Suivre et comprendre l’évaporation des apprenants dans les cours en ligne

Dans ce billet, j’aimerais vous parler d’une analyse classique que l’on réalise quand l’on s’intéresse au devenir de ressources pédagogiques dans un cours en ligne, celle de l’attrition. L’on peut définir l’attrition comme une chute plus ou moins rapide du nombre d’apprenants dans une formation, soit au fil des éléments d’une séquence, soit au fil du temps (analyse diachronique). Quelques précisions…

Première étape : l’on peut décomposer l’attrition par type d’activité. Ce n’est pas du tout la même chose l’attrition sur du visionnage de vidéos, et de l’attrition sur du rendu de devoir ou sur de la réalisation de quiz. Certains apprenants peuvent être des auditeurs libres fidèles et qui visionnent les vidéos même s’ils disparaissent des devoirs. Il peut dès lors être intéressant de contraster l’attrition des différents types d’activité d’un cours, ce qui permet d’aller plus loin que la seule question de l’évolution de participants actifs.

S’agissant de la mesure de l’attrition, la question de la base de calcul est essentielle :  qui vous allez compter comme dénominateur, et qui vous prendrez en compte comme numérateur. Le concept de non-start, de « non-départ », est extrêmement utile pour appréhender la chose. Il y a beaucoup d’inscrits, même quand ils ont payé,  qui ne commencent jamais une formation. Si vous les prenez en compte dans votre calcul d’attrition, finalement vous allez biaiser un peu vos résultats. Imaginons que ce soit le nombre de diplômés ou le nombre de certifiés que vous prenez en compte pour déterminer à quel point votre formation a été terminée. Qu’est-ce que vous allez prendre en dénominateur ?  Gros point d’interrogation.

Dans une formation en lige, cela peut être les personnes qui regardent une vidéo, ou qui se connectent au moins une fois. Dans un MOOC, si vous mettez juste le nombre d’inscrits, finalement, le calcul est peu fiable. C’est d’autant plus dommage que l’on peut savoir qui a  regardé au moins une vidéo,  ou rendu au moins un devoir. C’est tout à fait facile à obtenir grâce aux traces. Quel que soit l’indicateur, il faudra le préciser. J’ai vu des collègues qui affichaient des taux d’attrition bas car ils prenaient  en dénominateur tous les gens qui avaient rendu au moins un devoir; évidemment cela va être plus facile d’avoir des taux de réussite élevés avec ce procédé.

Pour aller plus loin, il faudra développe une analyse causale de l’attrition. On peut très bien quitter un cours  volontairement parce que l’on se rend compte que l’on n’est pas intéressé  par le sujet du cours, ou parce qu’on n’a pas le temps de le suivre. C’est très différent de la la logique d’échec académique, c’est-à-dire qu’on a une note éliminatoire qui invite à quitter la formation. Ensuite, il peut y avoir aussi une analyse causale encore plus en aval. C’est-à-dire, quels sont les obstacles ?  Quelles sont les raisons pour lesquelles on a eu le retrait volontaire ou quelles sont les raisons  pour lesquelles il y a eu des échecs académiques ?

Si l’on veut comprendre pourquoi il y a eu de l’attrition à tel moment de la formation, il va falloir aller regarder finement quels ont été les points d’inflexion (comprendre, de départ), et faire des hypothèses que vous testerez sur les raisons sous-jascentes  Ce que je recommande évidemment, c’est de ne pas se baser uniquement sur des approches quantitatives, et, sans aller sur des questions de recherche, faire des entretiens avec les personnes concernées, les apprenants en général. Cela vous permettra  d’avoir les idées un peu plus claires sur ce qu’il se passe dans votre cours.

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