Nous nous sommes concentrés au cours des dernières semaines sur les motivations des concepteurs de MOOC, puis sur les publics qu’ils visaient. Je vous propose de revenir maintenant sur la valeur que ces derniers accordent aux certificats qu’ils délivrent, un sujet qui me paraît particulièrement important dans la mesure où l’on parle assez régulièrement de l’intégration des MOOC dans les cursus, avec bien peu de données quant à la valeur des certificats associés.
Pour certains concepteurs, le certificat valide une bonne compréhension du cours à défaut de valider des compétences complexes, comme l’illustrent les propos de cet enseignant d’un MOOC de programmation.
Il [le certificat] a une vraie valeur dans le sens où la personne qui l’a validé a compris les objectifs et a compris les fondements de notre cours. Au début, j’ai énoncé comment est-ce qu’on concevait un programme et quelles étaient les phases de conception et les phases à regarder. Je n’avais jamais dit que cette personne allait être un programmeur hors pair, je dis simplement que j’espère qu’elle aura la bonne manière d’aborder la problématique de la programmation.
Pour le cas du MOOC dont la fonction est de préparer au suivi d’une formation en présentiel, le certificat est conçu comme un outil de validation de prérequis. Cependant, ce n’est pas son obtention qui valide des prérequis, mais l’incapacité à l’obtenir qui valide la non-maîtrise des prérequis.
C’était des prérequis pour suivre une formation en [Nom de la discipline]. On ne voulait pas dire que si vous suivez le MOOC vous serez à l’aise dans la formation en [Nom de la discipline] que vous allez suivre. Il faut un minimum de niveau, si vous n’avez pas pu valider la partie algèbre linéaire, vous ne pourrez pas comprendre comment travailler dans un espace multidimensionnel, comment faire des plans séparateurs etc, il fallait valider avec un certain niveau chacune des parties. […] Il faut vraiment comprendre au moins les concepts et donc on a validé à travers des quizz et un mini-projet.
Cette position, si elle est spécifique d’un MOOC articulé avec une formation, cas encore rare, illustre néanmoins la logique de validation d’acquis qui peut sous-tendre la construction d’un certificat. Cette logique n’apparaît néanmoins pas de manière récurrente dans les discours des concepteurs, un certain nombre d’entre eux le considèrent davantage comme la preuve d’une certaine capacité de travail davantage que comme un outil d’évaluation diagnostique.
Je pense que ça a de la valeur. Quelqu’un que je vois et qui a réussi le parcours avancé, je sais que c’est quelqu’un de sérieux et de très bosseur.
D’autres y voient une preuve d’un volontarisme et d’une appétence pour l’apprentissage que reflète le certificat, comme cet enseignant de programmation :
Je trouve très bien que quelqu’un fasse spontanément tout seul la démarche d’apprendre et d’aller jusqu’à la certification. Je trouve que c’est le signe de quelqu’un qui aime apprendre et qui est volontaire. […] la motivation est au moins aussi importante que le reste quand tu embauches quelqu’un.
Il considère que la valeur du certificat n’est pas intrinsèque et dépend avant tout du point de départ de l’apprenant.
J’accorderais une grande valeur si je me mets à la place d’un apprenant qui partait vraiment de zéro, qui a galéré pour faire marcher ces programmes, je trouve que c’est beau. C’est une valeur qui dépend de l’investissement. J’ai des élèves qui sont déjà ingénieurs en informatique, eux auront l’attestation en deux minutes et ça n’a aucun intérêt. […] La valeur n’est pas du côté de celui qui la regarde c’est du côté de celui qui la reçoit. Pour certains la marche est haute. Et c’est d’autant plus beau pour eux.
Cette position, qui consiste à voir le certificat avant tout comme un signe de motivation, est assez répandue chez les concepteurs, comme l’illustre ce dernier extrait.
Il n’a pas une valeur de marché au sens reconnaissance d’une compétence, il a une valeur marketing au sens détection des plus captifs.[…]. Après, le certificat, je lui donne encore assez peu de reconnaissance. Il faudrait aller sur des histoires d’accréditation.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. J’espère vous avoir donné un premier aperçu des points de vue d’enseignants quant à la valeur des certificats qu’ils délivrent. Nous sommes néanmoins loin d’avoir épuisé le sujet, et je vous propose d’y revenir au cours du prochain billet.
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