On continue aujourd’hui notre série de billets consacrés à la relation des apprenants aux certificats de MOOC. Je m’étais fait une petite typologie de relations, que je n’avais finalement pas publiée car pas assez ancrée dans la théorie. Mais je la trouve relativement utile pour des praticiens qui veulent mieux comprendre pourquoi les participants d’un MOOC peuvent être intéressés par l’obtention d’une attestation, sans forcément vouloir légitimer un apprentissage vis-à-vis d’autrui. C’est le cas que j’appelle informellement la validation externe. Quelques mots sur la question …
La validation externe correspond au fait que le participant cherche à travers l’obtention du certificat une validation de l’institution lui permettant de se rassurer. Comme pour la recherche de légitimité, cette volonté peut être relativement indépendante du sujet du cours, et c’est davantage sur son image de soi que le participant cherche à se rassurer, selon une logique que l’on pourrait qualifier d’identitaire. Ce cas est illustré par cette employée de commerce n’ayant pas passé de diplôme, et regrettant de ne pas avoir poursuivi davantage ses études. Elle déclare que le suivi de MOOC lui permet de « rattraper » en partie le fait qu’elle n’a pas consacré à ses études autant de temps qu’elle aurait dû :
J’ai un parcours d’étudiant qui a été un peu, enfin voilà, je suis un peu passé à côté de mes études, j’ai fait des études de lettres, après un bac S, je sais pas tellement je me suis inscrite en études de lettres ; j’ai fait deux trois ans et je me suis arrêtée rapidement, sans diplôme, donc effectivement, faire des MOOC et la reconnaissance qu’il peut y avoir de ces, de ces certificats, il est important pour moi que … j’ai un peu ce remords de me dire que je suis pas allée au bout, je savais pas trop pourquoi j’ai fait mes études, j’ai bossé rapidement. Aujourd’hui, j’ai envie de m’y remettre, de reprendre.
Si les MOOC s’ancrent parfois pour elle dans une logique professionnelle, elle les considère avant tout comme un hobby. Deuxième variante, le participant cherche à se rassurer sur le fait qu’il maîtrise bien le contenu du cours. On peut y retrouver aussi bien une logique épistémique qu’opératoire. Le cas de la logique opératoire professionnelle est illustré par cette ingénieure de recherche en agronomie et suivant, entre autres, des cours de statistiques. Elle utilise fréquemment les statistiques dans le cadre de son activité professionnelle, sans pour autant avoir été formée à cette discipline ; l’obtention de certificats de MOOC de statistiques la conforte dans le fait qu’elle utilise correctement les statistiques. Face à la question de l’importance qu’elle accorde aux certificats de MOOC, elle répond comme suit :
Pour moi pour ceux de statistiques, oui ça a de l’importance, parce que ça me conforte que j’ai bien, même si j’ai pas suivi des enseignements pendant ma formation initiale sur ces contenus-là, je maîtrise quand même le sujet. Ça me valide un peu ce que je fais.
Comme dans le cas de la recherche de légitimité, le participant peut chercher soit à valider des compétences ou des connaissances qu’il aura acquises pendant le MOOC, soit chercher à valider des connaissances qu’il aura acquises de manière informelle, comme c’est le cas pour cette ingénieure de statistiques. Nous retrouvons ici le cas de la légitimation des apprentissages informels que nous avons identifié dans le cas de l’intérêt professionnel pour le certificat. Nous allons dans le prochain billet nous pencher sur le dernier cas de figure : l’expression d’un certain désintérêt pour le certificat, qui mérite d’être approfondi.