pertinente, sachant que chaque utilisateur aura besoin d’une séquence personnalisée pour couvrir des besoins spécifiques ? On rentre là dans les problématiques de l’apprentissage adaptatif, sur lesquelles nous reviendrons dans les prochains billets ….

PS : Un peu comme une bouteille à la mer, ce type de billet a pour objectif de susciter des retours de la part d’acteurs qui se posent des questions similaires, enseignants, startuppers ou autre … Alors n’hésitez pas …

 Ah, au fait, je rediffuse à nouveau l’offre de poste de FUN…

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