Transports d’étudiants

Comment se déplacent les étudiants ? Voilà une question complexe qui intéresse tout particulièrement les collectivités locales, chacune ayant une compétence relative aux mobilités.

Stanway

Au delà de l’adaptation globale de l’offre aux besoins et attentes de la population étudiante, la question des mobilités relève d’enjeux et de stratégies connexes et complexes, en particulier pour une population en phase de construction de son autonomie.

 

Le premier de ces enjeux est bien entendu le logement … La situation résidentielle de l’étudiant, proche ou éloignée de son lieu d’études, de vie sociale, ou d’activité professionnelle (incluons-y les stages, gardes etc.) est un élément logiquement déterminant des stratégies de mobilité mises en oeuvre par les étudiants. Aussi constate-t-on, au plan général, que les lieux de résidence des étudiants tendent à s’éloigner de leurs lieux d’études à mesure qu’ils progressent dans leurs cursus : ne serait-ce que parce qu’ils sont de plus en plus professionnalisants et parce que les temps de présence sur les campus décroissent avec le niveau d’études.

Extrait de l'enquête OVE de 2010

Extrait de l’enquête OVE de 2010. Parions que l’enquête 2013 révèlera une hausse de ces proportions.

Extrait de l'enquête 2010 de l'OVE

Extrait de l’enquête 2010 de l’OVE

Ces évolutions s’accompagnent donc de modifications dans les stratégies de mobilité des étudiants ; on touche du doigt, ici encore, la question du « temps étudiant » …

En 2008, l’agence d’urbanisme grand nancéienne (l’ADUAN) avait réalisé une enquête spécifique et riche sur les mobilités des étudiants.  On y trouve quelques informations intéressantes quant à ces stratégies, comme :

– l’impact de la situation des jeunes vis à vis de leur famille (incluant le « retour chez les parents le week-end », ce qui nous ramène à la problématique du lave-linge …). Rappelons tout d’abord que près de 33% des étudiants sont « cohabitants » (ils résident chez leurs parents) selon l’enquête 2010 de l’Observatoire de la Vie Etudiante. Au plan général, l’étude des mobilités étudiantes révèle aussi les modalités de prise d’autonomie de cette population.

Parents

Source : ADUAN

– le rôle joué par l’apprentissage antérieur des mobilités durant la période du collège et du lycée. On constate ainsi que les pratiques de mobilités des étudiants « ressemblent » à la configuration de l’offre qu’ils ont connue auparavant et dans laquelle ils ont effectué leur apprentissage

Impact de la taille de la commune d'origine sur les pratiques de mobilités

Impact de la taille de la commune d’origine sur les pratiques de mobilités – Source : ADUAN

les stratégies relatives à l’usage de la voiture, usage qui s’accroit au fur et à mesure de l’avancée dans les études. D’une part parce que les étudiants peuvent passer leur permis dès l’âge de 18 ans, mais aussi parce que la voiture reste perçue comme un élément « d’autonomie » (y compris en matière de stages et d’insertion professionnelle pour laquelle elle est souvent nécessaire). L’usage de la voiture reste cependant à différencier selon la taille de l’unité urbaine considérée, comme le révèle l’enquête de l’OVE

Extrait de l'enquête 2010 de l'OVE : répartition du mode principalement utilisé pour rejoindre son lieu d'études

Extrait de l’enquête 2010 de l’OVE : répartition du mode principalement utilisé pour rejoindre son lieu d’études

Influence de la taille de l'unité urbaine sur l'usage de la voiture et des transports en commun

Influence de la taille de l’unité urbaine sur l’usage de la voiture et des transports en commun

L'usage de la voiture s'accroit logiquement avec la progression dans les études.

Dans le Grand Nancy, l’usage de la voiture s’accroit logiquement avec la progression dans les études.

Plus généralement, la question des mobilités peut être abordée comme un élément d’une politique d’ouverture sociale de l’Enseignement Supérieur, participant à sa démocratisation. Outre la question récurrente du coût des transports, se pose naturellement celle des dessertes : les réseaux existants de mobilités sont-ils de nature (en particulier dans le monde rural) à favoriser l’accès des jeunes à l’Enseignement Supérieur ? Cette préoccupation rejoint la notion de maillage territorial de l’offre de formation du supérieur, mais dépasse la seule question de l’implantation d’une antenne universitaire (souvent de premier cycle) dans une petite ville.

La question des transports et des mobilités étudiantes est donc un élément majeur d’une politique locale de vie étudiante, en lien avec de nombreux sujets connexes. C’est d’ailleurs le seul sujet que le Conseil de la Vie Etudiante du Grand Nancy ait traité chaque année compte-tenu des demandes et attentes de la population.

Ainsi, trois sujets majeurs reviennent chaque année :

les dessertes : trajets, horaires … L’agglomération nancéienne venant par exemple de refondre intégralement son réseau de bus/tram, le CVE a été mobilité afin d’apporter le regard des étudiants sur la nouvelle offre. L’occasion aussi de lancer l’expérimentation de transports nocturnes

les tarifs : depuis 2009, l’offre tarifaire du réseau « Stan » inclue une tarification sociale pour les étudiants « boursiers » (du CROUS, des formations sanitaires et sociales, paramédicales, titulaires du FNAU, ainsi que les bourses Erasmus) en plus de la tarification « jeunes »

la communication et l’information : l’appropriation par les étudiants de l’offre de mobilité dans sa globalité plutôt qu’en silos suppose que l’information sur cette offre se fasse elle-même autrement qu’en silos. D’où le fait que les étudiants ont été associés à l’application G-Ny et à la création d’un « Guide Etudiant des Mobilités » intégrant toute l’offre : bus, tram, train, piéton, autopartage, vélos etc. Les étudiants internationaux sont par ailleurs très volontaires pour aider à la traduction des supports d’informations. L’enjeu informationnel est bien entendu particulièrement important dans une ville universitaire dont tous les étudiants ne sont originaire …

Pour la plupart des grandes villes, l’un des axes récurrents des politiques de transports consiste à développer des alternatives au « tout voiture » et d’apporter des solutions à l’un de ses problèmes connexes : le « stationnement ventouse » (ces véhicules qui restent en général stationné plusieurs jours sans bouger sur une même place et qui fini par diminuer la capacité globale de stationnement). Un phénomène dont on dit souvent que les étudiants sont en grande partie responsables (je n’ai cependant pas de chiffres susceptibles de confirmer ou d’infirmer cette idées). En contribuant à faciliter les mobilités étudiantes et leur apprentissage par les jeunes, les acteurs publics contribuent aussi à façonner les pratiques de la population dans les années à venir.

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2 Responses to Transports d’étudiants

  1. Pingback: Un « chèque taxi » pour les étudiants nancéiens | Le blog de Romain Pierronnet

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