Examens à distance : méthodes de surveillance, et lutte contre la triche

Dans ce billet, j’aimerais vous parler de la question de la digitalisation des examens écrits. Vous n’êtes pas sans savoir que pendant la pandémie, les reports d’examens ont été légions. Nombreux sont ceux qui furent réalisés en ligne, bousculant les habitudes des enseignants en la matière. Cette période fut sans doute caractérisée par une triche massive, y compris parmi les étudiants au comportement généralement sérieux. Cette situation invite à la réflexion.

Commençons par explorer la diversité des situations. Premier élément, la distinction entre présentiel et distanciel. Un examen sur tablette ou sur ordinateur ne pose évidemment pas les mêmes problématiques si les apprenants sont surveillés dans une salle ou s’il y a surveillance individuelle à distance, via un prestataire par exemple.

En présentiel, le réflexe consiste à penser qu’il suffit de bloquer avec des appareils dédiés (brouilleurs, etc.). Le problème c’est que si on bloque vraiment internet pour empêcher la triche, les soucis apparaissent rapidement. Imaginons que l’on ait sur un examen sur tablette et que l’on veuille faire remonter les résultats issus des tablettes vers une banque de données pour proposer un examen personnalisé (on peut toujours laisser accès à l’intranet en revanche). Exemple : la sélection aléatoire des items au sein d’une banque de questions constitue une stratégie classique : les items diffèrent d’un apprenant à l’autre, difficile de tricher dans ces conditions (mais certains diront que l’on prise l’égalité entre étudiants puisque ce ne sont pas les mêmes questions). A minima, l’ordre de présentation change de sorte à briser la synchronicité entre les étudiants tout en fournissant un contenu identique. La stratégie est classiquement utilisée dans les examens en présentiel et ne peut exister que grâce au numérique. Plus compliqué à mettre en place si l’on bloque Internet (vous me direz, c’est suffisamment rare pour que cela ne soit pas un problème). Le problème de l’examen est plus saillant pour les concours nationaux. Il est arrivé, dans le cas de la médecine, que dans une salle d’examens, le wifi marche moins bien quand que dans les autres. Quand l’on sait que la réussite ou l’échec à un concours détermine des carrières entières d’une personne, l’on ne peut pas accepter que tel ou tel problème de wifi dans une salle donnée vienne briser l’équité entre les candidats à l’échelle nationale.

S’agissant maintenant des examens à distance surveillés, avec par exemple des entreprises comme ProctorU… La surveillance passe par un partage d’écran, dont le flux vidéo est d’ailleurs archivé. On enregistre également le flux venant de la webcam afin de voir ce qui se passe dans la pièce. Il y a donc quelqu’un payé, à l’autre bout du monde, pour regarder des candidats travailler sur leurs examens. Et la surveillance d’un examen à distance ne coûte pas si cher du fait de l’industrialisation du processus :  une trentaine d’euros par passage. Il peut y avoir des documents permettant de tricher quelque part dans la pièce, dans un angle mort, mais en principe le surveillant demande de faire un tour avec la caméra pour vérifier : la pièce doit être entièrement vide. En cas de soupçon de triche, on peut revisionner les vidéos et dire « Ah oui, là, il a regardé à gauche, là regardé à droite », creuser, et faire repasser l’examen le cas échéant.

En terme d’identité, on demande généralement à la personne de mettre sa carte d’identité  devant la webcam. Des techniques plus avancées comme l’identification biométrique sont parfois mobilisées mais elles m’inquiètent : on analyse la manière dont vous tapez au clavier.  Par exemple, le nombre de millisecondes qu’il y a entre le A et le O  ou le A et le T, on va le considérer comme une signature biométrique. Cela pose quelques problèmes d’éthique.  Cela veut dire que l’on pourra un jour peut-être vous identifier et pourquoi pas vous géolocaliser à partir du moment où vous utilisez un clavier. C’est assez dangereux.  Je préfère, en ce qui me concerne, me contenter de la carte d’identité  sur la webcam.

Sans aller jusqu’à ces techniques exotiques de vérification de l’identité (on reste généralement sur de la vérification de carte d’identité), en « outsourçant », vous vous affranchissez d’une série de problèmes à régler vous-même. Ce s’est développé ces dernières années en France, donc affaire à suivre.

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