Dans ce billet, nous allons parler de licences libres et/ou de libre diffusion. Il faut tout d’abord savoir que les licences libres sont inspirées largement des logiciels libres (les informaticiens partagent du code en open source depuis belle lurette). Il est assez important de connaître les différentes nuances de licences Creative Commons, d’où ce billet.
Dans les licences les moins restrictives, il y a ce qu’on appelle le CC0, c’est-à-dire que quand une ressource est en CC0, même pas besoin de citer l’auteur. En fait, c’est le domaine public. Deuxième niveau : CC-BY, pour « par qui ». Il faut citer l’auteur, mais c’est la moins restrictive des licence Creative Commons. CC-BY-SA : SA, pour « Share Alike ». L’idée, c’est que l’on doit citer l’auteur bien sûr, et, par ailleurs, quand on va partager, ou l’adapter pour créer notre ressource, il est interdit d’être plus restrictif que la licence initiale (en rajoutant une condition comme l’interdiction d’usages commerciaux par exemple). C’est la licence de Wikipedia, le CC-BY-SA.
S’agissant de la CC-BY-NC-SA : l’idée est ici d’exclure les usages commerciaux des ressources (les autres conditions d’utilisation, comme la référence à l’auteur, étant maintenue). Dans mes vidéos, vous constaterez que j’ai quasiment toujours le logo CC-BY-SA sur les diapositives. Si j’avais rajouté le logo NC, vous n’auriez pas le droit d’utiliser cette vidéo dans une formation d’adultes, dans le cas où les adultes devraient payer. ND est pour « no derivative »; cela veut dire que l’on n’a pas le droit de modifier l’œuvre originale. Par exemple, imaginons que j’ai mis un ND sur mes vidéos. Vous ne pourriez pas simplement les prendre et en changer les couleurs, par exemple, mettre le fond rouge. On peut ainsi établir une forme de hiérarchie des licences, de la CC0 la plus ouverte à la copyright, tous droits réservés. Il est important de comprendre et de connaître les nuances : CC-BY-NC, CC-BY-NC-SA, CC-BY-NC-ND. Vous avez toutes les combinaisons possibles, et autant de logos.
Vous en avez de nombreuses ressources en Creative Commons à votre disposition sur Internet, même des manuels. Allez sur les « Open Textbooks » de Open Stax par exemple, pour des manuels en licence libre ou libre diffusion. A partir du moment où vous respectez la licence, vous pouvez en faire ce que vous voulez. Vous n’avez pas que Wikipédia qui est sous cette licence il y a même des éléments interactifs et des manuels interactifs. Sur Google Images, vous avez la possibilité de choisir la licence Creative Commons. Idem sur YouTube, vous avez la possibilité de créer et de mettre Creative Commons. Ce n’est pas simplement une lubie d’utopiste, puisque Google, YouTube et bien d’autres prennent en considération ce genre de choses. Si vous cherchez des images en CC0 pour vous diapositives, Pixabay fera le travail, et Jamendo pour la musique, Pexels pour les vidéos; je l’ai beaucoup utilisé dans le passé et qui fournit des vidéos d’assez bonne qualité.
Si vous voulez aller plus loin dans ce que recouvrent les licences Creative Commons, sur ce que vous avez le droit de faire ou non, je vous recommande un site dédié. Je pense qu’il est important de diffuser la connaissance de ces licences non seulement auprès du monde enseignant, mais auprès de l’ensemble des décisionnaires du système éducatif. Et de souligner l’importance d’apposer les logos directement sur les ressources pour clarifier la chose.
Avant de conclure, quelques remarques sur l’utilisation de figures issues de revues scientifiques, revues qui sont, elles aussi bien sûr, concernées par la question des licences CC. Prenez une figure issue du journal PLOS ONE : elle sera en Creative Commons. Vous pouvez l’utiliser dans n’importe quel contexte, blog, livre que vous allez vendre, à condition que vous respectiez les conditions de la licence. A l’inverse, vous allez sur un journal comme Nature, où il n’y a pas cette politique de Creative Commons, vous ne pourrez grâce à l’exception pédagogique qu’utiliser les figures pour un enseignement en classe. Dans un MOOC, ouvert à tous, vous auriez à payer des milliers d’euros pour chaque figure.
A cet égard, quand vous préparez un cours en ligne, il faut être extrêmement vigilant lorsque vous vous inspirez du cours d’un ou une collègue. Imaginons que je prenne le PowerPoint d’un collègue qui a utilisé des figures et qui, lui, n’a pas utilisé l’exception pédagogique. Et donc, ce n’est pas parce qu’utiliser son cours est légal du point de vue de l’exception pédagogique qu’utiliser, en revanche, les oeuvres qu’il n’avait pas le droit d’utiliser devient légal. C’est-à-dire que si lui n’a pas été vigilant, vous vous devez l’être pour lui, entre guillemets. Donc le droit associé à la figure va prévaloir.
Pour information, j’ai mené une enquête l’année dernière sur la connaissance que le milieu universitaire a de ces licences, et les résultats sont particulièrement intéressants. Je ne manquerai pas de vous en diffuser les résultats une fois que ceux-ci seront publiés.