Chères lectrices, chers lecteurs. J’ai une grande nouvelle à vous annoncer : le blog reprend. Sans doute va-t-il changer de nom, car les MOOC ne sont plus qu’à la marge de mon travail actuel, mais on restera dans les thématiques classiques : transformations pédagogiques de l’enseignement supérieur médiées par les technologies digitales ou, en plus court, la digitalisation du supérieur et de la formation d’adultes. Pourquoi maintenant, me direz-vous ? Eh bien parce que mon poste actuel s’y prête extrêmement bien, contrairement à mon précédent post-doctorat.
Pendant les trois dernières années en post-doc à l’Université Paris-Descartes, je travaillais dans le cadre d’un projet eFRAN au développement du Cahier Numérique de l’Elève-Chercheur, une technologie à destination de l’école primaire et du collège, et qui visait à étayer la mise en œuvre de démarches d’investigation. C’était à mes yeux trop orienté enseignement primaire et secondaire pour intéresser le lectorat d’Educpros. Au cours de ces dernières années, vous avez eu de timides échos de mes recherches dans les rares billets que j’ai consacrés à la question. A vrai dire, depuis ma soutenance, j’ai surtout écoulé mon stock de réflexions sur les MOOC, et je n’en ai qu’occasionnellement produit de nouvelles.
J’ai aussi tempéré mes ardeurs en termes de nombre d’articles produits – pendant longtemps je carburais à trois billets par semaine – pour m’être pris trop souvent des remarques au vitriol sur ma présence en ligne. Le blog a été passé au peigne fin, et, apparemment, le fait de communiquer une partie de mes travaux en ligne faisait de moi un simple communiquant (sic, dit en ces termes en soutenance). Les attaques ad hominem prenant le pas sur les considérations scientifiques, c’était une question d’honneur que de publier autant que faire se peut pour prouver, de manière constructive, que l’on peut bloguer d’une part, et produire des résultats scientifiques d’autre part. Et que l’un n’empêche pas l’autre.
Résultat des courses, après trois ans à publier à tout va, que me dit-on à la marge des oraux, au cours des campagnes de recrutement de Maîtres de Conférences (MCF) ? Monsieur Cisel, vous avez un bon dossier, mais trop spécialisé sur un sujet, les MOOC, un MCF doit davantage être un couteau-suisse. J’étais pourtant plutôt couteau-suisse sur le plan méthodologique, mais pas assez sur le plan thématique. La remarque n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd, et je me suis attaché à préparer une nouvelle bordée d’articles sur des sujets complètement décorrélés de ma thèse. Ils sortiront dans les années à venir, et en grand nombre je l’espère. J’ai d’ailleurs décidé de doubler la cadence cette année et de viser plus à l’international. On a cherché à tort ou à raison à freiner ma frénésie (à tort à mes yeux, évidemment), mais je suis une vraie tête de mule.
Et du coup, tout pris que j’étais à défendre mon honneur scientifique et à faire profil bas sur la Toile, je vous ai délaissé.e.s chères lecteurs/lectrices. Devenu un peu aigri à force de frustrations diverses, bien mal en point était l’enthousiasme qui avait guidé ma plume lors de mes jeunes années. Mais ce chapitre est désormais clos. La bataille reprend. Ce que j’ai perdu en enthousiasme, je l’ai gagné en expérience ; et ce n’est plus avec un style de gamin de vingt-cinq ans que je reprends les armes, mais avec celui du jeune trentenaire, qui garde encore un peu de la flamme initiale, malgré tout. Il en faut assez peu pour la raviver, tout compte fait.
Le terrain de jeu s’est sensiblement modifié. Il n’est plus question de se cantonner à la production de MOOC. En effet, je suis depuis quelques semaines enseignant-chercheur contractuel à CY-Tech, de CY Cergy Paris-Université (ex-Université de Cergy-Pontoise) ; à ce titre, on m’a confié deux missions pour mes 192 heures d’enseignement. La première consiste à enseigner en anglais, dans un Bachelor de Data Science. Dans la mesure de mes moyens, via des pédagogies actives s’appuyant largement sur le numérique, je formerai des étudiants de toutes origines à appliquer dans des projets concrets les connaissances qu’ils apprennent en cours. Sans m’y cantonner, je donnerai une large place à la question de la détection des raisonnements fallacieux dans l’analyse de données. L’autre moitié du temps, je collaborerai avec toutes les personnes intéressées par la transformation digitale des enseignements. Il y a beaucoup de sujets et je ne veux pas tout dévoiler d’un coup, mais sachez que l’introduction de l’intelligence artificielle figure en bonne place. On en parle beaucoup, on la met en œuvre trop peu. Je ne suis pas un informaticien expert de la question, mais avec un peu de culture générale et de détermination, on peut faire des petites merveilles. Nous verrons bien ce qu’il en est. Et bien sûr, si cela marche, on essaie de passer à l’échelle, comme d’habitude.
Alors, haut les cœurs. Sabre au clair, c’est reparti pour une nouvelle bataille. Le slogan reste inchangé : Massifions l’excellence. Qu’importe sa naïveté ; elle est parfois nécessaire pour poursuivre, sur plusieurs décennies, des luttes qui ne sont pas gagnées d’avance. Massifions l’excellence donc; acte II.
6 Responses to Transformation digitale de l’enseignement supérieur : c’est reparti pour un tour