Un MOOC pour découvrir les secrets de la recherche en laboratoire …

Avez-vous entendu parler du MOOC « Ouvrez les portes du laboratoire : cellules et cellules-souche » ? C’est l’un des rares MOOC francophones de biologie, et compte tenu de mon passif dans ce domaine, je n’ai pas pu résister et je suis naturellement aller interviewer son auteure dans le cadre de mes recherches. Patricia Lemarchand est médecin, enseignante-chercheuse et enseigne la biologie cellulaire en première année de médecine à Nantes à plus de 1 500 étudiants. Elle nous explique dans ce billet quelles ont été les motivations qui l’ont poussée à mettre au point ce MOOC.

“A l’Université de Nantes, l’enseignement en première année de médecine est en partie virtuel puisque nous faisons cours dans un amphi de 1 000 places relié à deux autres amphis (plus des étudiants qui peuvent suivre le cours en streaming chez eux). Ensuite, ces étudiants étant extrêmement nombreux, nous n’avons pas la possibilité de les accueillir au laboratoire de recherche. Ils ont des enseignements dirigés où on leur explique quelques articles scientifiques en leur expliquant ce qu’est une hypothèse scientifique et comment on monte une démarche expérimentale, pour valider ou non cette hypothèse scientifique. Pour autant l’enseignement de la démarche expérimentale reste extrêmement théorique. Donc je me suis dit qu’il était important pour ces étudiants de sortir de l’enseignement paradoxalement virtuel, en allant au laboratoire et en leur montrant ce que l’on fait réellement, comment ça se passe, combien de temps ça prend. Ça, c’était ma première préoccupation. Le MOOC présente ainsi le déroulé d’un projet de recherche de 6 mois, qui est décliné en vidéos tournées au laboratoire, façon “émission de cuisine”, pendant 6 semaines.

La deuxième, c’est qu’on est très sollicité pour des visites de laboratoire par des donateurs d’associations de patients (Téléthon, la Ligue contre la Cancer, etc.), et par les enseignants du secondaire dans les lycées et les collèges. On a du mal à répondre à ces demandes car on ne peut accueillir qu’un petit nombre de gens à la fois; ils viennent au mieux pour quelques heures et on ne peut pas leur montrer l’intégralité d’un projet de recherche. J’ai donc vu là une façon de répondre à cette demande de façon beaucoup plus approfondie que ce que l’on peut faire au cours des visites de laboratoire.

Ensuite, c’est aussi un moyen d’allier la formation et la recherche ; c’est une question à laquelle sont confrontés constamment les enseignants chercheurs : est-ce que les cours universitaires doivent être détachés de la recherche ? Moi, je pense que non. Et c’est une démonstration que dans un même format on peut allier une formation à la recherche et une formation plus didactique.

Le sujet du MOOC avait aussi son importance. Les cellules souches sont au cœur du débat social  autour de la loi de bioéthique régulièrement revue; il me semblait important que les gens soient bien informés et puissent se faire une opinion éclairée;  et cela permet aussi de mettre en perspective les possibilités que couvrent ces cellules. Je pense que c’est un moyen d’offrir un retour de la recherche vers le citoyen. Pour des raisons réglementaires, les laboratoires de recherche en biologie-santé fonctionnent en vase clos. Il serait pourtant normal que les gens sachent ce que l’on fait et comment on le fait. Le MOOC tourné en labo est un moyen de répondre à cette question. Si on regarde le résultat, aujourd’hui il y a eu 2 300 participants à la première session. On a un public plutôt jeune et  très mélangé ; c’est un public qui a des diplômes mais pas forcément en biologie.

Je pense qu’on rentre bien dans les objectifs. Pour ce qui est de mes étudiants en première année, il se trouve que l’enseignement est semestriel et l’enseignement de biologie cellulaire est au premier semestre et pas au deuxième. Je sais que ce timing n’était pas propice à leur adhésion à ce nouveau moyen de formation cette année, mais on va faire une deuxième session qui  démarrera le 7 septembre 2015. Et je leur demanderai de s’inscrire pour suivre la partie labo, probablement pas pour suivre la partie cours parce qu’elle est plutôt minimale par rapport à ce qu’on leur fait en cours, même si elle peut leur servir de résumé didactique. La partie labo va faire partie de mon enseignement de base et les enseignements dirigés seront déclinés à partir de septembre 2015 des enseignements labo. Au mois de septembre, j’organise la réunion annuelle des enseignants de biologie cellulaire en faculté de médecine et on a prévu un atelier pédagogique pour discuter avec les collègues. J’espère que ce sera utilisé dans d’autres facs de médecine ou de biologie ! »

Fin de l’entretien

Ce qui m’a le plus frappé dans cet entretien, c’est la diversité des raisons pour lesquelles P. Lemarchand s’est engagée dans la création de ce MOOC. Cela va de la vulgarisation scientifique à l’intégration dans les cursus. En ce sens, la division entre d’une part un cours théorique est d’autre part un cours centré sur le laboratoire est une manière à mon sens très intelligente de répondre à l’hétérogénéité des publics potentiels. Un dispositif à méditer.

Pour en savoir plus, les inscriptions pour la deuxième session, gratuites, sont ouvertes dès aujourd’hui sur la plateforme FUN:  https://www.france-universite-numerique-mooc.fr/courses/univnantes/31004S02/session02/about

Les cours commenceront le 7 septembre!

Leave a Comment

Filed under Non classé

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *