Les Universités Numériques Thématiques : ces acteurs méconnus du numérique éducatif

Dans ce billet, nous allons parler « Universités Numériques Thématiques » (UNT), un incontournable dès que l’on s’intéresse aux ressources éducatives libres dans l’enseignement supérieur français. Si vous allez sur le site Université Numérique, vous pouvez voir le portail des différentes ressources créées par ces « universités numériques ». Ce sont des opérateurs de l’Etat. En d’autres termes, ils vont financer la création de ressources éducatives libres ayant vocation à être mutualisées. En revanche, ils ne vont pas développer eux-mêmes la plupart du temps. Le contribuable finance ainsi des projets extrêmement différents les uns des autres; il n’y aura pas nécessairement une grande homogénéité dans les ressources produites. Chaque UNT a sa propre politique, son ou ses directeurs/directrices. Quelques précisions sur ces structures (encore trop) méconnues de l’enseignement supérieur.

Le fonctionnement général est le suivant : en tant qu’enseignant ou institution, on répond à des appels à projets pour être financés pour créer ces ressources. Ces UNT sont divisées en disciplines. Par exemple, vous avez UVED pour l’environnement, UNESS pour la santé, les sports, et ainsi de suite. Ces différentes UNT sont pour certaines héritières de structures préexistantes (campus numériques), d’autres ont été créées de novo dans les années 2000. Qu’advient-il typiquement d’une vidéo financée par une UNT ? Les auteurs peuvent choisir pour la diffuser un canal appartenant à l’Etat, Canal U en l’occurrence, principal hébergeur des vidéos créées par le milieu académique (comme ça on n’a pas à le mettre sur YouTube). C’est par ce canal plus que par un site propre à l’UNT que la production académique va se faire connaître.

Autre UNT incontournable : Unisciel, qui a mis en place le site faq2sciences, dont la fonction est notamment de valoriser tous les exercices financés par la structure. On peut choisir son parcours entre mathématiques,  physique, chimie, sciences de la vie.  N’importe quel internaute peut s’entraîner gratuitement  sur ces exercices. Ce qui est intéressant avec cette initiative (faq2sciences), c’est qu’ils sont allés au-delà de la simple mise à disposition des exercices pour les internautes. En effet, on peut se demander si les internautes, spontanément vont les utiliser. Du coup, ils ont créé des modules complets entiers, des séquences d’exercices que d’autres établissements  pourront éventuellement se réapproprier (s’ils paient leur abonnement annuel, qui s’élève à quelques milliers d’euros par an). C’est le projet SOCLES, pensé comme des modules de licence en sciences.

N’importe quelle université peut utiliser SOCLES. Tous les exercices sont pensés pour être intégrés  dans les plateformes d’apprentissage et les LMS comme Moodle, où l’établissement n’a qu’à télécharger tous les exercices, les intégrer facilement (grâce aux normes SCORM) dans son propre Moodle, sans avoir à faire des copier-coller manuels pour des centaines, voire de milliers d’exercices. Je trouve ce type d’initiative intéressant quand l’on s’inscrit dans une logique de mutualisation (les exercices sont issus de dizaines d’établissements différents), avec une forme de formalisation de parcours et le respect  de certaines normes d’interopérabilité qui permettent d’échanger de manière fluide des banques d’exercices de milliers d’items. Cela vous donne un peu un aperçu de ce qui peut sortir d’une UNT, mais vraiment il y a de tout, donc allez regarder par vous-mêmes ce que fait l’UNT associée à votre discipline.

Si vous voulez un peu l’historique des UNT, voici une publication d’Anne Boyer très intéressante : les Universités Numériques Thématiques : Bilan. Il pourrait être intéressant  d’en faire une nouvelle pour remettre à jour les connaissances dont l’on dispose sur ces institutions (disclaimer : j’ai une publication sur les UNT dans les tuyaux, qui fait suite à une enquête que j’ai menée au printemps avec des collègues).

Pour conclure sur l’intérêt des UNT, il y a centralisation des financements d’une part, ce qui est intéressant, et recherche de mutualisation d’autre part. La faiblesse réside a priori dans la multiplication des supports de diffusion des ressources créées; on a aussi bien des ressources vidéos hébergées par Canal U, qu’un serious game isolé, qu’un projet comme SOCLES ou faq2sciences. L’effet « patchwork » est, de manière plus générale, la plaie des REL. On en reparlera probablement …

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