MOOC : Comment éviter le décrochage …

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Tiens, l’autre jour je savais pas comment terminer ma thèse, et je me suis dit que je donnerais bien quelques conseils aux concepteurs de MOOC. Et puis non en fait, j’ai trouvé que conclure sur des lieux communs, sans véritable proposition solide, c’était un peu dommage. Alors j’ai taillé dans le lard, et les derniers billets se basent largement sur des tentatives ratées de conclure mon manuscrit. Le nombre de choses que j’ai supprimées pour rendre la lecture fluide et agréable, vous n’avez pas idée. Ce n’est pas une partie de plaisir cette phase de rédaction intense. Du coup, je vous mets dans ce billet quelques idées sur le décrochage et l’identification de ses causes, idées que je pensais développer en fin de manuscrit (et que j’ai supprimées au final) ….

Les recherches sur les facteurs de décrochage, qu’elles se focalisent sur les caractéristiques du dispositif, la démographie des apprenants, ou sur les compétences en auto-régulation, s’inscrivent dans la lignée des décennies de travaux sur le sujet dans le champ de la formation à distance. Les recherches séminales de Tinto sur l’abandon dans les universités américaines, avaient déjà beaucoup insisté sur la question de l’adéquation entre les valeurs de l’établissement et celles de l’étudiant ainsi que sur l’importance de l’intégration sociale et de la dimension psycho-affective en général (il se la jouait cohésion sociale et théorie durkheimienne du suicide). 

Ces considérations peuvent nous aider à appréhender les faibles taux de complétion des MOOC, mais expliquent mal les différences entre taux de complétion que l’on peut constater entre cours équivalents en termes d’investissements exigés de la part des participants. L’importance que les apprenants que j’ai interviewés accordent à la montée en compétence, en particulier dans un contexte professionnel, m’a amené à faire l’hypothèse que le décrochage résultait en grande partie du fait que les participants étaient en attente de formations aux contenus facilement transférables à leur vie quotidienne. Soit, je l’ai déjà dit la semaine dernière. Le problème, c’est comment tester l’hypothèse ?  

La première chose à faire pourrait d’affiner dans les enquêtes les questions sur les attentes des participants, et d’étudier davantage le lien avec la persistance en fonction des différents types d’attentes selon les MOOC. On a un vrai gros problème de croisement des deux types de données. Mais même quand on y arrive, les résultats sont mitigés. Parmi les données déclaratives disponibles dans les questionnaires de lancement, celles qui ont le meilleur pouvoir prédictif (vis-à-vis des taux de certification) restent les intentions déclarées des participants. Une autre approche que l’on suit parfois consiste à envoyer des questionnaires spécifiquement aux participants ayant décroché de la formation. Les questions ouvertes donnent néanmoins des résultats décevants; le manque de temps revient de manière récurrente dans les explications fournies par les décrocheurs, et donnent lieu à moult détails très personnels dont on se passerait bien.

Une approche par questions fermées prenant en compte uniquement des items sur la caractéristique de la formation pourrait être intéressante. Il faut néanmoins garder à l’esprit que les faibles taux de réponse des décrocheurs est dans ce contexte un obstacle particulièrement important (on peut même le dire, dévastateur). On peut également chercher à établir des corrélations entre caractéristiques du cours et taux de complétion, en établissant des indicateurs d’instrumentalité et de transférabilité. Cette approche a par exemple été suivie pour établir le lien entre durée du cours et taux de complétion (une doctorante de l’Open University, Kathy Jordan, a suivi cette approche dans un papier récent). Mais bon, cela n’a pas le pouvoir explicatif d’une expérimentation. Parmi les méthodes quantitatives, il reste l’approche expérimentale, adoptée de manière croissante par les concepteurs et chercheurs. Mais il est difficile d’expérimenter sur des composantes aussi essentielles que l’instrumentalité d’un dispositif (i.e. sa capacité à servir dans la vie de tous les jours des apprenants). Du coup voilà, à part tenir des propos généraux et qualitatifs sur le sujet, je vois vraiment pas comment prouver mon hypothèse. Donc c’est un sentiment purement viscéral et je peux naturellement me tromper.

 PS : Et à côté il faut faire des plans pour l’année prochaine. ATER, Post-doc, chef de projet numérique, que serai-je en septembre 2016, bien malin qui peut le dire.

PPS : et allez, je vous remets un petit widget pour la soutenance de thèse … plus que 100 billets mesdames et messieurs.

 

 

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