Vous avez suivi un ou des MOOC et vous êtes prêts à partager votre expérience avec des chercheurs spécialistes du domaine ? Nous vous proposons de participer à des entretiens avec des doctorants en sciences de l’éducation, moi-même (cf. cette vidéo d’explication), Jean Condé (un autre doctorant MOOC de l’ENS Cachan), ou Eléonore Vrillon (une doctorante de l’Université de Bourgogne). L’idée est – entre autres – de mieux comprendre vos motivations, les obstacles que vous rencontrez, les bénéfices que vous tirez de ces cours. Quelques explications sur la raison d’être de ces entretiens, et quelques remarques adressées aux concepteurs de MOOC qui souhaiteraient contribuer à leur manière à la recherche sur les MOOC …
Nous avons chacun nos centres d’intérêt. Jean vient de commencer sa thèse et travaille sur les mutations des pratiques d’autoformation. Il est en train de définir son sujet de thèse au fil des premiers mois. Eléonore a également commencé sa thèse en octobre, sur le thème « Efficacité et équité des MOOC ». Enfin je travaille sur les conditions de succès des MOOC, du côté apprenant comme du côté enseignant. Pour participer à nos entretiens, écrivez à entretiens_mooc@googlegroups.com et nous (un de nous trois) vous recontacterons alors dans les plus brefs délais pour fixer un rendez-vous (compter environ une à deux semaines). Les entretiens, réalisés à distance (Skype ou autre), durent un peu plus d’une demi-heure et le tout est anonymisé et traité dans le respect de la déontologie scientifique.
Alors que j’étais un inconditionnel du quantitatif au début de ma thèse, je me suis rendu compte au fil du temps que je passais à côté d’un certain nombre de choses en refusant catégoriquement de toucher au qualitatif. Tout d’abord, il est évident que les questions fermées des questionnaires, si elles permettent d’avoir une vision globale de ce qui se passe, ne capturent qu’une fraction des processus à l’oeuvre. Les questions ouvertes que l’on y propose ne suscitent en général que des commentaires laconiques et ne permettent en aucun cas d’aller au fond des choses. Pour saisir toutes les subtilités du phénomène MOOC, il faut engager la conversation, pas le choix.
Certes cela prend du temps. Pour une demi-heure d’entretien, c’est en général quatre heures de retranscription. A cela s’ajoute bien sûr le travail d’analyse. Mais le jeu en vaut la chandelle. Les quelques entretiens que j’ai pu faire passer ces dernières semaines – en majorité des personnes qui avaient suivi le MOOC « Monter un MOOC de A à Z » – m’ont permis d’appréhender un certain nombre de choses que je n’avais pas comprises avec les seuls questionnaires. Une mine d’or aussi bien pour mon travail de chercheur que de concepteur de MOOC. Je recommande aux équipes qui en ont les moyens de faire passer deux ou trois entretiens courts centrés sur les attentes et les problèmes que rencontrent les utilisateurs du cours.
Second point qui s’adresse maintenant aux équipes de concepteurs de MOOC. Au final, une grande partie des cours qui sont lancés ne mettent pas en place de questionnaire. Certains le font, mais chacun y va de ses questions et de son outil. Or utiliser un outil externe à la plate-forme qui héberge le cours, si cela confère indéniablement une certaine autonomie en la matière, pose problème si l’on souhaite relier les données des questionnaires aux données issues de la plate-forme (si tant est que l’on soit intéressé par la chose). Pour ce qui est du contenu, il est naturel que l’on ait des interrogations propres à son cours, mais si l’on veut comprendre ce qui se passe à l’échelle du mouvement MOOC dans son ensemble, il faut un minimum de standardisation (ce que les chercheurs américains appellent de leur vœux) dans la manière de formuler les questions.
Nous avons mis au point un questionnaire reprenant des questions classiques, enrichies de notre expérience et des entretiens que nous faisons passer; si vous souhaitez l’utiliser dans votre MOOC, allez-y, pas de problème, il est à cette adresse (il y a même la version XML qui permet aux MOOC qui sont sur FUN de l’intégrer en moins d’une minute). Nous pouvons l’analyser gratuitement pour vous (sans engagement de date, car nous sommes surchargés même si nous faisons aussi vite que nous le pouvons), à condition que vous ayez un certain nombre de réponses (a minima plusieurs centaines), ce qui implique un certain travail de communication.
Enfin, je termine par une petite annonce car nous sommes au labo en recherche de financements de thèse. Mattias Mano (son CV à cette adresse), économiste-statisticien qui vient de terminer ses études à l’ENSAE, nous a rejoint en tant qu’assistant de recherche après 6 mois comme consultant au département éducation de l’OCDE. Il planche avec moi sur les données de logs récoltées dans les MOOC. Il aimerait se lancer dans une thèse sur le sujet, avec comme axe de recherche possible, la notion de retour sur investissement, en particulier dans le monde du travail (il vient de l’économétrie à la base). On cherche donc une bourse de thèse en ce moment. Deux possibilités … soit une thèse dans le public, soit une CIFRE avec une entreprise. Mattias travaillerait alors à mi-temps pour l’entreprise (sur un sujet pas trop éloigné du sujet de thèse) et à mi-temps pour sa thèse au laboratoire (STEF, ENS Cachan). Quoi qu’il en soit, si vous êtes potentiellement intéressé, n’hésitez pas à nous le faire savoir !
Voilà qui clôt ce billet plus court que d’habitude sur l’activité de recherche de notre laboratoire et de nos partenaires. Si vous êtes un utilisateur de MOOC (aguerri ou non) et que vous acceptez de parler de votre expérience, écrivez-nous à entretiens_mooc@googlegroups.com. Si vous êtes intéressé par intégrer un questionnaire ou par co-encadrer une thèse sur les MOOC (que vous soyez académique ou du secteur privé), contactez-moi à matthieucisel@gmail.com, et je ferai suivre. A bon entendeur, salut.
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