Concevoir la première version d’un MOOC de bout en bout est un exercice qui nécessite plusieurs centaines d’heures de travail. Ce travail de conception peut-être décomposé en plusieurs étapes : avant-projet, scénarisation, conception des ressources, promotion, animation, et post-mortem (cf. ce billet pour en savoir plus : Monter un MOOC en 7 étapes). C’est long, très long pour un enseignant seul, d’où la question suivante : « Pourquoi ne pas mobiliser les étudiants pour participer à la conception de ces cours ? ». Un billet court, que nous conclurons sur la question de l’intégration des MOOC dans les cursus.
Il y a deux étapes auxquelles des étudiants pourraient participer et en retirer un bénéfice sur le plan pédagogique. La première est le travail de conception des ressources, après l’étape de scénarisation du cours, qui nécessite un niveau de maîtrise du sujet enseigné que l’on ne peut exiger d’un étudiant. Nul besoin de passer directement face à la caméra pour autant lors de cette étape de conception des ressources; un étudiant, à condition d’être encadré a minima, peut sans problème contribuer à la conception des supports de cours, des activités et exercices. Cette pratique est extrêmement courante au sein des équipes conceptrices. Le temps à investir est modulable, voici un billet détaillant les lots de travail et les charges horaires associées (en heures, pour un exemple précis).
Le second est la participation à la gestion et à l’animation du MOOC une fois que celui-ci est en cours (même si la valeur pédagogique est plus discutable) : prise en charge des forums de discussion et des réseaux sociaux, réponse aux questions techniques, logistiques, voire dans une certaine mesure, portant sur le sujet du cours. Ce travail ne nécessite que quelques heures par semaine, concentrées essentiellement en début de MOOC. Voici une estimation des coûts associés à l’animation d’un MOOC. Ce travail de gestion et d’animation peut-être couplé au post-mortem : bilan sur le cours, valorisation sur le net des ressources produites par l’équipe pédagogique et/ou par les participants si le MOOC s’y prête. Pour un détail des lots de travail et les charges horaires approximatives associées, vous pouvez vous référer à ce billet.
Les étapes d’animation, de gestion de projet et de post-mortem ne nécessitent dans l’ensemble aucune compétence pédagogique particulière; on peut donc tout à fait participer à la conception d’un MOOC n’appartenant pas à sa discipline. Pour la conception des ressources, tout dépend de la tâche effectuée. La conception des activités et des quiz nécessite en général une connaissance minimale du domaine.
Pour faire reconnaître le suivi du MOOC en question dans le cursus de l’étudiant, cela demande un peu de réflexion. Les cours sont en général de niveau introductif et ne nécessitent que peu de pré-requis. Ils sont à quelques exceptions près peu adaptés aux logiques d’approfondissement ou de spécialisation, mais peuvent convenir si l’on se situe dans une logique de découverte d’une discipline.
Le principal défi si l’on souhaite intégrer ces cours dans des cursus réside dans la forte hétérogénéité des formats employés et des charges de travail associées. On peut ainsi trouver des MOOC qui ne sont composés que d’une demi-douzaine d’heures de vidéo tout au plus et dont la validation se fait uniquement par des quiz portant sur le cours. L’attestation de ce type de MOOC est l’équivalent numérique de la signature d’une feuille de présence pour une journée de formation. A l’inverse, pour certains MOOC, le rendu d’activités parfois chronophages est obligatoire pour obtenir l’attestation, et l’investissement nécessaire pour terminer la formation est fonction du degré d’implication de l’étudiant.
Même si l’on ne valide pas l’acquisition du contenu du cours, on peut imaginer en revanche que la conception de parties du cours pourrait correspondre à des formes d’apprentissage qu’il est légitime de récompenser par des ECTS.
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