A la recherche du « Sentiment d’appartenance » #2/2

Deuxième chronique consacrée à la notion de  « sentiment d’appartenance ». La première est toujours consultable ici.

Dans cette précédente chronique, je ne vous ai pas dit pourquoi ce sujet m’était récemment revenu en tête : je suis retombé, en rangeant mes fichiers informatiques, sur un diagramme que j’avais réalisé lorsque j’étais VP Etudiant de l’Université Henri Poincaré. Le voici ci-dessous.

Diagramme Sentiment d'Appartenance

 

J’avais à l’époque utilisé ce schéma pour synthétiser la manière dont je concevais cette notion, que je me représentait articulée autour de 4 enjeux :

l’animation des campus (posant du coup la question suivante : qu’est-ce que « faire campus ? »)

l’attractivité (mot d’ailleurs relevé comme « terme clé » dans les travaux relatifs aux discours dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche : voir cet article très intéressant d’Educpros au sujet du dernier numéro de la revue « Mots »)

les milieux professionnels liés aux cursus et à l’établissement. Les relations avec les « anciens », en lien avec l’attractivité de l’établissement et son « prestige », ont été étudiés par Hugues Draelants pour le cas des grandes écoles (voir par exemple ici)

la notion « d’étudiant acteur », par opposition au concept « d’usager » (terme du Code de l’Education) qui revêt une acceptation consumériste

J’avais réalisé ce schéma de manière complètement empirique, sans me préoccuper de l’éventuelle littérature touchant à ce sujet. Pour ce faire, je m’étais basé sur des rencontres, des échanges, des discussions avec des étudiants et des associations étudiantes. Dans cette représentation des choses, le « sentiment d’appartenance » est la résultante d’un ensemble d’éléments, projets, initiatives éventuellement mises en place par l’établissement.

Rétrospectivement, cette conceptualisation des choses revêt quelques avantages :

– elle évite « le tout communication », de nombreux commentateurs estimant un peu trop vite que le développement du sentiment d’appartenance n’est qu’affaire de communication. Si elle n’apparaît pas ici explicitement, elle se retrouve néanmoins dans chacune des 4 dimensions

– elle aborde la question de « l’appropriation » et place l’étudiant en situation active. Cette idée renvoie au constat que parmi les étudiants qui développent le plus une « conscience de l’établissement », figurent les élus étudiants. Et notamment ceux des conseils centraux. C’est également en partie vrai pour les responsables associatifs. Lorsque nous réunissions les associations étudiantes (une fois par semestre au minimum) pour échanger avec elles (en présence du Président), c’était aussi pour elles l’occasion de prendre conscience du périmètre de l’Université au delà de leur propre filière / composante.

Cette représentation n’est cependant pas exempte de quelques reproches :

– la notion de « campus » mérite une large discussion, nous ramenant d’ailleurs à la question des échelles : composante, site, campus, ville, établissement etc. C’est d’autant plus vrai si on pense aux antennes universitaires présentes dans les villes moyennes éloignées de leur « ville universitaire centre »

– la question de la « qualité de service » n’est pas abordée explicitement, alors que de nombreux étudiants témoignent de l’idée selon laquelle « on ne peut pas aimer une université qui s’occupait mal de nous ». Halte là : je ne dis pas que les universités s’occupent mal de leurs étudiants, mais il faut garder en tête qu’un étudiant attend néanmoins une certaine qualité de service public de la part de son établissement (bien que trop peu répondent en général aux enquêtes de satisfaction qu’elles mettent de plus en plus en place). Vous me répondrez, en partie avec raison, que les étudiants peuvent parfois avoir des attentes un peu trop « personnalisées » par rapport aux services que l’établissement peut lui rendre … Ce qui renvoie à la problématique de l’appropriation de son environnement par l’étudiant

la question de « l’appropriation des cursus » est un sujet de débat permanent en France, sans qu’il n’y paraisse pourtant … Encore récemment avec les débats relatifs aux assises de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur, la question de l’orientation subie ou choisie, les quotas de bacheliers pro ou techno, le rôle du diplôme et sa perception par les jeunes et les entreprises etc.

Au plan opérationnel, quelques initiatives sont identifiées pour contribuer au développement d’un sentiment d’appartenance :

– dans l’organisation des campus : au plan urbanistique, noms donnés à des salles de cours et à des bâtiments (plutôt que des numéros) … D’ailleurs, quel rapport peut-on faire entre la fin de la « République des facultés » et la tendance, depuis les années 90, des universités à prendre un nom de personnalité plutôt qu’un numéro ?

– dans l’appui à la vie associative : subventions aux associations, rencontres entre elles et la direction de l’établissement, UE libres « engagement étudiant » etc.

– dans la constitution de réseaux d’anciens, leur animation assurant par ailleurs un lien entre les étudiant actuels et les anciens diplômés désormais actifs

– dans l’émulation sportive entre clubs « de campus » ou « de composantes », le tout sous l’égide d’une association sportive de l’université organisant des évènements à l’échelle de l’établissement : tournois entre composantes, équipes pour les championnats académiques, nationaux, internationaux, remises de prix aux équipes en présence du Président etc. L’établissement doit d’ailleurs être vigilant quant au rattachement FFSU de ses équipes (j’ai le souvenir d’une équipe d’IUT déclarée « en dehors de l’Université », tant et si bien qu’elle était susceptible de concourir en championnat national contre une équipe de sa propre université …)

Pour finir, cet article est pour moi l’occasion de vous inviter à lire le mémoire de mon ami Flavien Noël (son compte twitter), étudiant en Master de « Communication Publique et Corporate » à Sciences Po Lille. Son mémoire, intitulé « Avènement et évolutions de la communication des universités françaises » n’est pas tout à fait étranger à ce dont nous venons de parler.

Ces deux chroniques sur le « sentiment d’appartenance » sont bien entendu sujettes à discussion autant que vous le souhaiterez.

This entry was posted in Education, Gouvernance, Politique, Recherche et Enseignement Supérieur, Vie Etudiante and tagged , , , , , , , , . Bookmark the permalink.

2 Responses to A la recherche du « Sentiment d’appartenance » #2/2

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *