Retour sur les motivations des utilisateurs de MOOC

Je sais pas si vous aviez entendu parler du MOOC Digital RH ? Ce sont les collègues de la startup Unow qui ont lancé cela il y a quelques semaines. Comment le numérique impacte le métier du digital sous toute ses formes : recrutement, formation, etc. Déjà c’est un gros carton, plus de 8000 inscrits, pour un sujet aussi pointu c’est impressionnant. Ensuite, je trouve que c’est une idée de génie dans la mesure où c’est une façon de promouvoir une marque auprès de prescripteurs potentiels assez extraordinaire, à répliquer donc ! J’avais fait une vidéo dans ce contexte sur les motivations des apprenants de MOOC, dont je vous dévoile le contenu dans ce billet. Rien de très nouveau, mais cette fois vous l’avez en format vidéo (avec mes bonnes grosses joues de fin de thèse, qu’est-ce que vous voulez, l’angoisse rend certains boulimiques).

Des formations en ligne payantes, cela existe depuis longtemps. Des cours en ligne gratuits, sur Youtube par exemple, cela aussi existe depuis longtemps. La véritable valeur ajoutée des MOOC, c’est d’avoir combiné gratuité et caractère structuré de la formation. Dans quelle mesure est-ce que leur apparition impacte l’univers de la formation digitale ? Difficile à dire sans connaître le public de la formation. Je vous propose donc dans cette vidéo, de discuter brièvement de quelques-unes des données dont on dispose sur la question, à partir de quelques exemples tirés de MOOC représentatifs.

 Même s’il est évident que chaque formation attire un public particulier, on remarque un certain nombre de constantes. Tout d’abord, même quand les cours sont réalisés par des universitaires, les étudiants sont largement minoritaires. La majorité des inscrits sont engagés dans la vie professionnelle. On constate par exemple que près de 70% des inscrits sont employés à plein temps, les étudiants sont relativement minoritaires : environ 5%, pas plus. Si on va un peu plus loin et qu’on creuse la question des catégories socio-professionnelles, on constate que la plupart sont des cadres et professions intellectuelles, et qu’ils ont un Master en poche.

 

Ce sont donc pour la plupart des salariés qui se forment sur leur temps libre, sans véritable lien avec la politique de formation de leur entreprise. On constate par exemple que près de 9 personnes sur 10 se sont inscrites au MOOC de leur propre initiative et près des 3/4 comptent suivre le cours sur leur temps libre. Cela ne veut en revanche pas dire que la démarche n’est pas en lien avec leur travail. A part pour quelques MOOC très particuliers, qui s’apparentent plus à de la vulgarisation scientifique par exemple, les apprenants viennent en majorité pour des raisons professionnelles. Et la plupart de ceux qui s’inscrivent pour des raisons professionnelles ne viennent pas ni dans une logique de reconversion professionnelle ni pour obtenir une promotion, mais pour monter en compétences ou en connaissances sur l’emploi qu’ils occupent déjà. Si un certain nombre débutent complètement sur le sujet abordé, la plupart dispose de quelques notions, voire d’une bonne connaissance du domaine. 

Ce serait mentir de dire qu’ils ne sont pas intéressés par le certificat de réussite. Rares sont ceux qui disent n’être pas intéressés par ce certificat; la plupart le sont et le sont pour des raisons professionnelles. Mais quand on leur demande d’identifier leur motivation principale pour s’inscrire, la plupart valorisent la montée en compétence, ceux qui mettent l’obtention du certificat devant les autres motivations sont ultra minoritaires. Et oui, il y aurait donc un certain nombre de personnes qui aiment bien faire leur travail et s’améliorer.  Un certain nombre de psychologues de la motivation expliquent ce fait à travers la théorie de l’auto-détermination. Ces auteurs considèrent que le besoin de compétence et le besoin d’autonomie est l’un des déterminants du comportement humain. Après, il est évident que ce besoin de compétence est plus présent chez les uns que chez les autres, et c’est tout l’art du management que de le susciter et de l’entretenir.

Avant de conclure, quelques mots sur les taux de complétion et sur la qualité de la formation. Les MOOC sont connus pour leur faible taux de complétion; en général, moins de 10% des inscrits décrochent le certificat. Il ne faut pas en conclure pour autant que “le MOOC ne marche pas”. Il y a plusieurs facteurs qui expliquent ce “décrochage”. Tout d’abord, il ne faut pas oublier que s’inscrire à un MOOC cela ne coûte rien; cela se fait en général en quelques clics, tout au plus faut-il fournir son adresse mail. Il n’y a aucun coût particulier à oublier. Un certain nombre de personnes oublient d’ailleurs qu’elles s’étaient inscrites et ne vont jamais se connecter au cours. La seconde raison, c’est qu’il y a très souvent un décalage entre les attentes des inscrits et l’offre de formation.

Par exemple, si les participants cherchent pour la plupart à monter en compétence sur la maîtrise d’outils et que le cours qu’ils suivent est essentiellement théorique, c’est normal que cela ne leur plaise pas. Il est difficile de se faire une idée sur le cours simplement en regardant la bande-annonce et le descriptif. Enfin, même lorsque l’offre de formation coïncide avec les intérêts des participants, il ne faut pas oublier que ces derniers suivent la formation sur leur temps libre; en absence de contrainte, d’autres priorités, professionnelles ou personnelles finissent souvent par l’emporter. C’est ce problème de temps qui est avancé par la plupart des participants qui décrochent, c’est alors plus un problème de contexte que de dispositif. En effet, quand le suivi du MOOC est obligatoire, et il est tout à fait possible de rendre le suivi d’un MOOC obligatoire aussi bien au niveau de la formation initiale ou professionnelle, les taux de décrochage tendent vers zéro.

Nous vous proposons de terminer par la question du potentiel du MOOC en termes de formation. On peut se former à tous les sujets possibles et imaginables via un MOOC, aussi bien à la gestion de projet qu’à l’analyse de données ou à la comptabilité. Après, il est certain que l’absence de retour personnalisé présente des limites sur le plan pédagogique. Si l’on veut suivre de près les progrès des inscrits et valider des acquis de manière rigoureuse, un encadrement plus fin est nécessaire dans la plupart des disciplines, encadrement qui peut se réaliser à distance. Le MOOC n’a évidemment pas vocation à remplacer toutes les autres formes d’enseignement, mais peut être articulé avec du présentiel ou des formes d’enseignement à distance à taille humaine, dont les SPOC sont le dernier avatar.

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