Que faire des vidéos de votre MOOC une fois celui-ci terminé ? Ce serait dommage d’avoir travaillé autant pour les mettre au point et qu’elles ne soient pas disponible en permanence non ? Le problème c’est que très souvent dans les MOOC, les archives ne sont pas accessibles après la fin du cours, ou alors elles ne sont accessibles que pour ceux qui se sont inscrits au cours (sacrée discrimination soit dit en passant). Si on veut valoriser tout ce travail, il faut donc parfois les rendre accessibles ailleurs, et surtout, les rendre visibles. Quelques réflexions personnelles sur le sujet …
Si vous avez tout votre contenu sur un Google Drive ou une Dropbox, vous pouvez bien sûr ouvrir les droits pour permettre à tout un chacun d’y accéder, et partager le lien. Elles seront peut-être accessibles en théorie, mais tellement perdues dans les limbes du Web, que personne ne les retrouvera jamais. Le cran au dessus, c’est la chaîne Youtube (c’est ce que j’ai fait). Mais malgré une publicité récurrente via le blog, le nombre de vues est ridicule. Quelques dizaines de vues par vidéo tout au plus, contre plusieurs milliers pour celles qui ont été consultées dans le cadre du MOOC (comme quoi le MOOC est somme toute un bon catalyseur d’attention).
Du coup, j’ai fait sur un autre blog un billet qui centralise toutes les vidéos. L’idée, c’est aussi de permettre à ceux qui suivent le MOOC « Monter un MOOC de A à Z » et qui ne veulent pas attendre pour avoir les vidéos (on les débloque par paquets, semaine après semaine) de les visualiser d’affilée. Histoire d’avoir plus de flexibilité. Je cherche à satisfaire aussi bien ceux qui veulent aller vite, que ceux qui préfèrent que le contenu soit disponible au fur et à mesure. A la réflexion, suite aux nombreux échanges que j’ai eu avec les participants de mon MOOC, je préfère garder le côté synchrone de la formation. Et pour contenter les impatients qui veulent avoir tout dès le début, eh bien ils feront avec ce que je leur propose hors du MOOC.
Par ailleurs, je pense que ce n’est pas idiot de publier également les scripts après avoir ajouté les sous-titres, comme j’ai pu faire dans le blog au cours des derniers mois. Cela évite aux gens d’avoir à prendre des notes (ce qui n’est à mes yeux pas l’activité la plus pertinente qui soit dans la mesure si la vidéo de cours et le texte associé sont en permanence disponibles). Pour retrouver de l’information, le texte complet est plus pratique, le sous-titrage seul ne suffit pas. En plus, on peut mettre des liens hypertextes si nécessaire. Dernière option, créer un site dédié, avec une URL qui correspondent aux termes de recherche des internautes. Typiquement ce qu’a fait Rémi Bachelet avec gestiondeprojet.pm. Mais c’est plus chronophage, c’est sûr. Que vous utilisiez un WordPress, un Joomla ou autre, il faut s’y connaître a minima et y investir de l’énergie. Quoi qu’il en soit, si vous avez d’autres idées en tête pour valoriser vos vidéos et augmente le nombre de vues, faites-le moi savoir ! Depuis peu, j’échange avec un entrepreneur, Arnaud Ravel, qui est en train de créer une solution, Tagmmer, qui pourrait précisément répondre à cet usage, en plus d’être simple d’utilisation. Affaire à suivre …
Pour conclure, un petit calcul de coin de table pour comparer ça à une formation en présentiel. On a eu l’équivalent d’environ 100.000 vues de vidéos de 5 minutes (en moyenne) sur l’ensemble du MOOC (grosso modo 50 vidéos * 2000 vues en moyenne, certaines à 4000 au début, et d’autres à 1000, sur la fin). Allez, au doigt levé, cela veut dire 10.000 heures de formation dispensées. On peut diviser par deux si on considère que une vue cela ne signifie pas que la personne ait tout vu. Si on considère que mes formations en présentiel durent en moyenne 10 heures, et que je m’adresse en moyenne à 20 personnes, cela fait 200 heures-homme de formation délivrées au cours d’une formation courte en présentiel. Avec le MOOC MOOC, c’est comme si j’avait fait 25 formations en présentiel.
Si on part de la base 50.000 euros comme budget du lancement de premier MOOC (sachant qu’on peut faire facile avec deux fois moins), à temps de formation-homme équivalent, cela fait du 2000 euros la formation (50.000/25). Même pour un MOOC petit comme le mien (le sujet était spécifique), cela reste beaucoup moins cher qu’une formation en présentiel si on prend en considération le fait qu’il n’y a pas de frais de déplacement et d’hébergement des participants, etc. El là on ne prend en compte que l’aspect vidéo, la diffusion de contenus, et on oublie le fait que dans le MOOC, les gens passent des dizaines d’heures à travailler sur leurs propres devoirs. D’autant que les gens qui s’inscrivent au MOOC sont motivés et apprennent donc en principe beaucoup mieux que des gens qui vont se former car ils y sont plus ou moins contraints. Outre le temps, il faut aussi prendre en considération la « qualité » du processus d’apprentissage dans l’équation.
Même sur un sujet spécifique, sous cet angle, le MOOC reste de loin plus « rentable » (sauf qu’il n’y a pas vraiment de modèle économique, on devrait donc dire « plus efficient ».) que la formation en présentiel pour un public de même taille, et ce dès la première édition. Alors vous imaginez au bout de plusieurs éditions quand cela ne coûte presque plus rien lancer le MOOC à nouveau ? Et quid d’un MOOC qui cartonne et qui passe véritablement à l’échelle avec plusieurs dizaines de milliers de vues par vidéo ?
Food for thoughts.