La MOOR aux temps du Corona

Ces derniers jours, j’ai exploré les réponses à la crise de la part des principales plateformes de cours en ligne. FUN et Coursera semblent bouger (j’ai contacté Coursera pour en savoir plus sur ce qu’ils proposent) et sont sans doute les plus prometteurs. L’idéal serait de pouvoir reproduire dans d’autres domaines ce que nous avons réussi à faire depuis quelques semaines dans le Bachelor avec Datacamp, action que je détaillais dans un billet récent.
L’offre de cours que LinkedIn Learning va donner gratuitement reste limitée, mais on peut au moins y trouver au besoin une bonne formation gratuite à Microsoft Teams. edX semble rester centré sur ses partenaires. Skillshare, très orienté compétences professionnelles, offre deux mois d’accès, mais pas de manière automatique. Il faut montrer patte blanche.

Comme des millions d’autres utilisateurs, je viens de recevoir de Coursera un mail dans lequel il est précisé que l’entreprise mettait à disposition une partie conséquente de son contenu pour les institutions à travers le monde entier (le contenu du mail est dans la suite du billet). Au-delà du cours que l’Imperial College vient de lancer sur le Corona (Diantre, c’est que l’on appelle de la réactivité, j’en ai vu des comme ça sur Skillshare et Futurelearn cela dit), il y a sur Coursera des centaines de cours où les vidéos étaient gratuites, par contre, les attestations qui permettent de s’assurer que le contenu a bien été suivi ne le sont pas. Or ces attestations, c’est ce qui pourrait faire la différence par rapport au simple accès aux vidéos, dans la mesure où nous n’aurions pas à vérifier nous-mêmes que le contenu a effectivement été suivi. Si nos institutions sont éligibles et que les cours en question concernent potentiellement un public français, et mettent vraiment à disposition des attestations, cela pourrait être une solution intéressante si la situation que nous traversons venait à durer.

Dans la mesure où l’orientation qui me semble généralement la plus prometteuse en termes de digitalisation est celle des cours complets autosuffisants et mutualisables, il y a peut-être une opportunité à saisir. En ce qui concerne la pertinence d’enquêter davantage, voici une brève analyse en pour et contre, qui reprend des arguments classiques pour et contre les MOOC :
Pour :
  • Du contenu de très haute qualité dans de nombreuses disciplines, avec possibilité de s’assurer que les étudiants ont bien suivi le cours
  • Une sensibilisation massive à la possibilité d’intégrer des cours en ligne dans les cursus
  • L’essentiel du contenu est en anglais (pour faire pratiquer nos étudiants)
Contre :
  • L’essentiel du contenu est en anglais (et nos étudiants ne veulent pas nécessairement faire l’effort)
  • Levée de boucliers possible par nos enseignants contre la logique de substitution et contre la colonisation de nos curriculums par les établissements américains (rappelez-vous les débats initiés par la San Jose State University)
  • La question des RGPD, les données étant stockées hors d’Europe, il est délicat de forcer les étudiants à aller laisser des traces là-bas (cf. la réaction des étudiants de l’EPFL il y a quelques années)
  • L’offre pourrait être de courte durée et cantonnée aux périodes de confinement, pour un investissement possiblement conséquent dans la mise en place d’un partenariat
C’est un choix éminemment politique; encore reste-t-il à déterminer s’il existe une opportunité réelle et que l’entreprise a la volonté et les moyens pour ouvrir les vannes comme elle le suggère dans ce mail. Il n’est pas exclu que nous ayons en face de nous un simple effet d’annonce, mais laissons à cette entreprise, qui a enregistré jusqu’à présent quelques beaux succès, le bénéfice du doute. Je laisse au lecteur la responsabilité d’enquêter davantage s’il y a lieu de creuser la question.

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