Que valent les certificats de MOOC ? Points de vue de concepteurs (3/3)

DiplomaUne étude américaine publiée par Kolowich en 2013 avait montré que la plupart des concepteurs de MOOC américains émettaient des doutes quant à la valeur du certificat qu’ils délivraient. On retrouve parfois cette logique en France. Dans une enquête menée auprès d’une trentaine de concepteurs, j’ai retrouvé un peu de ce scepticisme à plusieurs reprises. Je vous en livre quelques extraits dans ce billet.

Il arrive que certains concepteurs préfèrent s’abstenir de délivrer une attestation. Ce concepteur avance pour justifier cette position que la logique qui sous-tend la certification est en décalage avec la logique qui sous-tend le MOOC. Cet enseignant considère que sa formation s’inscrit dans le domaine des loisirs créatifs ; sans être opposé au principe même du certificat, il estime qu’il n’est pas pertinent dans ce contexte particulier.

Ça leur fait peur mais en même temps ils sont très contents de l’avoir et ça leur permet de se donner des challenges. Pour moi, ce cours était l’occasion d’avoir un rapport au devoir moins contraignant donc je n’ai pas voulu que les QCM soient trop compliqués et je n’ai pas voulu surcharger le travail. Je voulais que ce soit avant tout une diffusion du savoir, une diffusion de culture. […] La finalité de la chose ce n’est pas cette attestation, c’est qu’ils aient pu avoir accès aux cours. […] C’est comme quand je fais une conférence. Je ne délivre pas une attestation à la fin. Ce qui m’intéresse c’est partager et c’est pour ça que je fais des conférences et c’est pour ça que j’ai fait ce MOOC.

Pour conclure, ce concepteur d’un MOOC de statistiques souligne le danger que représente le certificat si on considère les taux de certification comme un indicateur de qualité de la formation, rappelant que ces taux seront d’autant plus élevés que le certificat sera facile à obtenir. A l’inverse des autres concepteurs enquêtés, il maintient un niveau de difficulté élevé et considère que ce n’est pas son objectif que d’amener les personnes jusqu’à la certification.

Pour le moment, je trouve le certificat inintéressant. […]. L’attestation de suivi est un truc un peu cabotin. […]  Parce que je ne vois pas très bien à quoi ça correspond. C’est un truc qui est dangereux parce qu’il ne faut surtout pas que ce soit un critère de qualité du MOOC. Si tu fais un truc plus simple tu auras plus de personnes qui vont le passer. Dans le MOOC que j’ai fait, honnêtement, c’était compliqué. Je ne comprends pas très bien mis à part pour une sorte de fierté personnelle de gens tellement formatés par le système scolaire qu’ils ont besoin de l’attestation. C’est un problème purement matériel.

C’est que bon, il est clair qu’il y a tout un tas de compétences que l’on ne peut évaluer à distance, et à grande échelle de manière gratuite, comme le souligne cette enseignante d’un MOOC de langues.

Etant donné qu’il n’y a pas cette partie qu’on peut corriger en tant que production, écrire un texte court. C’est très difficile de faire ça en question fermée également. Ce serait plus un petit peu tester l’étudiant sur sa compétence à organiser son travail, sur des compétences plus pures comme la grammaire, le vocabulaire, ça c’est facile de faire des questionnaires à choix multiples et des choses comme ça. Quant à la vraie capacité d’un apprenant à s’en sortir dans un contexte de communication en langue étrangère, c’est encore très difficile à tester via ce genre de plate-forme.

Après, on peut tout à fait coupler un MOOC avec un système d’évaluateurs rémunérés pour ceux qui voudraient monter un peu le niveau sans perdre la plupart des inscrits. D’ailleurs, cela se fait déjà depuis longtemps dans un certain nombre de cours. Voilà clairement un modèle à approfondir si l’on veut donner un peu de crédibilité aux MOOC sans leur retirer leur caractère « démocratique » pour autant.

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