Numérique, autoévaluation et évaluation par les pairs

Dans ce billet, nous allons parler autoévaluation,  évaluation par les pairs, et numérique, des sujets assez anciens, qui pré-existent au numérique bien évidemment. Vous des recherches des années 90 pointues sur la question. Mais avec le numérique et les MOOC notamment, vu que l’on avait du mal à évaluer de larges audiances, l’évaluation par les pairs et l’auto-évaluation ont eu le vent en poupe dans les années 2010 et on s’est vraiment beaucoup ré-intéressé à la question depuis une dizaine d’années, avec le lot de publications qui va avec. Quelques précisions.

Typiquement, je reçois une copie d’un de mes étudiants sur Teams, et je veux que la personne s’auto-évalue avant de me rendre son devoir. Assez classique. On peut utiliser un formulaire avec un barème pour évaluer le travail, mais ce n’est pas moi qui vais le mobiliser, c’est l’apprenant lui-même, juste avant de rendre son devoir, et éventuellement améliorer lui-même sa copie sans que je lui ai dit quoi que ce soit, dans le meilleur des cas. Je donne généralement le barème après qu’un premier jet ait été fait, pour laisser la possibilité de faire des erreurs que l’on corrige après, sinon le premier travaille colle trop aux critères du barème. On peut aussi en amont, donner ce barème, en même temps que l’énoncé du devoir. Cela permet une plus grande transparence quant aux attentes, mais à un prix. C’est quelque chose qui peut être très apprécié des apprenants.

L’une des fonctions principales de l’auto-évaluation, c’est évidemment partager les critères d’évaluation en amont de la soumission; cela dissipe les doutes des apprenants qui peuvent parfois avoir une grande anxiété sur ce qui est attendu d’eux, avec ce que l’on appelle une fonction d’étayage (en anglais de scaffold), qui permet de tendre plus rapidement vers les résultats attendus. Ce n’est pas la note de l’apprenant que l’on va retenir, cela va sans dire (même si parfois je lui donne un faible coefficient). La note définitive est donnée par le formateur. C’est néanmoins extrêmement important d’avoir ce retour réflexif sur son travail, un petit peu de compétences méta-cognitives cela ne fait pas de mal, et pas simplement donner son premier jet sans vraiment se concentrer sur ce qui est attendu.

Et, cerise sur le gâteau, cela permet de gagner du temps et en tant qu’enseignant, on a moins à répéter pour chaque copie toujours la même litanie, s’ils ont bien fait leur travail d’autoévaluation et filtré en amont les erreurs communes. Le numérique a une valeur ajoutée : on peut plus facilement comparer le diagnostic de l’enseignant à celui de l’apprenant. Et comme les copies font des allers-retours tout le temps, sur le plan logistique, c’est plus compliqué avec du papier.

L’évaluation par les pairs, je l’ai découverte dans les MOOC, mais cela peut être tout aussi bien fait au sein d’une classe. Un rendu est envoyé à trois évaluateurs étudiants, qui disposent d’un barème. La note finale peut-être la moyenne des différentes notes des évaluateurs, mais on peut aussi pondérer avec la note de l’instructeur, bien évidemment. L’on va pouvoir ainsi avoir des commentaires assez nombreux de la part des apprenants. Il y a beaucoup de débats sur « est ce que l’on peut se fier  à ce type d’évaluation? » « Quelle est la légitimité de l’évaluateur? »  Questions intéressantes au demeurant. A mon sens, il faut le voir avant tout comme un exercice d’évaluation formative. En plaçant des apprenants en posture d’évaluateurs, on change leur regard, on les oblige à s’approprier des grilles d’évaluation, ce qui en définitive fait beaucoup mûrir sur un sujet je trouve.

Cela permet aux apprenants de mieux comprendre la logique derrière les attendus. D’ailleurs, je vois l’évaluation par les pairs plutôt comme une étape avant une évaluation sommative faite par l’enseignant. Comme pour l’auto-évaluation, on peut avoir filtré un certain nombre d’éléments en amont grâce à l’évaluation par les pairs. Dès lors, l’instructeur se focalise sur les éléments de plus haut niveau, que seul lui est capable d’évaluer. Une perspective peut consister à analyser et corriger les évaluateurs, évaluer l’évaluation en quelque sorte.

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