Soirées étudiantes : former et responsabiliser, ça marche !

Quand vous parlez de « vie étudiante », votre interlocuteur en vient très souvent à penser rapidement (doux euphémisme) à sa représentation festive : les fameuses soirées étudiantes.

Outre leur rôle dans la socialisation des étudiants (je sais que certains d’entre vous ont souri en lisant ça …), de nombreux acteurs pointent souvent les dérapages et débordements qu’elles occasionnent parfois. J’y ai moi même été confronté il y a quelques années (lorsque j’étais VP Etudiant) et je n’avais alors pu que mesurer la dimension dramatique de ce type d’évènements, autant que l’abattement et le désarroi des témoins et/ou organisateurs.

Si la responsabilité de ces derniers est souvent mise en cause, il faut cependant se souvenir qu’organiser un évènement étudiant (qu’il soit festif, culturel, sportif ou autre) n’est pas forcément une chose aisée à 20 ou 21 ans. En particulier dès lors qu’une vente d’alcool est prévue. Le cadre législatif existe bien et est redoutablement complexe : je connais bien peu de personnes, étudiants ou non, de tous âges, qui soient à même de le maitriser de manière satisfaisante…

Les étudiants ne sont donc pas des criminels : comment attendre d’un jeune de 20 ou 21 ans qu’il maitrise de lui même la règlementation ainsi que les « bonnes pratiques » afférentes à l’organisation d’évènements publics ?

Partant de ce constat, les acteurs grands-nancéiens de l’Enseignement Supérieur ont décidé voilà plusieurs années de prendre ce sujet en main. Deux solutions s’offraient alors à eux :

interdire et se masquer la réalité : en admettant que cette solution dégage les acteurs de leurs responsabilités (ce qui n’est pas si clair que ça), on sait bien qu’elle conduit surtout à faire entrer les évènements étudiants dans la sphère privée, loin de toute possibilité d’encadrement

accompagner et former : dans une optique éducative, il s’agit non pas de se substituer aux organisateurs, mais plutôt de les responsabiliser et de les former à la maitrise des outils règlementaires comme pratiques. Dans ce contexte, les partages d’expériences « entre pairs » ont largement fait leurs preuves

C’est heureusement la deuxième option que les acteurs ont choisi ensemble de mettre en oeuvre, et c’est heureux pour une agglomération étudiante comme Nancy qui est connue pour cela et se revendique comme telle.

Depuis 2009, l’Université (et ses services comme la Santé U, le Sport U, les Bureaux de la Vie Etudiante) et les établissements d’Enseignement Supérieur, les collectivités (villes et Grand Nancy) et leurs partenaires (notamment la MGEL, très impliquée en matière de prévention) travaillent en commun sur l’accompagnement et la formation des étudiants. Surtout, c’est l’adhésion des associations étudiantes à cette démarche qui est constitutive de son succès. Car les étudiants ne sont pas des criminels : ils sont les premiers à souhaiter pouvoir organiser des évènements dans un contexte « fun but secure« , dans un cadre de responsabilité et de confiance à leur égard.

C’est tout l’objet de la soirée de formation « Faites la fête » organisée conjointement par le Grand Nancy et son Conseil de la Vie Etudiante avec l’Université de Lorraine, qui se déroulera le mercredi 10 avril à 18h00. Ce sera également l’occasion de présenter la charte « Manifestations étudiantes responsables » commune au Grand Nancy et à l’Université de Lorraine.

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Alors bien sûr, on est jamais à l’abri d’un incident. Mais ce risque existe pour toute manifestation, qu’elle soit étudiante ou non, publique ou privée. Les pouvoirs publics font alors tout le nécessaire pour faire en sorte que tout se passe au mieux. Et ça marche, comme en témoignent les succès comme les galas étudiants (revenus sur les campus grâce à cette démarche, comme le gala Médecine et ses 1900 participants !) ou encore les 24h de Stan’ !

Le succès de cette approche repose sur un partenariat permanent entre :

– les organisateurs (souvent des associations)

– leur établissement d’origine et leurs services

– les collectivités (municipalités et Grand Nancy)

– des acteurs « périphériques » : forces de l’ordre, prévention (MGEL, ANPAA etc.)

Certains acteurs échappent néanmoins encore à cette démarche : les établissements nocturnes (bars, boîtes etc.). Si ces derniers sont tenus de respecter eux aussi la règlementation (rappelons qu’il est interdit par exemple de servir quelqu’un déjà en état manifeste d’ébriété) et la loi, il apparaît de plus en plus nécessaire de les faire adhérer à une démarche plus globale et intégrée, prenant par exemple en compte la question des transports, de la prévention etc.

En matière de transports, l’expérimentation de transports nocturnes à Nancy va également dans le bon sens. J’entends souvent « c’est pour que les étudiants aillent se bourrer la gueule ». Non, nul besoin de transports nocturnes pour ça … La problématique est bien celle de leur permettre de rentrer chez eux en toute sécurité. La MGEL prévoit par ailleurs de déployer une initiative de « chèques taxis » en partenariat avec les boîtes et bars afin de faciliter les retours de soirées, ce qui va aussi dans le bon sens.

Si la plupart des démarches de prévention se focalisent sur les individus (on ne connaît que trop bien les grandes campagnes de prévention), le parti pris à Nancy a finalement plutôt été d’axer les efforts non pas directement vers les participants mais vers les organisateurs, de travailler sur l’environnement et le cadre de la manifestation. On voit ainsi se développer des pratiques innovantes dans les galas étudiants, contribuant à « divertir » les étudiants de « la boisson » : massages, animations culturelles, repas gastronomiques etc.

Reste bien sûr la question du comportement individuel des participants et leur propre niveau de responsabilité …

A voir : le site http://faiteslafete.univ-lorraine.fr regroupe une boîte à outils et des bons conseils utiles pour les organisateurs d’évènements étudiants.

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4 Responses to Soirées étudiantes : former et responsabiliser, ça marche !

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