Transformer l'école dans un monde digital

L’école-plateforme : le coeur de l’écosystème économique

L’apprentissage par projet (du type « expérience apprenante » inspirée du CHU) permet d’abolir les frontières entre théorie et pratique, entre les disciplines académiques, et entre enseignement, recherche, et activité économique. En confrontant les étudiants à des problématiques d’entreprise, l’apprentissage par projet atteint plusieurs objectifs, à la fois pédagogique, de recherche, et de lien avec les entreprises.  Ce faisant, l’Ecole-Plateforme retrouve son rôle central au coeur de l’activité économique, et reprend pleinement son rôle envers les chambres de commerce et d’industrie.

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Apprentissage par projet : des situations réelles, donc ambigües et complexes

Au niveau de l’apprentissage, en posant un problème réel, qui n’a pas de solution parfaitement déterminée, ce dispositif force l’étudiant à repenser sa manière d’aborder son travail. A l’instar de tout problème réel, avant même de penser à le « résoudre », il faut arriver à comprendre « quel est le problème exactement ? » La qualification d’une problématique fait effectivement partie intégrante des situations réelles rencontrées en entreprises ; et la gestion de ce genre de cas – souvent ambigu – fait partie du quotidien du manager.

Par la suite, pour être capable d’aborder la complexité de ces situations réelles et donc couvrant plusieurs disciplines et complexes, les étudiants doivent travailler en équipe. En pratique, le travail en groupe fait en effet partie intégrante de la dynamique de toute organisation. Il convient donc de former et d’évaluer les étudiants sur des dimensions collectives.

Enfin, en proposant des projets provenant d’entreprises, et en créant des liens entre les étudiants et les professionnels, inscrits au coeur de l’apprentissage, l’école remplit aussi son rôle de rampe de lancement. La mise en relation des experts terrain avec les étudiants n’a pas qu’un objectif pédagogique, c’est aussi une manière de rencontrer ceux qui seront bientôt leurs patrons, clients, ou collègues et donc de constituer un réseau.

Recherche clinique : création et transmission de savoirs liés à des problèmes réels

Mais une institution académique n’a pas comme seule mission de transmettre un savoir déjà défini. L’économie se développant, de nouveaux problèmes se présentent, et il faut pouvoir y répondre. Il est donc nécessaire de toujours se reposer la question des méthodes d’analyse et de travail utilisées, afin d’apporter des clés et des outils toujours plus pertinents à ceux qui doivent résoudre ces problèmes.

C’est pour cela que l’une des missions des institutions académiques est aussi de produire du savoir, en particulier par la recherche. C’est l’un des principes énoncés par Humboldt, l’un des pères fondateurs de l’université moderne : un enseignement d’excellence se fonde sur l’esprit critique et la volonté d’en permanence se reposer la question de la pertinence et de la validité des modèles utilisés pour résoudre un problème. C’est aussi le principe de la méthode scientifique sur laquelle se fonde la recherche académique. Et ces fondamentaux se trouvent au cœur d’une expérience apprenante inspirée par le CHU.

L’apprentissage par projet inspirée par le CHU sera en effet encadré par des experts de deux types : professionnels et académiques. Les uns apportant des éléments « de terrain » et les autres veillant à ce que les principes d’esprit critique et de méthode scientifique soient respectés afin de s’assurer de l’excellence de la formation et de sa rigueur. Chaque projet sera aussi l’occasion de tenter d’améliorer les pratiques existantes et donc de tester de nouvelles approches. Ce faisant, à l’instar de l’hôpital universitaire, l’expérience apprenante peut aussi être le lieu de l’expérimentation, et donc le lieu de la création de nouvelles méthodes et de nouveaux savoirs.

Ces nouvelles méthodes ou nouveaux savoirs acquis par la recherche clinique peuvent alors être testés lors d’autres projets, appliqués en entreprise, et diffusés à l’entièreté du monde par des publications. La recherche clinique, c’est aussi ouvrir la porte à une transmission plus naturelle du savoir créé par la recherche, et à une diffusion à la fois de terrain et très académique.

Ecole-Plateforme : animer l’écosystème économique

L’école de demain doit donc rassembler autour d’elle des chercheurs, des représentants du monde de l’entreprise et des étudiants, et les faire travailler ensemble pour permettre à chaque communauté d’atteindre son but : pour les étudiants, se former de manière complète, rigoureuse et pertinente avec les attentes du marché ; pour les chercheurs, se donner les moyens d’expérimenter et de mettre en pratique leurs idées ; pour les entreprises, de trouver une manière de se développer à la fois en trouvant des solutions à des problématiques précises et en faisant progresser leurs méthodes de travail et leur compréhension de leur environnement.

L’école devient donc plateforme accompagnant l’activité de toute une série d’acteurs, les mettant en relation, encourageant l’expérimentation, concevant des nouvelles méthodes, facilitant les échanges, diffusant les savoirs… Ces communautés existent déjà aujourd’hui et participe déjà en partie à leurs activités. Mais une école de commerce est à la fois parfaitement positionnée et complètement légitime pour aller beaucoup plus loin : renforcer et animer les liens entre elles, favoriser la coopération, et au final « lever les frictions ». Son but, en tant que facilitateur, est de créer une véritable symbiose, un cercle vertueux, où l’apport de chaque communauté au projet est utile aux autres et participe de la cohésion et de la vitalité de l’écosystème dans sa globalité.

En étant le facilitateur central de ce cercle vertueux, l’école de commerce renforce donc sa position en tant que partenaire de premier plan au sein des chambres de commerce et d’industrie, puisque celles-ci ont pour mission d’accompagner les entreprises dans leur développement. En privilégiant la recherche clinique et en prônant les meilleures pratiques d’enseignement, l’institution agrège autour d’elle des communautés diverses et crée une symbiose qui la place comme le nouveau cœur nucléaire de l’écosystème économique. De tels exemples peuvent déjà se trouver ici et là (comme au sein des chaires de l’ESSEC par exemple), mais il convient de généraliser et systématiser ce genre d’initiative.

Les décideurs et professionnels étant partie prenante, et aussi du fait de leur expérience et de leur vision de terrain, il serait logique qu’ils puissent orienter (du moins en partie) les programmes d’enseignement et de recherche. Par exemple via l’intermédiaire de « club de décideurs » ou think tanks, sur certains secteurs ou dans certaines fonctions. Une orientation qui irait de paire avec un financement de ces activités. L’entreprise soutenant à son tour la pérennité de l’activité d’enseignement et de recherche qui l’accompagne : la boucle est bouclée.

Par la recherche clinique, l’école plateforme remplit pleinement son rôle envers la chambre de commerce et d’industrie

La mission des écoles de commerce envers les chambres de commerce et d’industrie a toujours été de créer et transmettre le savoir nécessaire au développement de l’activité économique. En devenant plateforme, l’école va plus loin : elle devient le coeur nucléaire de l’économie de la connaissance et anime les échanges de savoirs et d’apprentissage entre différentes communautés : étudiants, experts, entreprises, décideurs, etc.

C’est donc bien comme le nouveau noyau de l’écosystème économique que doit se définir l’institution académique, puisqu’elle rassemble et dynamise les acteurs économiques d’aujourd’hui, les principaux vecteurs d’innovation et de changement, et les acteurs de demain. C’est le cœur du cercle vertueux que les chambres de commerce et d’industrie ont pour mission de mettre en place.

Commentaires (2)

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