Bon, je viens d’avoir une discussion à bâtons rompus avec Jean Condé, l’autre doctorant MOOC de mon laboratoire. Contrairement à moi, Jean ne s’intéresse pas tant aux participants qui suivent les MOOC selon une démarche individuelle que ceux qui le font dans une démarche collective, avec des collègues, que ce soit au sein d’une association, d’une entreprise ou dans une institution publique. Il vient de terminer son premier terrain dans une association et cherche actuellement de nouveaux terrains. Si jamais vous utilisez vous-même des MOOC dans votre structure, n’hésitez pas à nous contacter ! En attendant, je discute brièvement dans ce billet les raisons pour lesquelles je pense que ce terrain est particulièrement important …
Je n’ai pas exactement tous les chiffres sous les yeux, mais j’ai le sentiment que la vague MOOC est en train peu à peu de s’estomper pour laisser la place à d’autres choses, et ce à l’échelle mondiale. Encore une fois, ce n’est qu’un ressenti et je ne suis pas en mesure d’apporter des preuves tangibles de ce que j’avance. Les données publiées régulièrement par MITx et HarvardX ou celles issues de Coursera ne sont pas suffisamment précises pour pouvoir se permettre une quelconque certitude.
Je pense que le buzz qu’il y a eu autour des MOOC a attiré un temps des gens plutôt motivés par l’apprentissage. Au-delà de ces super apprenants qui n’ont fait que changer de méthode d’apprentissage, on a eu même un certain nombre de cas de conversions de gens qui ont laissé tombé les lectures du soir et les séries télévisées pour se dédier corps et âme au savoir, et c’est très bien. Mais est-ce que cela suffira pour remplir les MOOC dans cinq ans ? Bien sûr il y aura toujours de nouveaux arrivants pour découvrir les MOOC si on continue d’en produire. Bien sûr il y a des gens pour qui les MOOC c’est « à la vie à la mort ». Maintenant qu’ils ont commencé ils ne s’arrêteront plus jamais me disent-ils parfois (on en reparle dans deux/trois ans). Mais pour de nombreux MOOCeurs, cela aura été une expérience de courte durée, quelques mois, quelques années au plus. Je ne pense pas que l’on puisse compter uniquement sur la « communauté d’autodidactes » pour remplir éternellement les cours dans les années à venir. D’autant qu’en absence de contrainte, quand on est seul, il est parfois difficile d’aller au bout de la démarche.
Les MOOCeurs qui suivent le cours de manière collective (ou avec de l’aide) sont minoritaires, autour de 10 à 20% de ceux qui répondent aux enquêtes que j’ai pu faire passer, mais ce sont souvent les plus motivés et avec le taux de pertes le plus faible. Rien de surprenant, on connaît ce phénomène depuis des années dans la formation à distance. Ce qui est intéressant en revanche, c’est la manière dont les uns et les autres vont se saisir du MOOC dans la structure (associative, privée, etc) pour créer des dynamiques collectives. Bien souvent c’est dans une démarche bottom-up. Quelqu’un voit passer le MOOC et se dit « tiens, ça pourrait être intéressant qu’on travaille ce point ensemble : la gestion de projet, la prise de parole en public, la statistique », et hop, en deux mails, le truc se met en place, sans qu’il y ait besoin de faire trop de paperasse. Je trouve que c’est un des trucs super que peuvent permettre les MOOC, et je pense que ce phénomène mérite d’être étudié sous tous ses angles. A mes yeux, l’avenir des MOOC est dans leur intégration, formelle ou non, dans les cursus de formation initiale et continue. Alors si vous êtes dans cette démarche-là, n’hésitez pas à contacter Jean à l’adresse jean.conde256@gmail.com, avec moi en copie pour la forme (pour mémoire matthieucisel@gmail.com), et il sera ravi d’interagir avec vous !
2 Responses to L’avenir des MOOC passe-t-il par l’entreprise ? A vous de le dire …