Nul ne peut réellement déplorer, sur le fond, que l’Etat ait décidé d’investir massivement dans le renforcement des sites universitaires afin de leur permettre de tenir leur rang dans la compétition mondiale et de dynamiser l’économie nationale.
L’idée de doter en capital des lieux d’excellence académique est ancienne. Plusieurs lois fédérales passées entre 1862 et 1890, ont ainsi permis aux Etats-Unis d’établir de grandes universités à partir d’importantes dotations foncières. Ce processus volontariste, dans la majorité des cas ex-nihilo, a été couronné d’un certain succès puisqu’il a abouti à la constitution d’universités de rang mondial, telles l’Université de Californie, le MIT, l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign ou Cornell.
Mais que penser, au juste, de la réalité des liens entre capital universitaire et excellence ? Pour nous faire une idée, observons le cas des universités américaines.
1) Observations statistiques
L’examen croisé des données de l’Academic Ranking of World Universities (ARWU, autrement dit, le fameux classement « de Shanghai ») et des capitaux (« endowment ») des universités américaines débouche sur quelques observations intéressantes. 44 parmi les 62 universités américaines détenant en 2010 un capital supérieur à 1 b$, figurent dans les 100 premières universités classées par ARWU.
Les deux classements (capitaux universitaires US et classement de Shanghai) présentent une corrélation convenable : le classement en capital de ces universités américaines explique plus de 70% de leur position dans le classement de Shanghai (figure 1).

Figure 1- Classement AWRU des principales universités US du Top 100 en fonction de leur classement US en capital
Faisons maintenant un zoom sur le club très envié des 20 premières universités mondiales selon le classement de Shanghai, peloton que la France ambitionne de rejoindre un jour. 17 universités américaines, dont 4 appartenant au consortium public californien (UCB, UCLA, UCSD, UCSF) colonisent ce peloton. Leur rang dans le classement de Shanghai est une fonction exponentielle inverse (e^(-x)) de leur capital, qui explique près de 80% du classement (figure 2). Pour simplifier, chaque place gagnée en deçà du 10ème rang l’est au prix d’un doublement du capital. Quant à la formule de corrélation, elle suggère que le « ticket d’entrée » dans le G20 des universités est de l’ordre de 1 milliard de dollars US, soit 750 millions d’euros au cours actuel.

Figure 2 - Capital des 17 universités américaines du Top 20 de Shanghai en fonction de leur rang AWRU.
Ces résultats statistiques sont intéressants à comparer avec l’ampleur de la capitalisation envisagée pour les universités au travers des investissements d’avenir. Les demandes cumulés d’Equipex, Labex et autres IdEx des principaux sites actuellement dans la course sont de l’ordre de 1 à 2 milliards d’euros, ce qui permettrait, en théorie et toutes choses égales par ailleurs, de doter en capital une dizaine de sites au niveau des universités américaines du « club des 20 ».
En conclusion préliminaire, le niveau moyen des investissements d’avenir apparaît d’une ampleur comparable à la capitalisation des meilleures universités américaines. C’est un bon début… mais ces constats rassurants appellent de nombreux bémols …
A suivre…
[…] Le pari “capital” (1/3), billet de Philippe Jamet, directeur de l’école des Mines de Saint-EtienneQuelques remèdes du docteur Allègre, billet de Claude Lelièvre, historien de l’éducation […]
Ce billet est stupéfiant. L’auteur n’a pas compris la différence entre corrélation et causalité, comme il ressort par exemple du second paragraphe de la section 1 et à nouveau avant la figure 2. Sans parler de phrases incompréhensibles comme « Leur rang dans le classement de Shanghai est une fonction exponentielle inverse de leur capital ».
Un exemple frappant d’utilisation de courbes, graphes et mots mathématiques par quelqu’un qui ne les comprends apparemment pas.
(Plus marginal : la traduction française de « billion » est « milliard ».)