Comme vous l’avez peut-être constaté, je me suis mis à partager sur le blog certains des résultats obtenus avec mes étudiants du Bachelor Data Science, lors de l’analyse du jeu de données theses.fr. Aujourd’hui, j’aimerais vous parler de mobilité académique (et son pendant logique d’endogamie), après la thèse, mais aussi tout au long de la carrière. Pour mémoire, à travers la base, on ne voit l’étape d’après la thèse qu’au travers de la présentation du premier doctorant (ou de la première doctorante). Et encore, pour pouvoir attribuer un établissement, il faut éviter la cosupervision, qui complexifie singulièrement la chose (sans la rendre impossible pour autant). Bref, tout ceci serait nettement plus rigoureux/précis avec les bases de la DGRH (ressources humaines), mais on fait avec ce qu’on a. On a fait un peu de nettoyage (réécrit les noms des universités et autres), une petite jointure avec une table fournissant les coordonnées des institutions, et cela donne les cartes qui suivent (plus grand chose à voir avec les MOOC et le numérique, je sais, mais on a le droit à un petit craquage de temps à autre).
Cette première carte est celle de l’endogamie post-doctorat. Plus c’est vert, plus cela veut dire que les jeunes docteur.es n’ont pas bougé entre la thèse et la présentation du premier doctorant. Tiens tiens, on dirait que l’on vient faire sa thèse sur Paris ou en région parisienne, mais que l’on n’y reste pas plus que cela après la thèse. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus de recrutement, l’Ile-de-France reste centrale sur le plan de l’enseignement supérieur, mais cela suggère un certain turnover (idem pour la région de Grenoble, Annecy, etc.). Au passage, le découpage présenté ici est celui des académies. Au contraire, dans la Gironde, on préfère ne pas quitter la région. Mais pourquoi donc ?
Nous avons également regardé les déplacements d’une université à l’autre, entre différentes institutions où l’individu a été directeur ou directrice de thèse. Tout au long de la carrière en quelque sorte. Nous avons même calculé des distances géodésiques, pour regarder si selon les disciplines ou les genres, certains se déplaçaient plus que d’autres. Entre la première et la seconde supervision de thèse (avec défense), la proportion de personnes qui bouge est de 9% pour les femmes, et 19% pour les hommes. Ce qui est bien évidemment statistiquement significatif (régression logistique). Entre disciplines en revanche, pas de grande différence.
Le graphique fourni par mon étudiant est pu informatif, car il a utilisé des couleurs pour représenter la force des liens, au lieu d’utiliser des épaisseurs de flèches comme dans la figure ci-dessous (mais qui n’a rien à voir avec les migrations pour le coup). Il faudra sans doute le revoir si l’on va vers la publication, un jour peut-être (et homogénéiser un peu les fonds de carte aussi, car ils se sont fait plaisir à tester toutes les variantes possibles). Un peu frustrant tout ça ? C’est normal, ce n’est qu’une invitation à creuser la question, pas un véritable résultat solide.
Rien à voir, le graphe ci-dessous est sur un tout autre sujet, les cosupervisions, mais c’est la forme que j’attendais pour le précédent (parfois j’ai des ratés dans le pilotage des projets d’analyse sur ces U.E.). Plus une université est « grosse », plus les cosupervisions intra-établissements sont importantes. Plus un trait reliant deux établissements est épais, plus les cosupervisions entre ces deux institutions sont fréquentes (ex. : Strasbourg-Lyon, il faudrait que je creuse pour retrouver les facs précisément en jeu). Sans doute faudrait-il standardiser par le nombre de thèses en jeu au total.
Je ne vais pas m’attarder plus longtemps sur ces cartes, car je n’ai pas plus de clés d’interprétation que ça. Ce n’est pas l’enjeu de ces projets de recherche que de publier de manière systématique. C’est fort dommage d’ailleurs, car il y a de quoi faire. Les étudiants en analyse de données peuvent être de formidables assistants pour des travaux de recherche, en particulier si vous appliquez la pédagogie par projet. Encore faut-il avoir les reins assez solides pour publier tout derrière, et ne pas trop abuser. J’ai ouï dire que des collègues abusaient trop de la chose et faisaient coder (ou plutôt, tentaient) l’intégralité de leur travail par des étudiants. Evidemment, il y a eu levée de boucliers. Ma philosophie est sensiblement différente. Je les fais plancher sur des thématiques d’intérêt, et, une fois de temps en temps, je vais sur de la publication. Je ne leur fais pas faire mon travail, je valorise parfois le leur, en quelque sorte. A minima dans un blog si ce ne peut être dans une publication. Un modèle à approfondir je pense …