Je vous propose de visualiser deux vidéos à la fois amusantes et intéressantes.
Tout commence début janvier 2012, lorsque des étudiants de Rennes 2 lancent leur vidéo « Rennes 2 : plus qu’une fac, un concept » sur Youtube. Elle totalise aujourd’hui près de 40000 vues. Je vous laisse le soin de la visionner ci-dessous.
Réponse de la part d’étudiants de Rennes 1 une vingtaine de jours plus tard :
Chacune de ces vidéos joue tantôt sur l’auto-dérision (services administratifs, organisation du campus …) tantôt sur l’opposition, notamment au travers du cliché des grèves étudiantes (Rennes 2 tenant le rôle de la « grèviste »).
L’émulation entre ces 2 universités, d’un même territoire (et bien plus : d’une même agglomération et donc dans un périmètre géographique in fine plutôt restreint), aux identités disciplinaires bien marquées et renforcées par leur histoire, peut être interprétée comme illustrant l’une des modalités de construction de l’identité d’une communauté étudiante d’un établissement. On touche ici du doigt la notion passionnante (et trop souvent galvaudée compte-tenu de sa complexité) du sentiment d’appartenance, appréhendée ici au travers d’une « confrontation-émulation » somme toute assez drôle. Plus généralement, il convient de se demander si ces « vannes » entre Rennes 1 et 2 ne sont pas par ailleurs constitutives de l’identité de l’étudiant rennais tout court : les émulations du niveau n sont ainsi structurantes du niveau n+1.
Une question pour finir : comment envisager à l’avenir ce type d’émulation entre établissements d’un même périmètre géographique, à l’heure des fusions d’établissements (sujet polémique à Rennes et ailleurs) et de la constitution de nouvelles identités ? Vont-elles désormais se renforcer entre composantes d’un même établissement (fusionné), ou se transposer entre établissements à une échelle géographique plus grande (un pays, un continent, le monde) ? Les deux réponses sont potentiellement constitutives de la génération d’une identité à l’échelle d’un établissement : l’une l’est « par émulation interne », l’autre l’est « par émulation externe » sans être antinomiques (c’est même plutôt complémentaire). Les compétitions organisées dans le cadre du sport-universitaire (organisées souvent de manière isomorphe avec les établissements) fourniraient, à ce titre, un excellent objet d’étude.
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