Comment une thèse sur les MOOC se construit peu à peu

http://www.dreamstime.com/royalty-free-stock-image-team-work-image14676046Je n’ai même pas pris le temps de vous raconter mon court séjour à Columbia (New York) où j’ai rencontré une grande partie de la communauté américaine du MOOC que je ne connaissais que de nom. Quelle goujaterie. Enfin, j’ai une bonne excuse, je planche sur mon manuscrit de thèse où je me noie dans les nounoiements, donc New York attendra. D’ailleurs, je rédigeais l’autre jour la partie « démarche intellectuelle » et je me suis dit que la manière dont la thèse s’est forgée pouvait en intéresser certains, et même si j’ai déjà écrit sur le sujet dans des billets précédents,  un peu de mise en forme ne fait pas de mal. Alors si vous n’avez pas peur du « Nous » de majesté, voilà un petit billet qui reprend certaines des grandes étapes de la construction de mon travail de thèse. N’hésitez pas à commenter sur le fond ou sur la forme !

Nous vous proposons de présenter brièvement le contexte dans lequel s’inscrit ce travail de thèse, afin d’éclairer les choix effectués en termes de cadres théoriques et d’approches méthodologiques. Avant d’y consacrer notre activité de recherche, nous nous sommes longtemps immergés dans l’univers de l’Open Education en tant que simple utilisateur. Nous avons ainsi largement utilisé des sites internet gratuits pour nous former, aussi bien à des fins professionnelles dans le cadre de nos études de biologie que sur le plan personnel, quand nous cherchions à apprendre des langues étrangères. Ces différentes expériences nous ont fait prendre la mesure des carences de l’écosystème numérique en termes de formations en ligne gratuites. Au terme de nos études d’écologie, nous nous sommes provisoirement détournés de notre formation initiale pour tenter de développer des plates-formes d’apprentissage dédiées aux langues et aux sciences. Ceci nous a progressivement amené à nous réorienter vers les questions d’apprentissage en ligne, le choix de la thèse s’inscrivant alors dans la continuité de ces projets open source.

 Porté par une vision de l’apprentissage empreinte de behaviorisme Skinnerien – ce qui n’a rien de surprenant pour un ex-étudiant en biologie – nous avons initialement proposé une thèse, qui, tout en s’inscrivant dans le champ de l’Open Education, s’appuyait sur la simulation et les tuteurs intelligents.  Ceci explique le titre initial de la thèse : « Conception et usages de laboratoires virtuels pour la biologie moléculaire ». Il faut préciser qu’au moment du dépôt du dossier, le premier MOOC, Introduction à Intelligence Artificielle de Sebastien Thrun, venait à peine d’être lancé. Rien ne laissait alors présager de la tournure que prendraient les événements. Le terme MOOC n’avait d’ailleurs pas encore été attribué à ce format d’enseignement et restait associé aux premières expérimentations canadiennes. Nous avons suivi les premiers développements du phénomène avec intérêt pendant les mois qui précédèrent le lancement officiel de la thèse, et l’essor rapide des MOOC fin 2012 a coïncidé avec le commencement de nos recherches. Outre l’intérêt que la communauté universitaire portait pour la question, ces cours en ligne s’avéraient être de formidables outils de collecte de données.  Si le choix de se réorienter vers les MOOC et de laisser de côté les questions de personnalisation a été réalisé dès les premières semaines de la thèse, nous avons néanmoins conservé certaines des approches méthodologiques initialement envisagées. Une partie conséquente des analyses réalisées s’inspirent ainsi des travaux sur les Environnement Informatiques pour l’Apprentissage Humain.

Face à l’absence de terrain d’expérimentation – il n’y avait à l’automne 2012 aucun MOOC en France permettant de collecter les données nécessaires au travail de recherche – nous avons pris la décision de suivre une démarche de recherche-action. Le choix de participer à la conception du premier xMOOC français– le MOOC Gestion de Projet – était en effet avant tout motivé par le fait que les données des MOOC organisés sur Coursera ou edX étaient virtuellement inaccessibles aux chercheurs français. Le travail était initialement centré sur l’identification des facteurs de décrochage au sein du MOOC, l’objectif étant de fournir aux concepteurs les leviers nécessaires à la maximisation de la persistance dans leurs formations. La conception des Guides du MOOC et du MOOC Monter un MOOC de A à Z dans le cadre de nos activités d’enseignement s’inscrivait ainsi dans la continuité d’une recherche que d’aucuns qualifieraient d’applicationiste. S’il nous est arrivé d’avoir quelques scrupules à adopter une approche aussi appliquée, les lectures sur le sujet, et sur les différents types de chercheurs en sciences de l’éducation ont fini par nous convaincre de la légitimité de la démarche.

PS : On continuera la suite de l’histoire plus tard. Au fait, s’il vous plaît, je ne peux pas répondre aux nombreuses sollicitations d’interventions diverses et variées au vu de la charge de travail qu’implique la rédaction du manuscrit. J’ai beaucoup de mal à dire non, je suis faible, c’est comme ça. Ça m’arrangerait vraiment qu’on considère que cette année est une année sans intervention ou presque. J’ai déjà dû me dédire ou décliner de très belles occasions (TEDx Education, Ambassade du Royaume-Uni, etc), et je vais devoir continuer dans cette voie pour préserver mon temps de rédaction.

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