A partir d’aujourd’hui et pour quelques billets, je vais publier des extraits d’interviews que j’ai conduites avec des concepteurs de MOOC venus de tous horizons. Je ne vais pas vous le cacher, ces entretiens ont été réalisés il y a quelques années. Ils ne sont pas toujours d’actualité, mais les propos n’ont pas nécessairement vieilli pour autant. Au cours des semaines passées, je vous ai déjà présenté un certain nombre d’extraits, mais en les organisant de manière thématique. Les billets qui suivent seront centrés sur les propos d’un individu, un format que nous avions déjà adopté il y a quelques années pour des apprenants. Pour inaugurer cette série de portraits, je vous propose de commencer par le MOOC Ecrire une oeuvre de fiction de David Meleumans. Il a la particularité d’avoir été conçu par un éditeur (issu néanmoins du milieu académique), et d’avoir eu une logique doublement innovante : faire émerger au sein des inscrits des travaux potentiellement publiables, et beta-tester une application, Draftquest
Commençons par le public auquel s’adresse le projet :
C’est censé être un projet grand public. Alors on connaît la démographie de nos utilisateurs, qui assez précise. C’est féminin, entre 25 et 45 ans, très bon niveau d’études, mais on cherche pas à se centrer sur ce public donc on fait pas d’effort de communication pour aller plus vers ce public que vers d’autres, et moi je suis content quand on peut aussi atteindre des publics qui sont théoriquement pas des publics d’ateliers d’écriture, c’est un public masculin, peu diplômé, entre 50 et 65 ans.
Entrons maintenant dans le vif du sujet, avec l’application au cœur du projet, Draftquest, pour expliquer ce à quoi elle sert :
Initialement Draftquest c’est une plate-forme dont le but est d’aider les gens à écrire toutes sortes d’écrits. Mais pour l’instant, pour des raisons d’opportunités, le MOOC porte uniquement sur l’écriture de fiction. On a une web app qui permet aux gens d’écrire quotidiennement, de monitorer un peu leurs progrès, leur régularité. Simplement ça suffit pas, il fallait aussi leur transmettre des conseils qui étaient plus généraux et plus didactiques, et donc il me semblait que le MOOC c’était un bon moyen de leur transmettre ces informations théoriques, surtout parce que j’avais commencé à rédiger des choses, mais je m’étais rendu compte que ça passait mieux par l’oralité, et en même temps, comme un avait déjà une communauté tendue d’utilisateurs, et qu’ils étaient très étalés géographiquement, c’était quand même plus simple de faire un MOOC, et il s’avérait qu’à ce moment-là, c’est plus une question de motivation c’est une question très très pratique, j’ai croisé Laurent de Neodemia, donc il m’a proposé qu’on fasse le truc ensemble quoi.
Ce que j’ai trouvé particulièrement intéressant dans le MOOC, c’est que le dispositif a été utilisé pour recueillir des retours sur l’application en question, un usage du MOOC qui m’était relativement inconnu alors, et que je trouve particulièrement inspirant :
[Le MOOC] ça nous a été très utile parce qu’on a modifié l’ergonomie de l’application à plusieurs reprises suite à des remarques. On l’a surtout simplifié. Tout ce qui était superflu a été éliminé et ça nous a permis de voir quels étaient les besoins fondamentaux. Concrètement le premier truc qu’on a dû changer, c’était une application très simple qui n’a besoin que de douze mots pour fonctionner. Mais les mots étaient en anglais parce qu’on a fait l’application par défaut en anglais, et ça a été l’occasion de se rendre compte que même si les mots utilisés c’était, write, cut, delete, tout ça, pour certains utilisateurs c’était pas possible d’avoir une appli en anglais. Pas pour des questions de coquetterie.
Voilà, c’est un exemple original d’application du MOOC, dont j’ai vu assez peu d’exemples en France. J’ai donc trouvé intéressant que ce modèle existe. Le MOOC n’a pas à se cantonner à une logique de cours universitaire, et je pense qu’il est bon d’expérimenter ce type de format.