La Lorraine fait partie des sites sélectionnés dans le cadre du plan Campus et programme des opérations de rénovations / constructions lourdes des infrastructures universitaires et de vie étudiante : rénovations et constructions de Cité-U, déménagements de composantes universitaires dans une logique de proximité thématique (ex : campus « Biologie – Santé » à Brabois)… Ces opérations lourdes invitent naturellement à se poser la question suivante : qu’est-ce qu’un campus ? Et tout naturellement, ceci nous interroge quant à la perception qu’ont les différents acteurs de cette notion, car elle n’est pas uniformément conçue.
Si vous interrogez les étudiants, ils vous répondront à la quasi-unanimité par un modèle de « campus unique » à l’anglo-saxonne, sans qu’il soit aisé de juger du poids joué par les représentations véhiculés par la culture populaire (cinéma, la télévision …) dans cette réponse.
Or, ce n’est pas l’orientation qui a été historiquement prise en France.Rappelons que les universités françaises sont, in fine, récentes ; les facultés qui pré-existaient se sont installées en suivant d’autres critères, par exemple la proximité d’un hôpital, d’un tribunal etc. De plus, et d’une certaine manière, le « poids des disciplines » (qui caractérise le système français) se retrouve parfois également au sein même des campus créés depuis : à chaque UFR son bâtiment ! Par ailleurs, les municipalités sont en général très attachées à maintenir une activité étudiante « en ville », comme élément d’animation de la vie de la Cité et de mixité sociale.
S’ajoute à cela que les universités ne sont (à quelques exceptions près) pas propriétaires de leurs locaux, qu’elles n’ont de toutes façons pas les moyens propres de mener des politiques ambitieuses en la matière, que les pratiques culturelles des étudiants diffèrent en fonction des « cultures disciplinaires » (à lire, les enquêtes de l’OVE sur le sujet), et qu’enfin la gestion du logement et de la restauration a été confiée aux CROUS (structures gérées nationalement et extérieures aux universités). Nuançons ce dernier « frein », car le modèle allemand des Studentenwerke montre que ces compétences peuvent-être extra-universitaires sans empêcher pour autant la création de campus « intégrés » (à ceci près que ces Studentenwerke, elles, sont gérées au niveau des Länder et moins de l’Etat …).
Comment créer des campus coïncidant avec des identités, cohérents, mais ouverts et rayonnants sur la Cité ? Comment les universités, actuellement en pleine phase de ré-organisation (PRES, loi LRU, fusions, investissements d’avenir …) vont-elles organiser leurs campus avec leurs partenaires et l’ensemble (ils sont nombreux : collectivités, CROUS …) des acteurs ? Réponse dans les années à venir …